Décédé le 18 janvier 2023 à l'âge de 92 ans, Paul Vecchiali laisse derrière lui l'image d'un cinéaste à la fois particulièrement prolifique (plus de cinquante films réalisés, pour le cinéma et pour la télévision), et extrêmement libre. C'était « le cinéaste d’une farouche indépendance », « un contre-modèle arty et populaire pour la jeune génération », écrivait de lui Libération en février 2015, lors de la sortie conjointe de Nuits blanches sur la jetée et d'une réédition de quatre de ses plus importantes œuvres des années 70 (L'Étrangleur, Femmes Femmes, Change pas de main et Corps à cœur). Né le 28 avril 1930 en Corse, élevé à Toulon, Paul Vecchiali se forme au cinéma avec la lecture passionnée des Cahiers du cinéma (son « seul contact avec le monde extérieur » dans sa jeunesse, d'après lui), et se tourne vers la critique après ses études à l'École polytechnique. C'est grâce à Jean Eustache, rencontré dans son cinéma favori, le Studio Parnasse (où il nouera également une solide amitié avec Jacques Demy), qu'il écrira dans les Cahiers.
Il tourne son premier long métrage en 1961, Les Petits drames, avec son idole Danielle Darrieux, mais le négatif de ce premier film se perd dans un incendie. Il produira ensuite les premières œuvres de Jean Eustache, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) de Chantal Akerman, et fondera l'année suivante sa propre société de production (Diagonale) tout en tournant beaucoup pour la télévision – ce qui lui permettait de financer ses films plus personnels. « J’ai tout fait : TF1, France 2, France 3, la Sept… On est venu me chercher parce que les gens savaient que je travaillais vite, et moi j’avais besoin de gagner de l’argent parce que je ne me payais quasiment pas sur les films produits par Diagonale. L’argent qui rentrait retournait toujours au cinéma », expliquait Vecchiali à Libération. « Cela m’a rapporté un argent pas possible, que j’ai pu mettre de côté pour faire mes films, car j’ai presque toujours financé mes films par moi-même. »
« Dès ses premières œuvres (...), il montre une originalité qui le marginalise quelque peu », écrivait de lui Jean-Loup Passek dans son Dictionnaire du cinéma en 1995. « En effet, sa manière d'aborder les sujets, le traitement technique et esthétique de ses films, son travail sur les acteurs, l'influence bressonienne et hitchcockienne qui se mêle à une nostalgie avouée du cinéma français des années 30 le maintiennent à mi-chemin de l'« ex » Nouvelle Vague et du cinéma plus commercial. » Paul Vecchiali est parvenu à traiter, en plus de cinquante ans de carrière, presque tous les sujets et tous les genres, de la comédie romanesque au fantastique dans toutes ses nuances (onirique, quotidien...), voire le polar mêlé de pornographie avec le très original Change pas de main (1975). Il ne cessera jamais de tourner. De 2004 à 2022, il tourne presque un film par an, avec parfois de grands noms (Catherine Deneuve, Mathieu Amalric...). Son dernier long métrage Pas... de quartier est sorti en avril 2022. Peu de temps avant sa mort, il avait achevé un dernier court métrage intitulé Pas de langue.
En 2016, Paul Vecchiali avait reçu le Prix Jean Vigo d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.
Les films L’Étrangleur ; La Machine ; En haut des marches ; Rosa la Rose, fille publique ; Once More ; Wonder Boy de sueur et de sang ; C’est l’amour et Le Cancre ont bénéficié de l’Avance sur recettes.
Par ailleurs, L’Étrangleur ; En haut des marches ; Rosa la Rose, fille publique, Once More ; Wonder Boy de sueur et de sang, ainsi que quatre autres œuvres de Paul Vecchiali, Femmes Femmes ; Corps à cœur ; Trous de Mémoire et Le Café des Jules, ont été soutenues à l’aide à la numérisation et à la restauration des œuvres de patrimoine du CNC.