Quinte & sens : un film musical qui sublime la Philharmonie de Paris

Quinte & sens : un film musical qui sublime la Philharmonie de Paris

25 février 2021
Séries et TV
Quinte er sens
"Quinte et sens" D.R
Sur des musiques de Stravinsky, Debussy et Messiaen, Quinte & sens : une symphonie pour les éléments montre les musiciens de l’Orchestre de Paris s’emparer de la Philharmonie d’une façon inédite. L’un des deux réalisateurs du film, Gordon, nous expose les enjeux de cette œuvre qui réinvente la notion de captation de concert.

Le projet Quinte & sens est parti d’une idée d’Eric Picard, premier violoncelle solo de l’Orchestre de Paris…

Oui, c’était après le premier confinement, à un moment où l’Orchestre était en demande de projets.

Eric Picard a eu cette idée, qu’il a proposée à Laurent Bayle, le patron de la Philharmonie : imaginer quelque chose autour des cinq éléments. Je dis bien cinq éléments, et non pas quatre, parce que selon Aristote, il y a un cinquième élément, la quinte-essence, qui nous dépasse et qu’on trouve dans l’univers, dans l’au-delà…

Laurent Bayle a demandé au producteur Jean-Stéphane Michaux de réfléchir à cette proposition et, avec François-René Martin (co-réalisateur du film – ndlr) nous avons pris ce projet complètement fou à bras le corps et proposé cette vision, autour du bâtiment et de la mise en scène de l’orchestre. Très vite s’est imposée l’idée qu’il fallait faire du playback. Il fallait s’affranchir des contraintes du micro, des partitions, etc. Nous avons disposé l’orchestre d’une manière inédite. Un chef le dirigeait via des écrans, qui ont ensuite été effacés en post-production.

On voit dans votre film les musiciens comme rarement, au plus près des visages…

Il fallait réussir à montrer la musique en train de se faire. Au fond, d’habitude, dans ce genre de films, on est toujours un peu loin de la musique. Là, on voulait que la musique soit incarnée. A cela s’ajoutait la frustration de n’avoir pas été ensemble pendant le confinement. On voulait profiter des musiciens, être au plus près d’eux.

La Philharmonie devient dans Quinte & sens un personnage à part entière…

C’est un bâtiment qui dégage une telle force graphique ! En raison de sa situation, entre le périphérique et le parc, mais aussi par sa puissance architecturale. Il s’est tout de suite imposé comme un personnage du film. Il y avait aussi la volonté plus politique de Laurent Bayle de dire que l’Orchestre de Paris n’était pas seulement là en résidence, mais qu’il est aussi l’orchestre de la Philharmonie de Paris. Il était temps de rapprocher l’orchestre du bâtiment.

Dans ce film, vous transformez les contraintes liées à la pandémie en atouts…

Nous travaillons beaucoup avec les orchestres et nous savons que c’est difficile d’avoir du temps avec eux. C’est parfois difficile aussi d’imposer des contraintes sur l’image. Le son prime toujours. Ce qui est bien normal, puisqu’on parle de musique ! On entend souvent dire qu’avec la musique, on n’a pas besoin d’image, qu’il suffit de fermer les yeux… Mais le confinement et l’envie partagée par tous les musiciens nous ont permis de changer les choses. Le film est vraiment porté par cet enthousiasme commun. Nous avons eu la chance de tourner en juin-juillet, les musiciens n’étaient pas masqués, alors qu’aujourd’hui la plupart des orchestres le sont quand ils jouent.


Il y a beaucoup de plans filmés au drone, comme si on était dans le point de vue de « L’oiseau de feu » de Stravinsky…

La façade de la Philharmonie est recouverte d’oiseaux. On est parti de l’idée qu’un oiseau de la façade s’envolait et entrait dans le bâtiment, intrigué par la musique. L’oiseau évolue autour des musiciens, puis parcourt toutes les salles, jusqu’au septième étage. Il devient une mouette ou un goéland pendant La Mer de Debussy, et c’est comme si la Philharmonie se transformait, devenait une sorte d’immense vaisseau sur la mer. Et à la fin du film, pendant Des canyons aux étoiles, l’ode à la nature d’Olivier Messiaen, il devient un oiseau interstellaire.

Quinte & sens : une symphonie pour les éléments

Un film de François-René Martin et Gordon
Coproduit par Camera Lucida, Arte France, Cité de la musique-Philharmonie de Paris, Orchestre de Paris, avec la participation de Unitel.
Ce film a été soutenu par le CNC.