Sensibiliser au 7e art, à l’écriture d’un scénario, à l’appréhension des codes du cinéma dès le plus jeune âge : c’est l’essence des dispositifs d’éducation au cinéma et aux images déployés sur le territoire et soutenus par le Centre national du cinéma et de l’image animée. L’histoire débute dans les années 1980 au moment où la France connaît une chute importante de la fréquentation cinématographique. Pouvoirs publics et professionnels du secteur, dont la Fédération Nationale des Cinémas Français (FNCF), donnent alors naissance en 1989 au premier programme national d’éducation au cinéma : Collège au cinéma. Plus de trente ans après, l’éducation aux images et au cinéma reste plus que d’actualité dans une société marquée par la multiplication des images et des écrans. Une politique qui vise à terme à toucher 100% des jeunes.
Tous les âges
Après une expérimentation menée dans une quarantaine de départements depuis 2014, « Ma Classe au cinéma » se déploie désormais sur l’ensemble du parcours scolaire pour proposer un accompagnement aux classes de maternelle. Maternelle au cinéma a ainsi rejoint en 2022 les trois programmes d’éducation artistique à l’œuvre sur le territoire français depuis plus de trente ans : École et cinéma (créé en 1994), Collège au cinéma (créé en 1989) et Lycéens et apprentis au cinéma (créé en 1998). Chaque année, ces dispositifs permettent à près de deux millions d’élèves et apprentis de découvrir le cinéma en salle et de mener un travail collectif autour du 7e art dans le cadre d’un projet de classe. Adapté à chaque niveau, « Ma Classe au cinéma » a pour objectif de donner envie aux jeunes de franchir les portes des salles obscures, mais aussi de les sensibiliser aux réalités des métiers du secteur grâce à des rencontres avec des professionnels. En fonction des régions, d’autres actions de médiation culturelle sont également proposées aux enseignants et aux élèves (immersions dans des festivals, ateliers d’écriture de scénarios ou de critiques…).
Pour chaque déclinaison du dispositif, les enseignants volontaires organisent leurs séances de travail autour de trois programmations (de courts et/ou de longs métrages). Pour les aider dans leur entreprise de vulgarisation, des ressources pédagogiques comme des fiches élèves et des livrets pour les enseignants, ou encore des vidéos (analyses de séquences de films et de thématiques, entretiens avec des cinéastes, décryptages et éclairages-métiers) sont mises à leur disposition sur le site du CNC, et, pour le programme École et cinéma, sur la plateforme Nanouk développée par l’association L'Archipel des lucioles. « Ma Classe au cinéma » est le fruit d’un partenariat entre le CNC, le ministère de la Culture, le ministère de l’Éducation nationale, le ministère de l’Agriculture – pour les lycées agricoles –, les collectivités territoriales, les salles de cinéma et les distributeurs.
Dans la même optique de toucher l’ensemble d’une classe d’âge, « L’Atelier cinéma », développé par le CNC, avec le concours de l’Éducation nationale, permet aux enseignants d’intégrer l’éducation aux images dans leurs cours au quotidien. Destiné aux niveaux CM1, CM2 et 6e, cet outil ludique et pédagogique donne des clés aux élèves pour appréhender les différentes étapes de la création d’un film. Un jeu décliné en application à télécharger gratuitement sur l’apple store et le google play store.
Tous les publics
Et si on discutait cinéma entre jeunes ? Afin de découvrir le 7e art et aiguiser son regard sur des sujets de société, le CNC a relancé le format des ciné-clubs dans les lycées et les collèges sur l’ensemble du territoire. La particularité : ces ateliers sont animés par des jeunes en service civique de la mission « Cinéma et citoyenneté » sur le temps périscolaire et extrascolaire. Âgés de 16 à 25 ans, ils sont formés par des structures comme les pôles régionaux d’éducation aux images grâce à des financements du CNC sur la partie cinéma, et par Unis-Cité et ses partenaires sur le volet citoyenneté.
Depuis 1999, les pôles régionaux d’éducation aux images, soutenus par le CNC, les Conseils régionaux et les DRAC – Directions Régionales des Affaires Culturelles – coordonnent et animent des actions d’éducation et de sensibilisation artistique, et un réseau de partenaires locaux.
Former les cinéphiles et les citoyens de demain, quel que soit le milieu d’origine, le dispositif « Les Enfants des Lumière(s) » en a aussi fait son crédo. Cette initiative en partenariat avec les académies de Paris, Versailles et Créteil poursuit son action depuis 2015 auprès des élèves scolarisés en zone d’éducation prioritaire. Elle offre à des classes d’écoles élémentaires, de collèges et de lycées la possibilité de découvrir les diverses facettes du cinéma, de l’écriture d’un scénario au montage d’un film en passant par sa réalisation. Pendant deux ans, les élèves prennent part à des ciné-débats, des master class et visitent des lieux emblématiques du 7e art, comme la Cinémathèque française ou le site de Bois d’Arcy, mémoire du cinéma français. Ils réalisent également un court métrage de leur choix, accompagnés par des professionnels rompus à l’exercice. Ces films et ces making-of sont visibles sur la chaîne Youtube du CNC.
Chaque année, les jeunes peuvent aussi développer leur cinéphilie et leur sens esthétique en se glissant dans la peau d’un juré de film. En parallèle de l’éducation à l’image dispensée dans leurs établissements, les lycéens des filières générale, professionnelle et technologique ont la possibilité de participer au Prix Jean Renoir des lycéens – qui offre à 1400 élèves l’occasion de récompenser un film parmi sept œuvres françaises et étrangères – et au César des lycéens – qui permet à plus de 2000 élèves de terminale de choisir leur lauréat parmi les films en compétition pour le César du meilleur film. Deux initiatives développées par le ministère de l’Éducation nationale et soutenues par le CNC. En 2023, Revoir Paris d'Alice Winocour a remporté les faveurs des lycéens pour le prix Renoir et La Nuit du 12 de Dominik Moll pour le César.
Tous les parcours de vie
Il n’y a pas qu’à l’école que l’on peut apprendre à penser le cinéma. Les dispositifs d’éducation aux images sortent (aussi) largement des sentiers scolaires ou périscolaires pour toucher un public plus large. C’est le cas du dispositif « Passeurs d’images » porté par l’association L'Archipel des lucioles qui coordonne déjà les programmes « Maternelle au cinéma », « École et cinéma » et « Collège au cinéma ». Lancé en 1991, initialement à destination des banlieues, ce projet d’initiation à l’art cinématographique s’ouvre depuis à l’ensemble des publics éloignés de la culture, avec une priorité donnée aux jeunes de moins de 25 ans. Ateliers de pratique artistique, projections de films (plein air et séances spéciales en salles), formations : il œuvre à réduire la fracture culturelle entre le cinéma et les publics de territoires prioritaires au titre de la politique de la ville ou situés en milieu rural. L’association supervise également le dispositif « Des cinés, la vie ! » en faveur des jeunes placés sous protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). Cette opération nationale d’éducation aux images et à la citoyenneté leur permet d’assister, à partir d’une sélection de douze courts métrages proposés chaque année par l’agence du court métrage, à des projections-débats, des ateliers et des rencontres avec des professionnels, puis de voter pour leur film préféré et de fabriquer le trophée « Des cinés, la vie ! » donné au réalisateur lauréat.
Et comme rien ne sert d’attendre pour se frotter au monde exigeant des séries, le défi national « Écris ta série ! » permet aux jeunes de 15 à 18 ans, scolarisés ou non, mais aussi depuis l’année 2022 aux collégiens de 3e et 4e de se lancer dans une formidable aventure : écrire leur propre série. Les participants doivent livrer une bible de série en petits groupes de 3 à 8 personnes (ou plus en temps scolaire). Le format, le sujet et le thème du projet sont libres et les jeunes scénaristes sont accompagnés par des professionnels aguerris, à l’image du réalisateur François Descraques, ou du comédien Axel Auriant, les parrains respectifs des éditions 2022 et 2023. De quoi développer le goût de la créativité, et susciter de nouvelles vocations.
en quelques chiffres
L’éducation aux images et au cinéma c’est :
- 1.9 million d’élèves ayant bénéficié chaque année du dispositif « Ma Classe au cinéma », tous programmes confondus, soit environ 15 % des élèves français
- 280 bibles de séries écrites par des jeunes de 15 à 18 ans, rendues au CNC pour la deuxième édition du défi « Écris ta série ! » en temps et hors temps scolaire. La mission s’est déployée via des structures partenaires dans 75 départements
- 31 000 kits de l’outil pédagogique « L’Atelier cinéma » distribués à travers le territoire
- 516 « ciné-clubs » animés par 750 jeunes de la mission de service civique « Cinéma et citoyenneté » dans 14 régions
- 10 classes participantes au programme « Les Enfants des Lumière (s) » chaque année
- 190 services de la PJJ et 800 jeunes concernés par le dispositif « Des cinés, la vie ! »