Son premier jeu vidéo baptisé L’Amerzone, le testament de l’explorateur, très librement inspiré d’une des aventures de son célèbre personnage de bande dessinée L’inspecteur Canardo, s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires dans le monde. Un coup d’essai en forme de coup de maître, révélant une approche libre et décomplexée du récit.
Dans L’Amerzone, le joueur est un journaliste qui se rend dans un phare à la rencontre d’un vieil explorateur. Cet entretien va entraîner le visiteur dans un périple au cœur d’un territoire fantastique, L’Amerzone, à la recherche de l’œuf des oiseaux blancs. Ce jeu vidéoludique disponible sur différentes consoles à partir de 1999 séduit les gamers par son aspect « dépaysant » et une dramaturgie riche.
Benoît Sokal, qui officiera en tant que directeur artistique de l’éditeur et créateur de jeux vidéo d’aventure français Microïds, sera également derrière la franchise Syberia mais aussi Paradise ou encore L’île noyée.
L’œuvre de Benoît Sokal reste toutefois attachée à la bande dessinée et à la figure de son héros L’inspecteur Canardo, croisement improbable - en version palmipède - du détective privé Philip Marlowe et de l’inspecteur Colombo. Celui-ci voit le jour en 1978 dans les pages de la revue de bande dessinée A Suivre. Il s’agit d’un canard anthropomorphe, volontairement débraillé , qui trimballe sous son trench une dépression carabinée qui ne le quitte jamais au long de ses missions. Cet anti-héros conscient de son propre statut de personnage de fiction invite les lecteurs à une vraie mise en abîme métaphysique. Du Chien debout en 1981, qui marque les premières aventures de Canardo en librairies, jusqu’à Un con en hiver en 2018, il existe vingt-cinq tomes, traduits en dix langues.
Benoît Sokal s’est illustré comme l’un des premiers auteurs de bande dessinée à utiliser les nouveaux outils numériques au début des années 90 pour la colorisation de ses dessins. Outre Les Aventures de Canardo, on lui doit Sanguine, Le vieil homme qui n’écrivait plus, ou encore le trilogie Kraa.
Benoît Sokal a été fait Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2006.