Cinq choses à savoir sur « Que la bête meure »

Cinq choses à savoir sur « Que la bête meure »

02 septembre 2019
Cinéma
Que la bête meure de Claude Chabrol
Que la bête meure de Claude Chabrol Films de la Boëtie - Rizzoli Film - DR - TCD

À l’occasion des cinquante ans de la sortie du film (le 5 septembre 1969), retour en cinq points sur l’un des chefs-d’œuvre de Claude Chabrol.


Un polar anglais

À l’origine du film, on trouve un polar de Nicholas Blake, intitulé The beast must die, qui raconte comment un écrivain, dévasté par la mort de son fils écrasé par une voiture, va tout faire pour retrouver le chauffard et le tuer. L’homme en question s’avèrera un méprisable... À noter que Nicholas Blake est le pseudonyme de Cecil Day-Lewis, poète et romancier anglo-irlandais, traducteur de Virgile, commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique et, accessoirement, père du célèbre acteur Daniel Day-Lewis.

Jean Yanne enfin pris au sérieux

En 1969, Jean Yanne, ancien journaliste passé par la radio et la télévision où il faisait des sketchs pour les émissions de Jacques Martin, est un acteur occasionnel. Il a tenu ses premiers rôles importants dans Week-end de Jean-Luc Godard et Erotissimo de Gérard Pirès, mais il est surtout connu comme un pitre dont l’ironie mordante amuse la France des Trente Glorieuses. Avec le personnage de Paul Decourt, chauffard cynique doublé d’un tyran domestique, fini de rire : Yanne devient tragique. « À la 1ère image, j’écrabouille un petit garçon de 8 ans, donc ça supprime tout comique troupier, commentera-t-il. C’est un beau rôle parce que le type ne fait vraiment rien pour s’excuser et il n’y a rien dans l’histoire qui puisse l’excuser. » « Quand j’ai dit à Jean que c’était un rôle épouvantable, il m’a répondu qu’il n’y voyait pas d’abjection ! », s’amusera de son côté Chabrol.

La Bretagne, un personnage à part

De Que la bête meure, outre le jeu du chat et de la souris entre Jean Yanne et son chasseur Michel Duchaussoy, on se souvient du vent, des landes arides et des personnages aux traits de granites. Tourné sur la Presqu’île de Crozon, à Argol, et à Quimper, Que la bête meure doit son ambiance anxiogène aux conditions climatiques difficiles qui caractérisent le Finistère. « On a immédiatement pensé à transposer l’action du roman en Bretagne que Paul Gégauff (scénariste attitré de Chabrol pendant près de vingt ans) connaissait très bien », précisait le réalisateur à l’époque.

Des techniciens aguerris

Dans le générique technique du film, deux noms s’imposent : celui de Jacques Fansten et, surtout, celui de Claude Zidi. Le premier est l’assistant de Chabrol et deviendra célèbre tardivement en réalisant La Fracture du myocarde en 1990. Le deuxième est le futur réalisateur des comédies avec les Charlots, de L’Aile ou la Cuisse, des Sous-doués ou des Ripoux. Claude Zidi, directeur de la photographie de formation, est ici crédité comme cadreur. Il fut très sollicité dans les années 60 à ce poste et entama notamment une fructueuse collaboration avec Chabrol (neuf films au total), de Landru, en 1963, au Boucher, sorti début 1970, quelques mois après Que la bête meure et un an et demi avant Les Bidasses en folie, son premier film comme réalisateur.

Maurice Pialat en second rôle

Maurice Pialat (À nos amours, Sous le soleil de Satan, Van Gogh) tient le rôle du commissaire perspicace, à la fin du film, sur le point de confondre Michel Duchaussoy. À l’époque, il est inconnu du grand public. Réalisateur de plusieurs courts métrages au cours des années 60, il vient de signer son premier long, L’Enfance nue, sorti en janvier 1969, qui lui a valu le prix Jean Vigo. Chabrol est l’un des rares cinéastes qui a su déceler chez Pialat une présence proprement cinématographique. À deux ou trois exceptions près, Pialat ne fera cependant plus l’acteur que dans ses films, notamment dans À nos amours et Sous le soleil de Satan.