A l'orée des années 1910 le cinéma devient un spectacle attirantde des foules de plus en plus importante s'imposant comme le sortie familiale par excellence ou encore pour les plus jeunes un lieu où retrouver ses amis. Pour accueillir ces nouveaux publics se développent des « écrins spécialement créés pour lui » : les salles de cinéma. L’exposition s’attache à retranscrire ces évolutions sociologiques et économiques qui ne sont pas sans impacter la dimension artistique, loin de là.
Pour en rendre compte, de nombreuses archives, des documents rares, objets variés et films restaurés, le tout issu de fonds locaux et de plusieurs institutions patrimoniales (Cinémathèque française, BNF, musée Gaumont, etc…). Sur cette période, est également scrutée l’évolution des séances elles-mêmes : d’abord formes « hybrides » mêlant images fixes, animés, intermèdes musicaux, spectacles vivants, avant de se fixer en projections avec musique d’accompagnement.
Cette exposition témoigne aussi des stratégies déployées par différents acteurs des mondes politiques, artistiques ou financiers pour tirer profit de l'engouement pour ce nouveau médium. De la presse qui publiait des épisodes de serials en simultané avec leurs projections en salle, aux artistes, peintres, poètes, écrivains, se pressant de collaborer à des films, en passant par les banquiers, politiques et industriels captant très vite la manière dont le septième art pouvait servir leurs intérêts.
Parallèlement à la vision nationale, l’exposition s'intéresse à l’implantation des cinémas à l’échelle départementale en retraçant la première projection à Bordeaux le 29 février 1896 ou le parcours de Max Linder, première star du cinéma français et originaire de Saint-Loubès.
Pendant toute la durée de l’exposition, les Archives de la Gironde et ses partenaires organiseront des conférences et rencontres chaque samedi, ainsi que des projections de films d’époque le dimanche. Les visiteurs auront ainsi l’occasion de découvrir un programme de films de Germaine Dulac et Musidora, une série de courts métrages et feuilletons de Louis Feuillade, J’accuse (1919) d’Abel Gance et un ciné-concert du Coupable (1917) d’André Antoine. Quant aux curieux d’érudition, ils pourront aller écouter une table ronde sur la sérialité à l’écran « des films à épisodes et des cinéromans des années 1910 aux séries TV actuelles », des conférences autour de Louis Delluc, Max Linder ou bien encore le cinéma d’expédition.