"Paris qui dort" de René Clair, restauré avec le soutien du CNC

"Paris qui dort" de René Clair, restauré avec le soutien du CNC

10 avril 2019
Cinéma
Paris qui dort de René Clair
"Paris qui dort" de René Clair 1924 - Fondation Jérôme Seydoux Pathé
La Cinémathèque met en lumière l’œuvre de René Clair à travers une rétrospective organisée du 10 avril au 9 mai. Lors de la soirée d’ouverture, le public est invité à découvrir Paris qui dort, premier film du cinéaste, récemment restauré en 4K.

Acteur chez Louis Feuillade (Orpheline, Parisette) et assistant-réalisateur de Jacques de Baroncelli, René Clair passe derrière la caméra à l’âge de 25 ans pour réaliser son premier film, Paris qui dort. Le scénario, écrit en une nuit et cent fois remanié, est tourné en pleine rue, sans truquages ni décors en trompe-l’œil, en utilisant parfois des bancs-titres de photographies d’Atget, le tout en une vingtaine de jours pendant l’été 1923. Produit par Henri Diamant-Berger (également réalisateur des Trois Mousquetaires, qui vient de rencontrer un franc succès), Paris qui dort - d’abord envisagé sous le titre Le Rayon diabolique ou Paris qui dort - sort en salles le 6 février 1925 et reporte les faveurs du public et de la critique.

D’inspiration fantastique, ce film muet mêle poésie et burlesque. René Clair met en scène un Paris figé, dans lequel le gardien de la Tour Eiffel se réveille un matin dans une ville déserte. Seules cinq personnes, arrivées en avion, ont échappé à l'endormissement et déambulent dans la capitale, figée. Un savant fou a inventé un rayon mystérieux qui a immobilisé êtres et objets…

Considérée comme une œuvre novatrice, Paris qui dort est imaginée comme une fable aux accents surréalistes dans laquelle René Clair multiplie les arrêts sur image, les ralentis, les accélérés. Le jeune cinéaste recherche un style propre au cinématographe, éloigné du cinéma d’adaptation qui florissait alors.

« Monsieur René Clair a su tirer d’étonnants effets de cette étude du mouvement : effets comiques, dramatiques, effet de surprise. Voilà du cinéma. Tout est image, et rien qu’images, sans intellectualité inutile. La psychologie n’est pas née avant l’image, elle en naît. N’oubliez pas que faire du cinéma, c’est se servir d’un appareil photographique. C’est user de tous les progrès techniques accomplis depuis des années, c’est transposer les spectacles que nous voyons et les sentiments qui nous mènent en images qui bougent. Bien peu de cinéastes s’en souvenaient. Il était bon qu’un jeune homme le dît. » écrit alors le critique René Bizer.

Restauré en 4K par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé en 2018, au laboratoire L’Immagine Ritrovata, avec le soutien du CNC, Paris qui dort est à découvrir dans sa nouvelle version ce mercredi 10 avril à la Cinémathèque.

 

René clair

Après un début de carrière dans le journalisme, René Clair s’essaie au cinéma, d’abord comme acteur puis comme réalisateur. Il réalise Paris qui dort (1923), son premier film muet, en noir et blanc, puis commence à se fait connaître dans le monde entier avec Sous les toits de Paris (1930), son premier film parlant. Le film musical Le Million (1931),adapté d’un vaudeville de Berr et Guillemaud, qui révèle l’actrice Annabella ou encore Á nous la liberté, satire de la société industrielle, assoient sa réputation de réalisateur.
Après une carrière à Hollywood au début des années 1940 où il tourne avec Marlène Dietrich (La Belle ensorceleuse) et Veronica Lake (Ma Femme est une sorcière), le cinéaste, rentré en France, réalise Le silence est d'or (1947), La Beauté du diable (1949) dans lequel il dirige Gérard Philipe pour la première fois.
En 1960, René Clair devient le premier cinéaste à être élu à l'Académie Française.