Audrey Ismaël : « J’adore essayer de mettre la dimension intime d’un personnage en musique… »

Audrey Ismaël : « J’adore essayer de mettre la dimension intime d’un personnage en musique… »

12 juillet 2021
Cinéma
Audrey Ismaël
Audrey Ismaël DR

Passée par l’école de la chanson pop - avec une écriture sous inspiration anglaise et américaine, des Beatles à Fiona Apple -, la compositrice française Audrey Ismaël développe, depuis 2016, un univers musical instrumental sensible où la dimension émotionnelle et psychologique des personnages semble souvent servir de déclencheur. Audrey Ismaël participait, ce 11 juillet, à la Table Ronde SACEM - Métamorphose de la diffusion audiovisuelle : quelles conséquences pour la rémunération et les contrats des Auteurs ? Rencontre.


Par quelles étapes êtes-vous passé avant de devenir compositrice pour l’image ? Comment s’est faite votre éducation ?

J’ai un parcours assez atypique pour une compositrice de musique à l’image. Je viens plutôt du songwriting, de l’écriture de chansons… C’est cet intérêt pour le fait de raconter des histoires qui m’a donné envie de créer au service des réalisateurs, presque une histoire dans l’histoire : la musique du film. J’ai commencé par le chant et le piano très jeune, et de manière autodidacte avec quelques notions d’harmonie, et petit à petit, je me suis autorisée à composer des chansons… Puis des chansons pour des personnages de films. Des échos intimes aux personnages et à ce qu’ils ne nous révèlent pas consciemment à l’image.. Mon premier choc musicale, c’est un coffret intégrale des Beatles offert par mon père, coffret qu’il avait gagné à un pari sportif. Un doux hasard… Il y avait peu de musique dans mon éducation. 

Quelles sont vos aspirations lorsque vous composez un thème pour un film de cinéma, de TV ou une série ? Quels buts vous fixez-vous ?

Je commence en général par trouver l’instrumentarium du film. Les éléments qui vont composer sa texture sonore, la palette de couleurs musicales que je vais utiliser. C’est avec cette base et cet univers sonore que je commence à me plonger pour composer des mélodies, des thèmes. C’est une fois que je suis plongée dans ces textures que les mélodies viennent.


Pour Gueule d’Ange de Vanessa Filho par exemple, nous avons vraiment voulu que le personnage musique parle de la tragédie intérieure du personnage de la mère interprétée par Marion Cotillard, et en même temps de la pureté d’Elie. La direction musicale est souvent la voix intérieure du personnage principale. J’adore essayer de mettre cet intime en musique. 

Comment définissez-vous votre palette sonore, quels sont vos outils ? Vous avez aussi évolué au sein d'un groupe : en quoi ces pratiques sont-elles différentes ? 

J’aime énormément mêler des palettes de sons différentes pour arriver à quelque chose d’assez hybride. Mêler des claviers électroniques à des sons plus classiques et utiliser la voix comme texture. 

Au sein du groupe Smoking Smoking, nous étions deux, donc le travail était très différent. Surtout parce que  créer de la musique juste pour faire de la musique, et mettre en musique un texte ou des images, c’est très différent. C'est un cadre, presque une contrainte qui paradoxalement m’a offert une grande liberté. 
J’aime particulièrement composer des thèmes au piano et au violoncelle. Le violoncelle, parce que je crois que pour moi, c’est ce qui se rapproche le plus de la voix en terme d’émotion.

Pouvez-vous nous parler d’une collaboration entre musique et image particulièrement probante et heureuse ? 

J’adore le travail de Nicholas Britell, que je cite souvent car je trouve qu’il met toujours la musique à un endroit où elle révèle cet intime justement. Notamment son travail sur le film Moonlight de Barry Jenkins, où il traite la solitude du personnage principale dans son parcours et choisit un intrumentarium très classique, là où le decorum du film aurait pu inviter à une couleur musicale très différente, mais la musique parle de cet homme et de son parcours. Cela donne à la musique une place dans la narration qui accompagne le personnage et l’entoure comme pour lui dire : je te comprends. Cela m’avait beaucoup touché. 
 

Audrey Ismaël

FILMS
2018 : Gueule d’Ange, de Vanessa Filho
2018 : Chacun pour tous, de Vianney Lebasque
2016 : Blockbuster, de July Hygreck

COURTS METRAGES 
2020 : Zorey, de Swann Arlaud 
2019 : Partagé.e, de Julien Vallon
2018 : J’attends Jupiter, d’Agathe Riedenger 
2016 : Confession, de Julien Colonna

TELEVISION
2021 : Germinal, de David Hourrègue (Saison 1) 
2020 : Gloria, de Julien Colonna (Saison 1)
2018 : Les Grands, de Vianney Lebasque (Saison 3) 
2017 : Les Grands, de Vianney Lebasque (Saison 2)
2016 : Les Grands, de Vianney Lebasque (Saison 1)

ART CONTEMPORAIN 
2020 : Japon, Un Autre regard. Exposition Immersive à la Grande Halle de la Villette (Paris), conçue par Pierre Goismier.