Le Château de Cagliostro (1979)
Le premier long-métrage d'Hayao Miyazaki n'était donc jamais sorti sur grand écran dans notre pays : sa première exploitation en France l'a été en vidéo, dans une version tronquée sortie en 1983 (avant d'être réédité en 1996, 2005 puis 2011). Il s'agit d'une adaptation du manga des années soixante, Lupin III, qui raconte les aventures du petit-fils d'Arsène Lupin, représenté sous les traits d'un cambrioleur charmant et décontracté vivant au Japon... Après la série télé (traduite en France sous le titre Edgar de la cambriole pour éviter les problèmes avec les ayants droits de Maurice Leblanc), la version cinéma d'Hayao Miyazaki est une véritable merveille qui contient déjà tout le cinéma de l'artiste : un film d'aventures incroyablement drôle, léger et aérien où on court après des rêves dans un château nocturne entre ciel et terre.
Nausicaä de la vallée du vent (1984)
Après la légèreté de Cagliostro, fini de rire : Nausicaä est un film de guerre post-apocalyptique où une femme tente de protéger sa vallée, à la fois d'un empire belliqueux et d'une mystérieuse forêt qui envahit le monde. Adaptant son propre manga publié de 1982 à 1984, Miyazaki livre sa première œuvre véritablement personnelle, un film de science-fiction aux visions titanesques et au propos écologique complexe et radical. Il s'agit aussi de la première collaboration entre le réalisateur et le compositeur Joe Hisaishi, qui mettra en musique tous les films suivants de Miyazaki. Nausicaä ne sortira en salles françaises qu'en 2006.
Le Château dans le ciel (1986)
Un ado mécano et une mystérieuse jeune fille partent à la découverte de Laputa, une cité flottante abandonnée qui détient un terrifiant secret... Le Château dans le ciel -qui ne sera vu en France sur grand écran qu'en 2003- est un film d'aventures quasiment entièrement aérien, qui tire son inspiration thématique et visuelle des Voyages de Gulliver et du Roi et l'oiseau de Paul Grimaud.
Mon voisin Totoro (1988)
A la campagne, deux petites filles se lient d'amitié avec un esprit de la forêt débonnaire et glouton... Après trois films adultes, parfois sombres et violents, Miyazaki décide de s'adresser au très jeune public -ce qui ne signifie pas pour autant s'abêtir. Bien au contraire. Récit magique et enchanté de l'acceptation du deuil, Mon voisin Totoro devient un véritable phénomène culturel au Japon, le film a des allures de classique instantané. C'est aussi un tournant industriel : la vente des produits dérivés permettra au studio Ghibli -qui prendra Totoro comme mascotte- de se maintenir à flot dans les années suivantes. Diffusé dans un festival de cinéma en France en 1992, il ne sortit officiellement en vidéo et sur grand écran qu'en 1999.
Kiki la petite sorcière (1989)
Une sorcière de treize ans part faire son apprentissage à la ville avec son chat noir et son balai, et se frotte au monde du travail. L'enfance de Totoro est terminée, et Kiki représente le passage à l'âge adulte. Un grand récit de passage, toujours aussi superbement aérien comme il se doit (les passages de vol à dos de balai, évidemment), qui fait passer un message intelligent sur l'effort et la générosité.
Porco Rosso (1992)
Premier film de Miyazaki à sortir en salles françaises en 1995 (soit trois ans après sa sortie japonaise), Porco Rosso se déroule chez les aviateurs de l'Adriatique des années 20, avec comme héros un homme-cochon mercenaire aérien... Mélancolique et crépusculaire, avec la montée du fascisme en arrière-plan, et sa séquence tragique où l'ancien amour du héros chante Le Temps des cerises, Porco Rosso est aussi l'histoire d'une héroïne typiquement miyazakienne (la mécano Fio) qui se construit seule par son talent et sa force. En France, Porco Rosso vend 167 793 billets sur seulement quinze copies, assorti d'un excellent accueil critique.
Princesse Mononoké (1997)
Dans le Japon ancien, un jeune guerrier maudit est plongé dans une guerre entre les esprits de la forêt et le monde des hommes. Incroyablement complexe et violent, Mononoké est une odyssée barbare qui nous fait plonger dans les profondeurs de la Terre (le film, le plus long de son auteur, ne possède aucune séquence aérienne). Comme pour Porco Rosso, Princesse Mononoké sort en France trois ans après le Japon. Et le film, distribué par Gaumont/Buena Vista rassemble presque 700 000 spectateurs en salles sur moins de cent copies. Impossible d'ignorer Miyazaki désormais.
Le Voyage de Chihiro (2001)
Enfin, la sortie d'un film de Miyazaki est presque synchro chez nous avec la sortie japonaise (juillet 2001 au Japon, avril 2002 en France). Plus gros succès de tous les temps au Japon, Le Voyage de Chihiro remporte également l'Oscar du Meilleur film d'animation. En France, il rassemble 1,4 million de spectateurs. Plus que Lilo & Stitch cette année-là mais moins que Peter Pan 2 : Retour au pays imaginaire (1,6 million d'entrées).
Le Château ambulant (2004)
Présenté au Festival de Venise de 2004 (Miyazaki est désormais un grand auteur dont chaque film est un événement), Le Château ambulant raconte l'histoire de Sophie, une jeune fille victime d'un sortilège qui se met au service d'un étrange sorcier... Le film sort en France en janvier 2005, distribué par Disney, mais ne rassemble que 1,3 million de spectateurs sur 393 copies (La Marche de l'Empereur, sorti la même année, vend 1,9 million de billets sur 408 copies).
Ponyo sur la falaise (2008)
Sorti en juillet 2008 au Japon, Ponyo sur la falaise sort en avril 2009 en France et fait environ le même score que Le Château ambulant (1,4 million d'entrées) mais sur 251 copies seulement. D'aspect plus enfantin, avec son graphisme très rond, Ponyo raconte avec une poésie affolante et spectaculaire l'amitié entre un petit garçon et une princesse-poisson au bord de la mer.
Le Vent se lève (2013)
780 000 entrées sur 216 copies : le dernier film de Miyazaki (plus gros carton cinéma de l'année 2013 au Japon) réalise proportionellement le moins bon score du cinéaste sur le sol français. Funèbre et complexe, onirique et très personnel, Le Vent se lève, présenté en compétition au Festival de Venise, raconte la vie rêvée de Jiro Horikoshi, créateur du chasseur japonais Zero qui allait combattre pendant la Guerre du Pacifique. Le cinéaste annonce qu'il s'agit de son dernier film et qu'il prend sa retraite. Mais il réalise ensuite le court métrage Boro la petite chenille, destiné à être seulement projeté dans les murs du musée Ghibli à Tokyo ; il annonce ensuite travailler sur un nouveau long-métrage, l'adaptation d'un roman de Genzaburo Yoshino publié en 1937 (inédit en français) qui raconte comment un orphelin de 15 ans apprend la vie grâce à son oncle. Le film ne sortira pas avant 2020.