Naissance d'une chaîne
Si Un Créatif a lancé sa chaîne en 2016, il explorait déjà le milieu du marketing depuis quelques années. Après des études de communication, il se spécialise dans l'écriture et travaille pendant trois ans dans une agence de communication avant de poursuivre sa route en tant que freelance, réalisant notamment des contenus vidéo pour les réseaux sociaux. « En parallèle, j'ai lancé ma chaîne YouTube : c’était un moyen de m’entraîner pour mon activité professionnelle qui nécessitait la réalisation de nombreuses vidéos », explique cet autodidacte en vidéo qui a réussi en deux ans à atteindre une belle audience et à trouver un modèle économique rentable – grâce notamment à une aide de CNC Talent et à l'arrivée de sponsors. « Aujourd'hui, je travaille avec deux collaborateurs, le premier m'aide pour diverses tâches comme la modération des lives et il s'occupe également du contenu pour les réseaux sociaux. Le second est un monteur qui m'assiste énormément sur le montage des vidéos pour la chaîne YouTube. Un gain de temps très appréciable, même si j'ai encore du mal à déléguer », détaille-t-il. Cette organisation lui a permis d'augmenter son rythme de production vidéo pour ne laisser qu'un délai maximum de 2 à 3 semaines entre chaque publication.
Un positionnement qui évolue
En créant sa chaîne, Un Créatif a cherché à trouver un équilibre entre « ce qu'il avait envie de faire et ce qui pouvait toucher une audience ». Dans un premier temps, il commente avec humour des vidéos d’entreprises décalées, comme celle d'une société qui faisait faire du playback à ses clients ou celle d'une agence immobilière réalisant un « Despacito challenge ». Il s'intéresse également à des publicités de marques avant de faire évoluer sa chaîne en mettant davantage à profit ses connaissances marketing. « Les sujets ont évolué au fur et à mesure. Mais j'ai toujours expérimenté des angles et j'ai toujours eu la volonté de proposer des contenus différents », souligne-t-il en précisant qu'il n'existait pas, à l'époque, de chaînes parlant de marketing à destination des consommateurs, et pas seulement des étudiants ou des passionnés de ce domaine. A l’origine de sa démarche se trouve donc autant l’envie de partager ses connaissances que son désir d’aiguiser l'esprit critique et permettre aux spectateurs de regarder les choses différemment. « Ma réflexion de départ était : comment parler de ces sujets, qui à la base n'intéressent pas grand monde, pour qu'ils touchent un grand public ? »
Un important travail de documentation
L'une des évolutions de la chaîne est la mise en ligne de vidéos se concentrant sur une marque en particulier, d'Ikea à Nike en passant par Starbucks ou Konbini. Ces contenus spécifiques nécessitent une longue phase de recherche, notamment pour réaliser l'introduction consacrée à l'histoire de la marque en question. « C'est un aspect moins analytique, moins intéressant à pousser. Mais j'aime beaucoup le mettre en scène car il donne une couleur différente. C'est plus chaleureux, plus divertissant et plus adapté pour le grand public que d'autres contenus où j'entre ''à froid'' dans le vif du sujet ». Le style de ces vidéos reste, lui, dans la lignée des autres réalisations d'Un Créatif avec ce mélange d'humour, d’ironie et de marketing. « On tape un peu sur les marques », avoue-t-il en souriant avant de détailler sa méthode de travail. « Mon but, c'est que je puisse à chaque fois résumer le sujet en une miniature, un titre et une ligne pitchant la vidéo. Ce qui me permet de ne pas partir dans tous les sens. J'ai voulu, dans certaines vidéos, aborder trop de choses en même temps, c'était flou ».
L'étude pratique pour vulgariser
« Je me ferme de moins en moins aux sujets déjà abordés ailleurs. Je me dis que tant que j'ai un angle pour le faire ou que je peux le traiter à ma façon, ce n'est pas grave », poursuit-il. Si sa vidéo sur Starbucks aborde ainsi des points déjà évoqués dans un documentaire diffusé sur Arte, il a choisi de son côté de se focaliser plus particulièrement sur l'aspect marketing de l'entreprise américaine. En se penchant sur les arnaques de « dropshipping » (système dans lequel un distributeur propose sur son site des produits finalement livrés par un fournisseur, et ce à un tarif beaucoup plus élevé que celui pratiqué par le fournisseur, ndlr), Un Créatif a laissé de côté la simple explication de cette méthode de vente pour proposer un vrai décryptage de la construction d'une arnaque. « Reprendre le même discours, la même forme et la même longueur que d'autres vidéos n'aurait rien apporté, explique-t-il. Ceux qui en parlaient le faisaient en se focalisant sur l'aspect consommateur. J'ai voulu de mon côté montrer comment se passait chaque étape ». Postée en juin dernier, cette vidéo le montre ainsi créant une arnaque de dropshipping - de la recherche du produit à vendre à la diffusion de pubs payantes sur les réseaux sociaux en passant par la création d'un nom, d'une identité visuelle ou encore d'un site internet. « C'est du divertissement, donc tout est caricaturé, amplifié, simplifié. Mais on voit de quoi il s'agit réellement », ajoute Un Créatif, précisant que son but n'était pas de descendre les bons dropshippers mais d'alerter les consommateurs sur de telles arnaques et de faire ainsi de la prévention.
Un colocataire du Vortex
Depuis 2018, Arte réunit chaque année des vidéastes venus d'horizons différents pour cohabiter dans « Le Vortex ». « Chaque sujet est prétexte à une collaboration entre les vidéastes, permettant d'expliquer toute question de façon transdisciplinaire », écrit Arte dans sa présentation de cette série de vidéos dont la saison 3, lancée cet été, rassemble les vidéastes Angle Droit, Linguisticae, Science de comptoir et Un Créatif. « On est venu me le proposer il y a un an, avant que je ne passe à temps plein sur la chaîne. J'ai regardé les vidéos précédentes pour voir comment je pouvais faire la jonction entre ce que je fais moi et l'identité de cette chaîne-là car je ne fais pas de vulgarisation. » affirme-t-il.
Collaborer avec les trois vulgarisateurs de cette saison 3 a donc représenté un défi pour lui, qui n'a ni la forme ni le rythme des vidéos traditionnelles de vulgarisation. « J'ai dû m'adapter ». Même changement du côté des sujets, qui s'ils étaient en lien avec sa chaîne, étaient trop éloignés des thématiques qu'il traite habituellement. « Je n’aurais jamais pu faire sur ma chaîne une vidéo de 20 minutes avec autant d’infos comme celle sur les serial killers. Ce n’est pas la même audience. Sur ma chaîne, je recherche des choses plus simples et accessibles. »