Le 31 juillet sort en salles Comme des Bêtes 2, le neuvième film d’Illumination Mac Guff. Plus précisément le huitième car à l’époque de Moi, Moche et Méchant (2010), qui a marqué la naissance de cette collaboration franco-américaine inédite, les Français de Mac Guff n’étaient alors que de simples animateurs prestataires ; dénichés en 2007 par Chris Meledandri, le patron d’Illumination, un nouveau studio d’animation adossé à Universal, amené à devenir l’autre pointure d’un secteur dominé par Pixar/Disney, Dreamworks Animation et Blue Sky/Fox.
Pour Meledandri, qui avait auparavant dirigé le département Animation de la Fox (avec, à la clé, le succès de la saga L’Âge de glace), l’idée de choisir Mac Guff était simple : le coût un peu moindre de la main d’œuvre -hautement qualifiée- et l’incitatif crédit d’impôt -s’appliquant aux œuvres d’initiative étrangère dont la fabrication se passe pour l’essentiel en France. Deux facteurs qui permettaient de réaliser des films ambitieux moins chers que la concurrence.
Un an après la sortie et le succès de Moi, Moche et Méchant, en 2011, Chris Meledandri et Jacques Bled, patron de Mac Guff, scellèrent leur pacte en créant Illumination Mac Guff, avec la bénédiction d’Universal, le distributeur mondial des films du studio. Un nouvel acteur fort de l’animation basé en France, à Paris, qui fait aujourd’hui travailler 900 personnes, contre 100 avant la fusion.
Petit studio deviendra grand
Que de chemin parcouru pour Mac Guff Ligne (le “Ligne” a été enlevé plus tard) ! Créé en 1986 par cinq associés, dont Jacques Bled, le studio français se spécialise dans les effets visuels en signant des pubs, des clips, des génériques... Pionnier français de l’animation 3D, Mac Guff Ligne peut se targuer d’être à l’origine de La Vie des bêtes, la première série au monde intégralement en images de synthèse diffusée en 1988 sur Canal+, MTV (Grande-Bretagne) et NHK (Japon), partenaires du projet. Le savoir-faire grandissant de Mac Guff Ligne l’amène à travailler dans les années 90 auprès d’une nouvelle génération de cinéastes biberonnée aux films de genre américains. Gaspar Noé, Jan Kounen, Olivier Dahan et Mathieu Kassovitz se félicitent encore du travail opéré par le studio français, qui devient le spécialiste européen des effets spéciaux numériques.
Puis, en 2006, c’est le grand saut. Mac Guff Ligne réalise entièrement l’animation 3D d’Azur et Asmar de Michel Ocelot. C’est surtout grâce à cet achèvement qu’il tape dans l’œil de Chris Meledandri qui décèle le potentiel créatif du studio français. Mais pas seulement.
L’atout Pierre Coffin
Avec son air d’éternel jeune homme, Pierre Coffin, 52 ans, a le profil-type du geek devenu un maître dans un domaine -le numérique- où tout est toujours à défricher. Devenu directeur d’animation très jeune, il commet son premier fait d’armes important en 2004 pour Mac Guff Ligne avec la série Pat et Stanley –ou les mésaventures burlesques d’un hippopotame et d’un chien.
En s’engageant avec le studio français en 2007, Chris Meledandri sait pertinemment qu’il met en même temps la main sur le petit génie-maison, pas forcément pressé de se faire enrôler... « Je trouvais que le concept apporté par Meledandri ne marchait pas et lui pensait que je le faisais mariner pour être augmenté », se souvient Pierre Coffin en souriant. Malin, le patron d’Illumination lui confie aussitôt (ainsi qu’à l’américain Chris Renaud) les rênes de sa première production, Moi, Moche et Méchant. Son apport est considérable puisque Coffin est officieusement le papa des Minions à qui il prête sa voix et dont il a l’art de mettre en valeur les pitreries.
C’est également lui qui est à la manœuvre derrière les deux plus gros succès d’Illumination Mac Guff : Les Minions (1,2 milliard de dollars de recettes monde) et Moi, Moche et Méchant 3 (1 milliard de dollars).
En moins de dix ans, Illumination Mac Guff a non seulement rattrapé son retard sur la concurrence mais s’est imposé comme le seul rival de l’attelage Pixar-Disney en proposant des films techniquement irréprochables et de plus en plus ambitieux sur le fond. En marge de l’univers loufoque de “Moi, Moche et Méchant/Minions”, Tous en scène et la franchise Comme des Bêtes apparaissent comme de véritables récits d’apprentissage, complexes et inspirants, qui font aujourd’hui d’Illumination Mac Guff une véritable marque d’appel et un synonyme de qualité.
Comme des bêtes 2, qui sort le 31 juillet, a bénéficié du crédit d’impôt international.