Un film sur cinq est une adaptation. D’après une étude statistique réalisée par Livres Hebdo en mai 2018, sur 731 films sortis en salles en France durant une année, près de 20% étaient des adaptations. Cela confirme ce que révélait en 2014 l’étude sommative réalisée par la Société civile des éditeurs de langue française (SCELF).
Dans le détail, il est intéressant de voir que le duo littérature et septième art fait souvent des succès. Le public se dirige plus volontiers vers quelque chose qu’il connaît. En effet, parmi les 77 plus gros succès au box-office de 2018 (à plus de 500 000 entrées), la part des adaptations est plus forte et atteint 33%. En tête de liste, on trouve les adaptations de comic books (Avengers : Infinity War, Black Panther, Aquaman), de littérature jeunesse (Les Animaux fantastiques), de bandes dessinées (Astérix : Le secret de la potion magique) mais aussi des best-sellers (Le labyrinthe : le remède mortel, Cinquante nuances plus claires, Ready Player One).
L’explosion de la bande dessinée
Une nouvelle tendance se dégage nettement : celle des adaptations de bandes dessinées, romans graphiques ou comic books. Leur part a doublé en dix ans passant de 8 à 16%. Ceci s’explique par le fait que la génération nourrie aux classiques de la BD (Astérix, Valérian) ou aux comic books (Marvel, DC Comics) est aujourd’hui en âge de créer. Pour eux, la BD est un genre littéraire à part entière et son aspect graphique rend son adaptation immédiatement appréhendable par les décideurs. Le marché ne se contente pas d’adapter les titres les plus connus : Zombillénium ou Les vieux fourneaux ont, certes, été des titres bien reçus mais leur adaptation cinématographique a accru leur notoriété.
Pas que des best-sellers
Les romans restent la principale source de scénarii. Parmi les romans adaptés, on notera que l’industrie cinématographique ne se contente pas d’aller chercher les best-sellers ou les œuvres récompensées par des prix. Pour un Prix Goncourt adapté (Au revoir là-haut de Pierre Lemaître), il y a quantité de romans qui trouvent preneur, parfois même avant parution. Bien sûr, les droits d’adaptation varient de l’un à l’autre. En moyenne, le montant se situe entre 45 000 et 200 000 euros. Aux Etats-Unis, l’adaptation d’un livre coûte entre 250 000 et 500 000 dollars. Mais les tarifs peuvent parfois exploser selon la demande. On se souvient du Parfum de Patrick Süskind dont les droits ont été négociés à 10 millions de dollars.
Shoot the Book !
Pour permettre aux producteurs de trouver le sujet en or dans les trésors de la littérature mondiale, la SCELF organise tout au long de l’année des rencontres entre éditeurs et producteurs. Lors du Salon du Livre, les éditeurs proposent une sélection de livres à fort potentiel d’adaptation : 300 œuvres, récentes ou à paraître, sont regroupées dans un catalogue envoyé à chaque producteur inscrit. Cette année, le thème mis en avant est la route. De nombreux road trips, mais aussi des romans d’aventure, des récits de voyage, des ouvrages d’actualité sur les phénomènes migratoires sont présentés.
Dans les festivals de cinéma, l’opération « Shoot the Book ! » permet aussi de créer un lien très fort entre l’édition et l’audiovisuel. Il s’agit d’une journée professionnelle où des séances de pitch permettent de mettre en avant des ouvrages parfois peu connus. Créé en 2014 au Festival de Cannes, le concept s’est depuis étendu vers d’autres rendez-vous, comme le Festival de Toronto, l’American Film Market ou le Shanghai International Film Festival.