Tout savoir sur la Quinzaine des Réalisateurs

Tout savoir sur la Quinzaine des Réalisateurs

10 mai 2022
Cinéma
Affiche de la Quinzaine des Réalisateurs 2022
Affiche de la Quinzaine des Réalisateurs 2022 DR - Quinzaine des Réalisateurs

Née dans la foulée de l’édition mouvementée du Festival de Cannes 1968, cette section parallèle continue, depuis plus de cinquante ans, à faire cohabiter nouveaux talents et œuvres ambitieuses de cinéastes confirmés sur la scène internationale.


Comment est-elle née ?

La Quinzaine des Réalisateurs fait, à sa manière, partie des enfants de mai 68. Son histoire prend en effet sa source cette année-là dans l’édition mouvementée du festival. De nombreux cinéastes (Jean-Luc Godard, François Truffaut, Claude Lelouch, Milos Forman…) sont choqués qu’elle ait lieu sans se soucier des événements qui secouent alors le pays et provoquent sa clôture bien avant la date prévue.

Ces contestataires n’entendent pas uniquement agir contre. Ils décident de créer dans la foulée la Société des Réalisateurs de Films (SRF) et de présenter une liste de revendications à la direction du festival pour le démocratiser. La fin de l’obligation de la tenue de soirée pour assister aux projections du soir et un palmarès désigné par le public et non par un jury de professionnels figurent parmi celles-ci. Le festival se montre à l’écoute, en accepte quelques-unes. Mais pour la SRF, rien n’est négociable. Et puisque le festival refuse de prendre en compte l’ensemble de leurs propositions, ils décident dès l’année suivante de créer leur propre manifestation. Un contre-festival donc. À commencer par la manière dont les films y sont retenus.

Dans la sélection officielle, ce sont encore dans ces années-là les pays qui décident des longs métrages qu’ils envoient. À la Quinzaine, ce sera un comité de membres de la SRF qui revendique des choix « sans contrainte idéologique ou technique et représentatifs des cinémas du monde ». La toute première édition en 1969 donne le la avec notamment les présences du Brésilien Glauber Rocha, du Français Louis Malle, du Japonais Nagisa Oshima, du Canadien Gilles Carle, de l’Italien Bernardo Bertolucci, de l’Américain Roger Corman parmi les heureux élus et un savant mélange entre cinéastes installés et nouvelles pousses. La preuve ? La Quinzaine des Réalisateurs est à ce jour la section la plus récompensée au palmarès de la Caméra d’Or qui sacre le meilleur premier film présenté à Cannes, toutes sections confondues avec 15 victoires dont Jim Jarmusch (Stranger than Paradise, 1984), Jaco Van Dormael (Toto le héros, 1991), Houda Benyamina (Divines, 2016) ou, encore plus récemment, la réalisatrice croate Antoneta Alamat Kusijanovi? (Murina, 2021).

Qui sélectionne les films ?

Depuis 2019, le rôle de délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs est occupé par Paolo Moretti. Ce cinéphile italien est passé par les sections parallèles de la Mostra de Venise et du festival de Rome. Il occupait le poste de délégué général au festival international du film de La Roche-sur-Yon depuis 2014. À son arrivée, il a restructuré le comité - désormais composé de cinq personnes (quatre femmes et un homme) - chargé de choisir les films qui y seront projetés.

Les tendances de la sélection 2022

La sélection 2022 de la Quinzaine des Réalisateurs s’approche de la parité, avec 11 réalisatrices pour 15 réalisateurs présents en compétition longs métrages. Sa réputation de « fenêtre » sur la diversité internationale est aussi pleinement respectée avec des films d’Amérique Latine (le chilo-argentin 1976 de Manuela Martelli et le colombien Un Varón de Fabián Hernández), du Proche-Orient (Le Barrage du Libanais Ali Cherri) ou encore du Maghreb (Les tunisiens Ashkal de Youssef Chebbi et Sous les figues de Erige Sehiri). La France s’annonce aussi, à nouveau, en forte présence avec 12 productions ou coproductions, sans compter les coproductions où elle est minoritaire. Parmi les titres hexagonaux les plus attendus : le film fantastique et second long métrage de Léa Mysius, Les Cinq Diables, le nouveau drame historique de Philippe Faucon, Les Harkis, sur le sort des Algériens alliés aux Français durant la Guerre d’Algérie,ou encore le passage à la réalisation de l’autrice Annie Ernaux avec Les Années Super 8, unmontage d’archives vidéo, coréalisé avec son fils, David Ernaux-Briot. À noterégalement, la projection de Pamfir, le premier film de l’Ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk coproduit par la société française Les Films d’ici.