Le « concept art », c’est ce que David Alvarez, qui a travaillé sur Assasin’s Creed Syndicate (2015) entre autres, désigne comme « arriver à imager une idée ». Il ne s’agit pas tant de créer une histoire en images que d'imaginer un univers visuel qui accueillera les péripéties et personnages développés dans un jeu vidéo.
Le but de l’ouvrage de Marine Macq est d’éclairer le rôle du concept artist et de montrer l’importance de son travail dans la conception et la réussite de jeux vidéo reconnus. Pour cela, l’auteure commence par un résumé détaillé de ce qu’est le concept art, à l’occasion duquel elle rappelle que, généralement, le « concept artist » est une des premières forces créatives à intervenir dans la création d’un jeu vidéo. « Il intervient en effet dès la phase embryonnaire de la conception d’une œuvre – le stade zéro de la création, si l’on peut dire –, où rien ne préexiste à son travail si ce n’est l’intention créative d’un commanditaire ».
Cette première partie est suivie d’un inventaire des différentes spécialisations possibles pour un « concept artist », de la conception de décors et paysages à celle d’accessoires et de costumes, en passant par l’apparence générale des personnages. Puis, sous forme d’une étude de cas du jeu Ubisoft, Child of Light (2014), elle propose une exploration des différentes étapes créatives intervenant dans le « concept art » et le design graphique.
Enfin, la dernière partie intitulée Les coulisses de la création française se décline sous la forme d’entretiens avec les concept artists de dix studios français. Parmi ceux-ci, un entretien avec Olivier Ponsonnet, directeur artistique et concept artist, autour du jeu A Plague Tale : Innocence, développé par le studio bordelais Asobo. Le jeu se situe au Moyen Âge, en 1348, alors que la peste noire et la guerre de Cent Ans ravagent la population française. Marine Macq l’interroge donc, naturellement, sur la documentation historique nécessaire pour concevoir l’univers visuel le plus réaliste possible et sur les influences artistiques, parmi lesquelles O. Ponsonnet cite autant des grands peintres classiques, tels Rembrandt et Vermeer, que plus contemporains, comme le peintre polonais Zdzis?aw Beksi?ski ou le plasticien et designer Hans Giger.
D’autres studios français, dont les Montpelliérains The Game Bakers (Furi, 2016) et DigixArt (11-11 Memories Retold, 2018) sont également mis à l’honneur. On retrouve également, un entretien autour du jeu Life Is Strange 2 (2018), jeu vidéo épisodique développé par le studio parisien Dontnod Entertainment, qui raconte la traversée périlleuse des États-Unis de deux frères pour rejoindre la frontière mexicaine. La suite d’un jeu à succès où Marine Macq interroge les concepteurs sur la manière de conserver la patte graphique du jeu précédent tout en l’étoffant. Mais aussi sur le voyage documentaire qu’ils ont effectué à travers les États-Unis pour rendre les visuels du jeu le plus fidèle possible à la topographie réelle du pays traversé par les personnages.