Trois questions à Olivier Emery, coprésident de France VFX

Trois questions à Olivier Emery, coprésident de France VFX

24 mai 2023
Création numérique
Mathematic Film, membre de France VFX, a contribué aux effets visuels de « Asteroid City » de Wes Anderson Universal Pictures

Coprésident de l’association France VFX et président du studio Trimaran, Olivier Emery dresse un état des lieux du secteur en France et évoque les grands enjeux des années à venir, à l’heure où le pays est devenu une terre attractive pour les productions internationales à forts effets visuels.


Quel est le rôle de France VFX ?

Olivier Emery : L’association a été créée en 2018 dans le but de défendre les intérêts des studios français d’effets visuels. Elle s’est constituée à la faveur d’un voyage organisé par Film France [aujourd’hui Film France-CNC ndlr] à Los Angeles en 2017. Son objectif était de promouvoir les VFX français aux États-Unis. À l’époque, le marché redevenait dynamique après avoir subi une période de creux. Nous étions une dizaine d’entreprises de l’Hexagone à s’être déplacées. Nous avons lancé l’association à notre retour sous le nom de V2F. L'idée était de réfléchir collectivement sur nos métiers et nos pratiques pour devenir plus compétitifs, notamment sur le marché international. En 2020, la pandémie de Covid-19 a mis nos activités au repos forcé. Une période paradoxalement fructueuse pour notre association puisqu’elle a permis d’avancer sur des chantiers importants : la création du premier César des effets visuels et la mise en place du Crédit d’impôt international (C2i) avec un taux majoré de 40 % pour les productions à forts effets visuels. Nous nous sommes structurés et avons recruté une déléguée générale [Anne Pouliquen, remplacée depuis un an par Yann Marchet], et avons rejoint la Ficam comme membre associé. France VFX regroupe désormais 20 studios, ce qui représente environ 80-90 % de l’écosystème français des VFX.

Quel est l’état actuel du secteur des VFX en France ?

Le crédit d’impôt international (C2i) a attiré de nombreuses productions internationales à venir tourner et réaliser leurs effets visuels en France. Il a permis aux studios français de développer considérablement leur activité puisqu’aujourd’hui les taux de croissance oscillent entre 20 et 60 % en fonction des structures. Chaque tournage ou dépense en VFX en France d’une production internationale mobilise trois ou quatre studios, des plus importants ou plus petits. Un effet vertueux pour l’ensemble de l’écosystème français. La France possède une culture artistique et un savoir-faire mis en pratique par ses entreprises dès le début du computer graphics dans les années 1980. À cette époque déjà, le pays a accompagné le développement des nouvelles technologies grâce à ses centres de recherche et développement, et à un certain nombre de sociétés nées à cette période, devenues depuis les poids lourds du secteur : Mc Guff, Mikros Image… Nous avons une capacité à innover, à investir et à ne jamais se reposer sur nos acquis. Et les Américains l’ont bien compris. Leurs productions captent la grande majorité du travail de nos studios même si de plus en plus de productions françaises à effets visuels voient le jour.

Quels grands chantiers attendent France VFX dans les années à venir ?

La priorité est de pérenniser le crédit d’impôt international et son bonus de 10 % pour les effets visuels. Nous allons travailler en ce sens avec la Ficam et le CNC. Notre deuxième effort concernera la formation et le recrutement. Alors que justement, le volet « La Grande Fabrique de l’image » du plan France 2030 vient de dévoiler ses lauréats, parmi lesquels on compte de nombreux organismes de formation, notre troisième objectif portera sur la croissance : il s’agit désormais de doubler à nouveau les capacités de nos studios de manière à pouvoir accueillir les jeunes talents qui vont sortir de ces écoles. Aux États-Unis, les grands studios et plateformes sont armés d’une batterie de juristes, lesquels comparent les systèmes d’incentive [incitation ndlr] qui existent dans les différents pays. Il faut continuer à développer notre savoir-faire, consolider les investissements déjà réalisés, et tout faire pour permettre à notre modèle de perdurer.

CANNES 2023 : Les films FRANCE VFX 

Studio Digital District

Rapito de Marco Bellocchio – Sélection officielle (en compétition)
Omar la fraise de Elias Belkeddar – Sélection officielle (Séance de minuit)
Acide de Just Philipot - Sélection officielle (Séance de minuit)
L'amour et les forêts de Valérie Donzelli – Cannes Premiere
L'Abbé Pierre, une vie de combats de Frédéric Tellier – Sélection officielle (hors compétition)

Studio Mac Guff

Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy – Sélection officielle (en compétition)
Le Règne animal de Thomas Cailley – Un Certain Regard
Le Temps d’aimer de Katell Quillévéré – Cannes Première

MPC 

Anatomie d’une chute de Justine Triet – Sélection officielle (en compétition)
La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung – Sélection officielle (en compétition)
Le Règne animal de Thomas Cailley – Un Certain Regard

Autre Chose

Legua de Filipa Reis et Jao Miller – Quinzaine des cinéastes
Petit Jésus de Julien Rigoulot – Cannes Écrans Juniors

CGEV (Compagnie générale des effets visuels)

Jeanne Du Barry de Maïwenn – Sélection officielle (Ouverture)
Little Girl Blue de Mona Achache – Sélection officielle (Séance spéciale)
Rosalie de Stéphanie Di Giusto – Un Certain Regard
Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost – Cannes Première
Ama Gloria de Marie Amachoukeli – Semaine de la Critique (Ouverture)
Inshallah Walad de Amjad Al Rasheed – Semaine de la Critique

Mathematic Film

Asteroid City de Wes Anderson – Sélection officielle (en compétition)