Les ciné-concerts sont partout ! Dans les salles de cinéma (Grand Rex), les salles traditionnelles (Philharmonie, salle Pleyel) ou encore les salles de concert (Palais des Congrès, Halle Tony Garnier de Lyon, Zénith de Strasbourg, Zénith Arena de Lille). Les spectateurs sont de plus en plus friands de ce type de spectacles "multimédias". Coup de projecteur sur une pratique aussi vieille que le cinéma qui est revenue à la mode.
Le ciné-concert, qu’est-ce que c’est ?
Le ciné-concert est une forme de spectacle hybride qui, comme son nom l’indique, mêle cinéma et concert. Le ciné-concert fonctionne comme une séance de cinéma traditionnelle, à la seule différence que la bande originale du film est interprétée en live par un ou plusieurs musiciens. Le nombre de musiciens varie du simple (avec un pianiste solo par exemple) au centuple (avec un orchestre philharmonique) selon les manifestations et les partitions.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le ciné-concert n’est pas récent. Il est même presque aussi vieux que le cinéma lui-même. Il n’était pas rare, en effet, que les séances de projection du début du XXème siècle soient accompagnées par un ou plusieurs musiciens, qui jouaient en direct, notamment au piano.
Avec l’avènement du cinéma sonore, les ciné-concerts ont peu à peu disparu. Alors que les tendances de consommation de films sont de plus en plus au streaming, les salles de cinéma essaient d’attirer les spectateurs avec de nouveaux formats toujours plus spectaculaires, comme la 3D ou l’Imax. Le ciné-concert fait partie de ces expériences originales permettant de revaloriser les salles de cinéma.
Quels types de films sont concernés ?
Tous les types de films sont concernés par le ciné-concert, des blockbusters (Le Seigneur des anneaux, Harry Potter) aux comédies musicales (Chantons sous la pluie, Mary Poppins), en passant par le cinéma muet (Nosferatu, La Passion de Jeanne d’Arc) ! La seule condition est que l’action du film se prête à une mise en musique.
Si tous les films peuvent a priori faire l’objet d’un ciné-concert, certains se prêtent particulièrement à l’exercice. C’est le cas des films fantastiques (Star Wars) et d’aventure (Indiana Jones) qui font régulièrement l’objet de ciné-concerts. Et c’est encore plus vrai quand les bandes originales ont été composées par John Williams, collaborateur de longue date de Steven Spielberg.
Bande originale ou musique composée pour l’occasion : tout est possible
Dans la majorité des ciné-concerts, ce sont les bandes son "d’origine" qui sont interprétées en live, car c’est souvent pour elles que se déplace le public. Il est peu probable de voir projeter un jour West Side Story sans la bande originale composée par Leonard Bernstein, non seulement parce que les chorégraphies de Jerome Robbins ont été créées à partir de la musique, mais davantage parce que la B.O. est peut-être LA véritable star du film.
Quelques ciné-concerts font toutefois appel à un ou plusieurs musiciens pour composer des musiques inédites. C’est souvent le cas pour des films muets, que l’on ait perdu ou non la bande-son originelle. Le pianiste et animateur Jean-François Zygel participe régulièrement à des ciné-concerts durant lesquels il improvise en live la musique qui accompagne les images. Il s’est notamment prêté à l’exercice avec La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer à la Cinémathèque et avec Nosferatu de Friedrich Wilhem Murnau à la Philharmonie.
Comment l’image et le son sont-ils coordonnés ?
La coordination du son et de l’image reste le principal enjeu et la principale difficulté du ciné-concert. "Dans la majorité des cas, c’est le studio qui se charge de fournir la bande-son du film dont a été extraite la musique mais pas les dialogues, ainsi que la partition du film. Pour veiller à la coordination du son et de l’image, le chef d’orchestre a recours soit à un "clic" - un signal sonore qui lui indique le tempo à suivre -, soit à un retour vidéo sur un écran qui lui indique le time code » explique Vincent Anglade, responsable de la programmation des Musiques actuelles de la Philharmonie de Paris
Quelle est la marge de liberté du chef d’orchestre ?
"Certains films demandent une synchronisation parfaite - c’est le cas des comédies musicales. D’autres films, plus lents et contemplatifs, permettent plus de souplesse", souligne Vincent Anglade. Le chef d’orchestre étant particulièrement concentré pendant le ciné-concert pour respecter la coordination du son et de l’image, son travail se passe essentiellement en amont des séances, lors des répétitions. Ce qui ne l’empêche pas de donner une certaine coloration à l’interprétation lors de la projection, en jouant sur le lyrisme de la partition ou le caractère fluide ou saccadé de l’interprétation.