Comment vous est venue l’idée de cette femme qui se livre–tel David contre Goliath- à un combat contre les entreprises au nom de l’environnement ?
On doit s’occuper de notre planète comme si c’était un bébé. Elle ne peut pas se défendre toute seule. Dans la société, on ne réussit rien si on n’a pas de but. Il n’y a pas de combat perdu d’avance. Faire ne serait-ce que des dommages matériels à une entreprise polluante comme celle contre laquelle elle se bat est déjà une victoire. Son plan complètement fantaisiste pourrait marcher si le collectif reprenait sa démarche.
Comment définiriez-vous votre héroïne?
C’est une armée à elle toute seule. Elle n’a rien à perdre. Elle n’a jamais eu l’enfant qu’elle rêvait d’avoir et elle se bat désormais pour les enfants du monde. Son combat pour l’environnement s’est mué en mission. Elle doit aller au bout. En un sens, c’est un sacrifice. Car en combattant le système, elle est devenue l’ennemie du système qui la combat à son tour. Plus fort.
De qui vous êtes-vous inspiré ?
Halldora Geirharosdottir, mon interprète, est un modèle pour moi. J’ai aussi beaucoup pensé à la déesse Artémis protectrice de la nature, souvent représentée en chasseresse. Un autre de mes modèles est Fifi Brindacier -de la série de romans pour enfants écrits par la suédoise Astrid Lindgren, un des premiers personnages de jeune fille forte. Enfin de véritables femmes politiques m’ont inspiré comme Rosa Luxembourg ou Berta Cáceres, militante écologiste hondurienne assassinée en 2016. En Islande, nous avons une histoire riche en femmes d’opinion depuis le temps des suffragettes. En 1920, Sigríður Tómasdóttir consacra sa vie à la défense d’une cascade. Elle menaça de se jeter dans la rivière en protestation, et marcha pieds nus jusqu’à Reykjavik plusieurs fois. Aujourd’hui, la cascade de Gullfoss est une des principales attractions touristiques d’Islande. Son portrait est gravé dans la pierre à côté de la cascade aujourd’hui. Néanmoins, les autorités ont cru bon d’ajouter que son combat déplaisait à sa famille et surtout à ses sœurs qui la trouvaient excentrique. Je ne pense pas qu’on ferait ça à un homme ! Woman at War est un hommage à toutes ces combattantes.
Pourquoi avoir traité ce sujet sur le ton de la comédie ?
C’est ma manière de raconter les histoires. Je dois m’amuser et amuser ceux qui m’écoutent. L’humour est une manière plus efficace de raconter un drame. Si on fait rire les gens, ils commencent à se relaxer et ainsi on aura davantage accès à leur cœur et on pourra leur délivrer un message important. Mais je ne peux pas dire que j’ai imaginé Woman at War comme une comédie.
Le Prix LUX, une récompense européenne
Remis depuis 2007, le Prix LUX récompense un film européen « illustrant la diversité des traditions européennes, mettant en lumière le processus d’intégration européenne et donnant un aperçu de la construction de l’Europe ». Ce prix est décerné par les députés du Parlement européen.
