« Isaac and his mother lived alone in a small house on a hill ». Résolument bucolique, la première phrase prononcée par le narrateur à l'ouverture de The Binding of Isaac ne laisse rien présager de la descente aux enfers qui attend le jeune garçon (et le joueur). Le jeu d'Edmund McMillen (Super Meat Boy, Gish), qui célèbre ses dix ans cette année, a largement contribué à l'explosion du genre rogue-lite (jeu souvent caractérisé par une génération aléatoire de l'univers et un système de mort permanente). Le joueur y incarne Isaac - ainsi qu'une flopée d'autres personnages aux patronymes bibliques - après qu'il ait échappé à la folie meurtrière de sa propre mère. L'aventure en 2D du petit garçon persécuté démarre dans le sous-sol de sa maison, où il rencontre toutes sortes de créatures cauchemardesques. Un bestiaire difforme et une identité visuelle angoissante, en grande partie responsables du succès du jeu et de sa refonte en 2014, The Binding of Isaac : Rebirth. Ce monde hostile, qui puise tantôt dans l'imaginaire religieux que celui des névroses freudiennes, permet à McMillen de questionner son audience sur le sacré, la violence et les traumatismes de l'enfance.
The Binding of Isaac a toujours privilégié un gameplay exigeant, frustrant parfois, alimenté par une diversité d'items et d'ennemis en constante évolution. Loin d'être une expérience figée, le jeu a reçu de nombreux contenus additionnels (Wrath of the Lamb, Afterbirth...) à la difficulté toujours plus relevée et aux dénouements multiples. Ancré dans la tradition du « die and retry » (« meurs et recommence »), The Binding of Isaac semble avoir atteint son apogée avec la sortie de son dernier DLC (contenu téléchargeable), Repentance, extension chronophage qui semble enfin esquisser une conclusion aux tourments du héros larmoyant.