1.33 ou CinemaScope ? Super Panavision ou Cinérama ? L’histoire du cinéma est aussi celle des différents formats d’images qui se sont succédé au fil du temps. Formats qui résultent à la fois de la largeur de la pellicule utilisée, et du rapport des dimensions de l’image projetée sur l’écran. Tour d’horizon :
1.33 : 1
C’est le format du cinéma muet, majoritaire jusqu’à la fin des années 1920, adopté par la télévision dans les années 1950 sous l’appellation « 4/3 ». 1.33 : 1 signifie que l’image sur l’écran est 1.33 plus large que haute. Son inventeur, en 1909, est Thomas Edison, qui réduisit à 35mm le format 70mm inventé quelques années plus tôt par George Easton. Au cours de la décennie 2010, le 1.33 a opéré un inattendu retour en force, en étant réutilisé par des cinéastes à la recherche d’une dimension « primitive » du cinéma : Kelly Reichardt dans La Dernière Piste, Andrea Arnold dans Les Hauts de Hurlevent, Alexandre Sokourov dans Faust, Miguel Gomes dans Tabou ou encore Pablo Berger dans Blancanieves.
1.37 : 1
Également connu sous le nom de « format académique », c’est le standard du cinéma parlant, reconnu comme tel en 1932 par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences. Ce format va prévaloir jusque dans les années 1950.
2.55 : 1 (CinemaScope)
C’est un format 35mm anamorphosé, permettant d’avoir une image très large, développé par la société Panavision pour faire face au succès de la télévision. Il nécessite l’utilisation d’une lentille anamorphique pour comprimer l’image sur la largeur lors de la prise de vues, puis pour redonner à l’image son format d’origine lors de la projection. Développé par le Français Henri Chrétien dans les années 1920, ce procédé d’anamorphose fut racheté par la Fox, qui le baptisa CinemaScope et l’utilisa la première fois pour La Tunique, d’Henry Koster, en 1953. C’est ce format qui va populariser les images panoramiques au cinéma. Les réponses des autres studios ne tarderont pas : Warner invente le WarnerScope et la RKO, le SuperScope.
2.65. 1 (Cinérama)
Le plus large des formats, qui nécessitait l’utilisation de trois caméras et de trois projecteurs. Développé par la Paramount dès 1952 (avec la sortie du film This is Cinerama), le procédé fut abandonné en raison de sa complexité et de son coût. L’un des exemples les plus fameux d’utilisation du Cinérama est La Conquête de l’Ouest, en 1962.
70mm
Initié par le film Oklahoma ! (Fred Zinnemann, 1955), ce format sera le standard des productions les plus prestigieuses des années 60 : West Side Story, Lawrence d’Arabie, 2001, l’Odyssée de l’espace… Les films sont tournés sur des pellicules 65mm, puis tirés en 70mm pour la projection (les 5mm supplémentaires sont réservés aux six pistes magnétiques de son stéréophonique). Le format, au coût prohibitif, passera de mode dans les années 80-90, avant d’être réutilisé dans les années 2010 par des cinéastes nostalgiques (Paul Thomas Anderson avec The Master, Christopher Nolan avec Dunkerque…). A noter que certains films tournés en 35mm sont parfois gonflés en 70mm (comme par exemple Le Cardinal, d’Otto Preminger, en 1965), mais avec alors une perte de définition de l’image.
MGM Camera 65 ou Ultra Panavision 70
Ici, l’image est anamorphosée par une lentille cylindrique. Seulement une dizaine de films furent tournés dans ce format permettant une image « king-size » : Les Révoltés du Bounty, Un monde fou, fou, fou, La Bataille des Ardennes… Jusqu’à ce que Quentin Tarantino ne remette (brièvement) le procédé au goût du jour avec Les Huit Salopards, en 2015.
Super Panavision 70
Autre procédé donnant un format d’image très large, développé pour concurrencer le Todd-AO, un format de 70mm initié dans les années 1950. Parmi les films tournés en Super Panavision 70, citons Exodus (Otto Preminger, 1960), My Fair Lady (George Cukor, 1964) ou encore Grand Prix (John Frankenheimer, 1966).
2.35 : 1 (Panavision ou Scope standard)
Également connu sous le nom d’Academy Scope, ce format, qui utilise l’anamorphose, est le plus usité des formats panoramiques.
1.85 : 1 (standard américain)
C’est le format panoramique le plus courant et le plus répandu dans l’industrie cinématographique américaine, puis en Europe à partir des années 2000. C’est un format large qui se rapproche du format Scope, mais sans anamorphose.
1.66 : 1 (standard européen)
Tombé en désuétude aujourd’hui, ce fut le format dominant en Europe dans les années 1960 et suivantes. On cite souvent les films de la Nouvelle Vague comme exemples de l’utilisation du 1.66.