Quarante ans après sa mort, Patrick Dewaere n’a rien perdu de son pouvoir de fascination auprès des amoureux du cinéma. Son talent brut et sa sensibilité débordante crèvent encore l'écran du documentaire Patrick Dewaere, mon héros d’Alexandre Moix, présenté cette année dans la sélection Cannes Classics. Narré par sa fille Lola, le long métrage sur les blessures secrètes du génie tourmenté sera diffusé en ouverture de la rétrospective qui lui est consacrée à l’Institut Lumière, à partir du 2 juin prochain. Cette plongée dans l'intimité du mythe sera suivie par la projection d'un de ses plus grands films, Série noire d'Alain Corneau (1979). Dans ce monument de noirceur, Dewaere interprète un vendeur au porte-à-porte désabusé et névrotique qui, dans l'espoir d'un nouveau départ, planifie le meurtre d'une vieille dame. Il y joue aux côtés de Myriam Boyer, Bernard Blier et de la toute jeune Marie Trintignant, 16 ans, qui n'est pas sans rappeler le personnage de Jodie Foster dans Taxi Driver (1976) de Martin Scorsese. Le cycle se poursuivra avec la diffusion de deux films de Bertrand Blier, Beau-Père (1981) et Les Valseuses (1974). Dans ce road-movie épicurien et nihiliste, manifeste de la libération des mœurs et des corps, Patrick Dewaere, encore inconnu du grand public, partage l'affiche avec Gérard Depardieu et Miou-Miou.
Les 4 et 21 juin prochains, le duo Depardieu-Dewaere sera de retour dans un autre chef-d’œuvre de Bertrand Blier : Préparez vos mouchoirs (1978). Impensable, par ailleurs, de citer le nom de Patrick Dewaere sans mentionner sa légendaire performance en footballeur héroïque et fauché dans Coup de Tête (1979) de Jean-Jacques Annaud. Dans cette satire sur les petits clubs de foot détenus par les industriels locaux, Dewaere – et son personnage François Perrin – se fait le porte-parole des « petites gens » face au mépris apparent de la bourgeoisie. Enfin, sa vulnérabilité exacerbée se verra transcendée dans Un mauvais fils (1980) de Claude Sautet à travers le personnage de Bruno. Une chronique à fleur de peau des divergences générationnelles diffusée les 14 et 15 juin sur les écrans de l’Institut Lumière.
