ELEMENT OF CRIME (1984)
Tout commence au Festival de Cannes 84 avec un Grand Prix Technique pour cet Element of crime signé d’un cinéaste danois de seulement 28 ans : Lars von Trier. La particule a été rajoutée en hommage à Erich von Stroheim. C’est un fait, Trier est aussi doué que fantasque. Son film est un thriller tortueux autour d’un détective anglais qui tente par l’hypnose de revenir sur les traces d’une enquête passée. Chaque personnage est ici prisonnier de ses pulsions et tente de se débattre dans un monde violent et sans perspective. Element of crime marque le début d’une trilogie baptisée « Europe » qui comprend: Epidemic (1987) et Europa (1991) pour lequel il obtient un deuxième Grand Prix Technique cannois, ainsi que le Prix du jury.
BREAKING THE WAVES (1996)
Avec Breaking the Waves, Lars von Trier séduit la critique et le public. Ce film déchirant situé dans le Nord de l’Ecosse, raconte la passion qui unit une jeune femme (Emily Watson) à son mari paralysé suite à un accident (Stellan Skarsgard). Ne pouvant plus avoir de rapports sexuels, ce dernier demande à sa femme de s’offrir à d’autres hommes. Ce pacte pervers en forme de quête sacrificielle permet au cinéaste danois de sonder les tréfonds de l’âme humaine pour en révéler sa part infernale. Breaking the Waves, récompensé du Grand Prix du jury à Cannes et du César du meilleur film étranger, ouvre la trilogie Cœur d’or composé également des idiots (1998) et de Dancer in the Dark (2000).
DANCER IN THE DARK (2000)
Coup double au Festival de Cannes : une Palme d’or et un prix d’Interprétation féminine pour Björk. Si la chanteuse islandaise va chercher son prix, elle jure que sa carrière d’actrice de cinéma s’arrête là. Elle est en effet sortie usée du tournage et du « sadisme » supposé de Lars von Trier. Dancer in the Dark est une comédie musicale qui se déroule dans l’Amérique des sixties. Björk incarne une jeune mère de famille atteinte d’une maladie des yeux qui la condamne peu à peu à la cécité. Pour éviter à son fils le même sort, elle travaille sans relâche à l’usine afin de réunir l’argent de l’opération. Si les séquences chantées désamorcent la violence de la situation, la spirale tragique que von Trier met peu à peu en place, laisse toutefois peu d’espoir. Au côté de Björk, Catherine Deneuve est impériale.
DOGVILLE (2003)
Lars von Trier qui a fondé avec d’autres cinéastes danois, le Dogme95 - série de règles à respecter pour s’affranchir des normes de l’industrie cinématographique -, va ici pousser ses expérimentations dans leurs retranchements. L’action du film se déroule dans un décor minimaliste, proche d’une scène théâtrale. Nicole Kidman incarne une femme traquée dans l’Amérique des années 30 trouvant refuge dans une petite ville des montagnes Rocheuses. Les habitants ne vont pas tarder à abuser d’elle. La radicalité du procédé et du propos, freinera le cinéaste dans sa volonté de boucler sa nouvelle trilogie, USA, Land of Opportunities. Dogville aura toutefois une suite, baptisée Manderlay, en 2005.
MELANCHOLIA (2011)
La fin du monde approche. La planète Melancholia ne va pas tarder à percuter la Terre. En attendant, Justine (Kirsten Dunst) se marie dans la somptueuse demeure de sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg). Mais les relations houleuses entre les membres de la famille font sombrer cette réception dans le chaos. Un chaos qui préfigure l’anéantissement programmé de l’espèce humaine avec l’arrivée de la planète. Ce film d’une beauté dévastatrice a été malheureusement entaché par des provocations de Lars von Trier lors de la conférence de presse cannoise où le film, à défaut de la Palme d’or qui lui semblait promise, verra son actrice principale, Kirsten Dunst, récompensée d’un Prix d’interprétation.
THE HOUSE THAT JACK BUILT (2018)
Avant sa projection cannoise où il était présenté hors compétition, ce film autour de l’itinéraire d’un tueur en série dans l’Amérique des années 70 et 80, était annoncé comme insoutenable. Une réputation mensongère, car s’il est bien traversé par des excès de violence, rien de particulièrement traumatique pour un spectateur de 2018. The House That Jack Built qui signe le grand retour de Matt Dillon au premier plan, est une odyssée mélancolique et désespérée. Elle réunit tous les thèmes du cinéaste : sacrifice, masochisme, mélancolie…
The House That Jack Built a bénéficié de l’aide sélective à la distribution (aide au programme 2018) du CNC ainsi que de l'aide sélective CVS Création Visuelle et Sonore.