Célébrer la puissance du réel et (ré)affirmer l’utilité publique du documentaire : c’est l’ambition de la plateforme événement « Opération Doc ! » lancée le 5 décembre au Forum des images par les productrices et producteurs de la Commission documentaire de l’Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA). Plus de 45 documentaires sur des thématiques aussi diverses que le féminisme, l’histoire, la science ou le vivant sont à découvrir en ligne gratuitement jusqu’à la fin du FIPADOC, le festival international du film documentaire de Biarritz, le 27 janvier prochain. Cette date clôturera aussi l’Année du documentaire lancée pendant l’édition 2023 du festival. « Nous avons réfléchi à la manière dont nous pouvions en tant que syndicat participer à cette Année du documentaire. Il y avait le désir de monter une opération positive qui mobilise à la fois l’écosystème du documentaire – auteurs, producteurs, financeurs, diffuseurs – et le grand public. D’où l’idée de cette plateforme en libre accès pendant 54 jours », explique la productrice Karina Si Ahmed (Hauteville Productions), membre de la Commission documentaire de l’USPA.
Une offre éclectique
Ausculter le réel, raconter les mutations de la société, mettre en lumière des récits intimes et collectifs, comprendre et questionner le passé ou encore contribuer à faire bouger les lignes avec les documentaires dits d’impact… Les œuvres mises en ligne dans le cadre de cette « Opération Doc ! » font la part belle à la diversité des sujets, des récits et des regards. « Nous, les acteurs du documentaire, sommes des raconteurs d’histoires, et raconter une histoire, c’est aussi raconter notre histoire commune, une histoire qui nous réunit sur tous les pôles – scientifique, historique, investigation… », rappelle Karina Si Ahmed. Parmi les documentaires en ligne sur la plateforme, le public peut retrouver ceux diffusés pendant la journée de lancement de l’opération sur chacun des six plateaux et tables rondes thématiques : « Face à la désinformation, l’expertise documentaire », « Féminisme, la contribution du documentaire », « Nos origines, regards documentaires pluriels », « Face aux violences, révélations et échos politiques », « Le documentaire, par-delà le genre » et « Le vivant : science et conscience, l’impact du documentaire ». Ces propositions éditorialisées ont pour objectif de mettre en avant la richesse des sujets abordés par le documentaire « mais aussi la manière dont un même propos peut être traité par des formes de narrations complètement différentes », observe Karina Si Ahmed.
Le choix des films s’est porté sur des œuvres « plutôt récentes, saluées par la presse et le public. Il s’agit de films qui ont eu un impact dans nos sociétés. Des films en replay sur les plateformes et des films pour lesquels les chaînes ont accepté de déroger à leur fenêtre de diffusion, précise Karina Si Ahmed. Sur l’ensemble des thématiques abordées, il s’agit de mettre en lumière le genre documentaire comme acteur de la démocratie et acteur de la connaissance. Le temps long qui lui est propre valorise l’enquête, le croisement des sources, la vérification des informations. Un outil précieux face à la désinformation. Le documentaire est aussi un outil pédagogique qui participe à la diffusion des connaissances dans leur véracité et à la vulgarisation de travaux historiques et scientifiques ».
Ouvrir le débat
Au-delà de la sélection des films concoctée par l’USPA, le public pourra aussi visionner sur la plateforme, dès le vendredi 8 décembre, les captations vidéo des plateaux et tables rondes de la journée de lancement. « L’objectif est de créer de la discussion et d’élargir le débat. Ces modules peuvent servir aux professeurs dans des ateliers pédagogiques par exemple ». À travers l’opération et son slogan « Le documentaire c’est nous, le documentaire c’est vous », l’USPA et ses partenaires souhaitent donner la parole au public en « croisant les regards générationnels ». Le hashtag #RetentissementDocumentaire a été créé pour l’occasion. « Il était intéressant d’imaginer différents outils pour pouvoir atteindre de nouveaux publics et notamment les plus jeunes. Nous espérons que l’opération ouvrira le débat sur les réseaux sociaux, souligne Karina Si Ahmed. Il est important à nos yeux d’aller à la rencontre du public et de lui permettre d’interagir autour des films et des tables rondes ». Selon la dernière étude du CNC sur le public du documentaire, 95 % des Français déclarent regarder des documentaires dont plus de la moitié régulièrement. « Dans un monde bouleversé, le documentaire participe au bien commun. Il permet d’amener de la nuance, de se raconter ensemble, de parler de sujets difficiles avec la mesure nécessaire pour que l’on puisse vivre mieux en harmonie ».
