Quel est votre rôle au sein de la Philharmonie de Paris ?
En qualité de secrétaire général, je suis responsable de toutes les activités liées au public. Que ce soit la communication, le marketing, la vente, l’accueil et bien sûr tout ce qui touche au numérique et à notre plateforme, Philharmonie Live.
Comment parvenez-vous à maintenir votre activité quand le public, confinement oblige, ne peut assister aux concerts ?
Rappelons tout d’abord que la Philharmonie de Paris est un établissement public national subventionné par le ministère de la Culture, la Ville de Paris et la région Île-de-France. À ce titre, nous bénéficions d’une aide précieuse. Elle nous permet de poursuivre nos activités tout en respectant les mesures sanitaires mises en place par le gouvernement. Notre priorité est de défendre les artistes. Nous avons un vrai devoir vis-à-vis des musiciens et essayons au mieux de les préserver. Ils ont tous très envie de jouer, de partager, de s’exercer... Durant le premier confinement, la question ne se posait pas puisqu’il était impossible de se réunir. Les musiciens se sont donc adaptés et ils ont organisé plein de choses en ligne, devant leur ordinateur, mais ce n’était pas très simple. Pour ce deuxième confinement, tout est différent puisqu’ils peuvent venir physiquement à la Philharmonie et donner des concerts. Sans public évidemment. Une activité rendue possible grâce au soutien du CNC et de notre principal diffuseur, Arte.
La Philharmonie de Paris accueille en son sein différents orchestres. Comment gérez-vous la cohabitation entre tous vos artistes ?
Nous abritons en effet plusieurs types de musiciens. À commencer par ceux qui sont salariés, appartenant à l’Orchestre de Paris, l’Ensemble intercontemporain, L’Orchestre national d’Île-de-France et l’Orchestre de chambre de Paris. Cela regroupe pas mal de monde. Il faut ajouter également l’orchestre des Arts Florissants, composé d’intermittents et les différents orchestres dits « partenaires » : L’orchestre Le Balcon, l’orchestre Pygmalion et l’orchestre Les Siècles. Cela demande une sacrée organisation. Notre établissement comprend quatre salles de concert et six salles de répétition. Habituellement, il règne au sein de la Philharmonie de Paris un va-et-vient continuel, les artistes venant des différents orchestres se croisent, échangent en permanence. Cette belle énergie est aujourd’hui impossible. Pour le mois de novembre, chaque orchestre était autorisé à organiser un seul concert.
Comment le public peut-il profiter de ces concerts ?
Grâce à notre principal diffuseur, Arte, et bien sûr notre plateforme Philharmonie Live, créée il y a douze ans, qui est très active. Les captations audiovisuelles se font par le biais d’une société de production, avec l’aide du CNC. Outre les concerts, nous proposons des entretiens et même des courts métrages comme la web-série documentaire Chef.fe, déclinée en cinq épisodes autour de la cheffe d’orchestre Lucie Leguay. Cette plateforme est un vrai site de vidéo à la demande qui a également une mission éducative. En plus de Philharmonie Live, où vous pouvez suivre en direct ou en replay toutes nos activités, il existe aussi La Philharmonie s’invite chez vous, qui possède un plus gros catalogue de replay et annonce le programme à venir. Il faut également ajouter Philharmonie à la demande, destiné aux professionnels, qui permet à plus de trois mille médiathèques en France et à des professeurs de conservatoires d’avoir un libre accès à nos archives.
Parlez-nous plus en détail de la web-série documentaire, Chef.fe...
En 2018, nous avons lancé un concours baptisé La Maestra, afin de mettre en lumière les jeunes femmes cheffes d’orchestre. Lors des auditions, le public était composé de programmateurs, d’agents, des directeurs d’orchestre et de salles...Une cheffe s’est fait particulièrement remarquer, Lucie Leguay. Ce tremplin a permis à sa carrière de décoller. Elle s’est ainsi rapidement retrouvée directrice associée de trois orchestres. Aujourd’hui, elle est sollicitée un peu partout dans le monde. Nous avons donc eu l’idée de suivre son quotidien à travers ses voyages et sa musique. La réalisatrice Camille Ducellier l’a suivie. Cette série documentaire est produite par la société Upian, en association avec la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, avec le soutien de YouTube, du CNC, de la Sacem et de Dominique Senequier. Chef.fe a d’ailleurs gagné un prix au Fipadoc (Festival international de programmes audiovisuels documentaires) de Biarritz.
Constatez-vous une forte hausse de la fréquentation de la plateforme Philarmonie Live durant ce confinement ?
Il y a, en effet, un boom spectaculaire. Il faut dire que nous avons quasiment doublé notre production sur la plateforme. Là où, habituellement, nous proposions un concert par semaine en ligne, nous en diffusons actuellement deux. Durant le premier confinement, tous les soirs à 20h30, soit l’horaire habituel de nos concerts, nous mettions une grande archive en ligne, avec des raretés...
Outre la musique classique, la Philharmonie de Paris est-elle ouverte à tous les styles ?
Bien sûr, la pop et le jazz sont très présents. Le confinement ne permet évidemment pas aux artistes étrangers de venir, et nous avons dû repousser les projets que nous avions avec eux. Toutefois, certains concerts sont maintenus comme ce beau projet de Rodolphe Burger, Love Songs, avec Jeanne Balibar, Sarah Murcia, Julien Perraudeau, Christophe Calpini… C’est un spectacle placé sous le signe de l’amour et de l’érotisme. Il est disponible en différé.