Niagara (1953)
Au moment de tourner Niagara d’Henry Hathaway, Marilyn Monroe a déjà 27 ans et n’a pas encore réussi à percer malgré des apparitions dans une vingtaine de films (dont quelques chefs d’œuvre : Quand la ville dort, Ève, Chérie je me sens rajeunir...). C’est Daryl F. Zanuck, le grand patron du studio 20th Century Fox, qui perçoit chez elle le potentiel de séduction qui va faire sa renommée. En lui confiant le rôle d’une femme fatale machiavélique, prête à tout pour se débarrasser de son mari (Joseph Cotten), il crée instantanément le mythe Monroe.
Les Hommes préfèrent les blondes (1953)
Sortie la même année que Niagara, cette comédie musicale d’Howard Hawks va lancer définitivement la carrière de Marilyn Monroe. Elle n’est pourtant pas la vraie star du film qui serait plutôt sa partenaire, Jane Russell, payée dix fois plus qu’elle ! Les actrices, devenues amies pendant le tournage, y incarnent deux danseuses de revue n’ayant pas la même conception de l’amour - intéressée pour la blonde, véritable pour la brune. Marilyn y entonne le fameux Diamonds are Girl’s Best Friend.
Rivière sans retour (1954)
Niagara, Les hommes préfèrent les blondes et Comment épouser un millionnaire ont, en un an, propulsé Monroe au firmament d’Hollywood. Ce western d’Otto Preminger doit asseoir sa popularité grandissante au sein du système et de la Fox du puissant Zanuck. Si l’on sait aujourd’hui qu’elle ne s’entendit pas avec l’autoritaire Preminger (qui la compara à la chienne... Lassie), Marilyn Monroe tient ici son premier grand rôle, celui d’une femme-enfant qui réalise la brutalité des hommes au cours d’un périple dans des décors en Cinémascope à couper le souffle.
Sept ans de réflexion (1955)
Sans doute le film le plus iconique de Marilyn Monroe avec Certains l’aiment chaud. On se souvient évidemment de la fameuse scène où sa robe se soulève au-dessus de la soufflerie d’une grille de métro, image souvent associée à son emploi récurrent de ravissante blonde faussement idiote. Car l’idiot dans le film, c’est bien le personnage masculin, un homme marié et hypocrite dont la jeune voisine va alimenter les fantasmes les plus fous. Du pur, du grand Billy Wilder, le meilleur caricaturiste de “l’American Way of Life”.
Certains l’aiment chaud (1959)
Monroe, désormais coachée par Paula Strasberg (l’épouse de Lee, fondateur de L’Actor’s Studio où l’actrice suit des cours), retrouve Billy Wilder pour ce qui constitue le sommet de sa carrière. En chanteuse un peu vénale, elle est éblouissante de beauté et de naturel face à un Tony Curtis travesti en femme et transi d’amour pour elle. Elle obtiendra l’année suivante un Golden Globe (de la meilleure actrice dans une comédie) pour sa prestation remarquable.
Le Milliardaire (1960)
Réputée pour ses frasques et ses absences, Marilyn Monroe effraie acteurs et réalisateurs. Cary Grant, Charlton Heston, Rock Hudson et James Stewart refusèrent en partie pour cette raison le rôle-titre, qui échut à Yves Montand qui venait de jouer dans l’adaptation des Sorcières de Salem, pièce d’Arthur Miller, mari de Marilyn. Comédie légère, où l’actrice rejoue à l’envi son rôle de danseuse faisant tourner la tête des hommes, Le Milliardaire de George Cukor est aussi resté dans l’histoire en raison de la brève histoire d’amour hors plateau entre ses deux acteurs principaux.
Les Désaxés (1961)
Le dernier film de Marilyn Monroe (décédée tragiquement un an plus tard) est un émouvant et remarquable chant du cygne dans lequel l’actrice montre une fatigue et une fragilité inédites - renforcées par la dépression qu’elle traverse. Elle y incarne une femme divorcée qui aimante le désir et l’amour de trois hommes auxquels elle offre une porte de sortie éphémère. Mélancolique et a posteriori macabre (Clark Gable mourut avant la sortie ; c’est le dernier grand film de Montgomery Clift), Les Désaxés conclut une carrière placée sous le signe du glamour et de l’instabilité.