Personne ne s’aimera jamais comme on s’aime de Laure Bourdon Zarader (2018)
Titulaire d’un premier master aux Beaux-Arts de Berlin puis d’un deuxième en scénario et réalisation à la Sorbonne, Laure Bourdon Zarader commence comme lectrice de scénarios pour différentes sociétés de production avant, très vite, de s’imposer comme réalisatrice de courts métrages (Miedosos en 2012 et Dolça en 2014). Dans la foulée, elle intègre le département séries TV de la Femis. Une fois son diplôme en poche, elle se consacre à l’écriture de séries (Profilage…) sans pour autant cesser de développer ses propres projets derrière la caméra avec deux nouveaux courts métrages qui partagent un thème commun : l’amour. L’amour entre deux adultes à travers un audacieux parallèle avec le monde animal dans La Vie sauvage en 2017. Et l’amour fou entre deux enfants de 10 ans dans Personne ne s’aimera jamais comme on s’aime, présent dans ce programme Jeunes et courts !. Le film raconte la romance entre Pauline et Noham qui, malgré leur tout jeune âge, ne pensent pas pouvoir passer le reste de leurs vies l’un sans l’autre. Quand la mère de Pauline lui annonce un déménagement à Paris, la petite fille se rebelle pour tenter de rester vivre avec son « amoureux » dans leur ville natale. La réalisatrice est déjà aux commandes de son premier long métrage, en écriture.
Shirley Temple d’Audrey Nantel-Gagnon (2018)
Ce film de fin d’études québécois a déjà fait un tour du monde des festivals, de Namur (où il a été primé) à Palm Springs en passant par Sheffield. Il s’agit d’un court métrage documentaire racontant, le temps d’une soirée, le passage de l’enfance à l’âge adulte pour deux amies complices, Amaryllis et Margot. Ce film est né dans l’urgence : étudiante en réalisation à l’Université du Québec, Audrey Nantel-Gagnon avait en effet prévu de valider son diplôme avec un court métrage centré sur une personne âgée. Mais lorsque celle qu’elle devait filmer se blesse à la hanche, son sujet tombe à l’eau. L’apprentie cinéaste a peu de temps pour trouver un projet de remplacement et elle se tourne alors vers Amaryllis et Margot, deux amies qu’elle connaît pour avoir déjà travaillé avec elles sur un projet documentaire. Les activités quotidiennes de ses deux héroïnes vont l’inspirer pour écrire le scénario de ce court documentaire tourné avec une équipe entièrement féminine pour offrir le plus grand confort possible aux deux adolescentes. Le « Shirley Temple » qui donne son titre au film n’est pas un clin d’œil à la comédienne, mais à un cocktail qui existe en version soft ou alcoolisée. Parfait symbole du passage de l’enfance à l’âge adulte.
La Pureté de l’enfance de Zviane (2017)
De son vrai nom Sylvie Anne-Ménard, Zviane est une auteure de BD québécoise méconnue en France mais qui collectionne les prix dans son pays, depuis sa première œuvre Les Constats de la vie que l’on constate en 2004. Avec La Pureté de l’enfance, elle ajoute une nouvelle corde à son arc en signant son tout premier court métrage d’animation dont le point de départ ressemble à celui du récent Play d’Anthony Marciano : l’écoute d’une cassette audio retrouvée par hasard va projeter l’héroïne dans son enfance, et lui faire retrouver la vision du monde qu’elle avait à cet âge-là. Avec un style ludique et beaucoup de second degré, le film est une récréation parfaite de l’imaginaire propre aux enfants. Il bénéficie en outre du travail de l’animatrice Janet Perlman, nommée aux Oscars en 1982 pour sa relecture singulière de Cendrillon… avec des pingouins dans The Tender tale of Cinderella Penguin.
Le Skate moderne d’Antoine Besse (2014)
C’est un regard singulier sur le monde des skaters que propose Antoine Besse avec Le Skate moderne. Loin des univers de béton des grandes villes où on les voit généralement s’exercer, le cinéaste les filme ici en milieu rural où le skate s’est aussi fait une place au point de devenir une raison de vivre. Certains jeunes, comme la bande de Dordogne, trompent leur ennui en « ridant » et en s’inspirant des cultures citadines. Pendant six minutes, accompagnées par la musique de Gabriel Fauré, Antoine Besse alterne des plans de skaters façon clip et des témoignages (un peu à la manière de La Vie moderne de Depardon) des fermiers du coin. Un trait d’union entre deux générations qui met à mal les clichés sur la vie paysanne.
Fauve de Jérémy Comte (2018)
Le Québécois Jérémy Comte partage avec Antoine Besse une passion pour le skateboard, au centre de son premier court métrage Feel the Hill, tourné à l’âge de 18 ans, comme un aboutissement des deux activités qu’il pratiquait alors intensément depuis 7 ans (le skate et la vidéo). Ce projet avait fait le tour des festivals et concrétisé son désir de cinéma. Fauve est donc le cinquième court métrage de Jérémy Comte. Cette histoire de deux garçons s’enfonçant dans un jeu de pouvoir malsain sur le site d’une mine à ciel ouvert, lui a été inspiré par un cauchemar d’enfance où il s’imaginait s’enfoncer dans les sables mouvants des carrières à côté desquelles il passait chaque jour en bus pour aller à l’école. Cette image lui a donné envie d’explorer la vulnérabilité de l’enfance à travers deux gamins que tout oppose, à commencer par les classes sociales de leurs parents. Le film a reçu une nomination à l’Oscar du court métrage en 2019.
Raymonde ou l’évasion verticale de Sarah Van den Boom (2018)
Diplômée de l’Ecole des arts graphiques Penninghen et de L’Ecole des Arts Décoratifs à Paris, Sarah Van den Boom signe avec Raymonde ou l’évasion verticale son quatrième court métrage qui lui a valu en 2019 sa toute première nomination au César du court métrage d’animation. Inspiré par une arrière-grand-mère fantasque et rebelle dont sa famille lui avait énormément parlé durant son enfance, le film raconte l’histoire d’une vieille chouette menant une vie solitaire dans une ferme loin de tout et qui aspire à la liberté, au sexe et à l’amour. Son héroïne est doublée par Yolande Moreau et ce n’est sans doute pas un hasard, vu les nombreux points communs que cette Raymonde possède avec la peintre Séraphine Louis que la comédienne avait incarnée à l’écran…
Jeunes et courts ! sort en salles ce mercredi 29 janvier 2020. Les courts métrages Personne ne s’aimera jamais comme on s’aime de Laure Bourdon Zarader et Le Skate moderne d'Antoine Besse ont reçu l’aide après réalisation de court métrage et Raymonde, ou l’évasion verticale de Sarah Van den Boom a reçu l’aide au programme de court métrage du CNC.