Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 28 et 29 novembre 2023

Résultats des commissions

29 novembre 2023


Lola Quivoron

Parrainée par Yann Gonzalez

« Tampico est le nom du bar à hôtesses que mon grand-père Jean remet à ma grand-mère, Élise, en 1962. A cette époque, Jean gravit les échelons et devient l’homme de main des plus gros voyous du milieu nantais. Règlements de compte, braquages, discothèques, arnaques, fuite aux Antilles. La figure de ce truand a toujours été dominante dans l’histoire de ma famille, écrasant celle d’Elise, éclipsant son parcours à elle.
C’est en explorant les multiples albums photos du Tampico, que m’est venue l’idée de faire revivre par la fiction ce "bar dancing", carrefour entre la pègre et la fête, tenue par Elise de 1962 à 1983. Sur les polaroids, les sourires contractuels d’Elise et ses entraîneuses, l’exutoire de la fête et son amusement outrancier masquent la violence exercée par le milieu de la nuit. Le bar est un lieu complexe, à la fois refuge et territoire d’oppression. Je m'intéresse exclusivement aux voix des femmes dans cet univers mafieux.
Grâce à la bourse, un premier objet expérimental (film d’archives à partir du matériau photographique) aura pour but de poursuivre la recherche intime et historique autour de ce lieu interlope, d’excaver les principaux enjeux historiques pour y faire naître les points d’accroche de la dramaturgie en vue du projet de fiction. Il va falloir trouver une forme cinématographique propre. Sorte de plongée impressionniste, proche du vécu des personnages. Une fresque, peut-être à la croisée du film de mafia et de la tragédie familiale, qui nécessite de trouver son propre langage. Très concrètement, cette aide financière permettra également de mener des fouilles colossales - ouverture d’archives privées, publiques du milieu nantais et ses bars à hôtesses, développement de films, entretiens de spécialistes. Déployer la matière, lui trouver une forme, du sens, préparer le terreau avant de se mettre à écrire. »

Raed Andoni

Parrainé par Eric Baudelaire

« À ce stade, je recherche "l'aide au parcours d'auteur" afin de pouvoir me consacrer entièrement à ce projet ambitieux. Dans mes films précédents, je mettais en place un dispositif documentaire qui permettait à des événements fictifs d'interagir alors que dans ce nouveau projet, j'essaie d'explorer un langage cinématographique différent en créant une intrigue fictive dans laquelle des événements réels peuvent prendre place et interagir. »

Vero Cratzborn

Marrainée par Sarah Beaulieu

« Jusqu’à présent, j’ai travaillé principalement en fiction avec quelques incursions dans le documentaire, à la faveur de projets associatifs collectifs. J’aimerais, grâce à la bourse, retrouver la liberté de mes premiers courts métrages en Super 8 et prendre le temps de chercher une nouvelle forme de narration. Aujourd’hui, j’envisage un long métrage hybride qui tisserait les fils d’un passé exhumé – celui d’un procès du 17ème siècle dans un village des Ardennes - et du présent, une forme documentaire ancrée dans l’intimité des femmes de ma communauté lors des veillées qui rythment le quotidien du terrain.

J’ai l’intuition que ces fragments historiques, dont certains persistent dans l’oralité de notre langue, doivent s’incarner dans des voix et des corps d’aujourd’hui. J’espère que ce dialogue entre ces différents matériaux fera résonner la nécessité vitale et urgente que nous puissions porter nous-mêmes nos récits. Car nous sommes depuis longtemps dans l’Histoire et nos traces – douloureuses –mais vivantes et résilientes en font partie. »

Camille Plagnet et Jeanne Delafosse

Parrainés par Cédric Ido

« Depuis vingt ans, nous avons réalisé une vingtaine de films, seuls ou ensemble. Courts, moyens, longs, documentaires, fictions, ciné-tracts, ciné-poèmes, films d'ateliers, films de commande plus ou moins détournés. Aujourd'hui, après de nombreuses expérimentations, nous sommes en cours d'écriture de deux long-métrages : une fiction interprétée par les personnages de deux de nos documentaires, et un documentaire porté par des personnages de fiction. Le premier - Boléro chien ! - est comme une suite logique aux deux portraits que nous avons réalisés au Burkina Faso, La tumultueuse vie d'un déflaté et Eugène Gabana le Pétrolier. Leurs héros, Z et Eugène, se sont révélés êtres de si bons et singuliers acteurs que nous avons eu envie de leur écrire une vraie fiction en France. Le second - Saluez riches heureux - se situe lui dans la continuité de notre dernier documentaire, À bas !, qui faisait le portrait des héros anonymes d'une insurrection qui a eu lieu au Burkina Faso en 2014. Ce nouveau projet de film est né de notre installation récente à Douarnenez, petite ville du Finistère, et voudrait rendre hommage à la fois à l'histoire ouvrière de cette ville et à sa puissante énergie politique actuelle. L'aide au parcours d'auteur va nous permettre de nous concentrer exclusivement sur l'écriture de ces deux projets. »

Emilie Brisavoine

Parrainée par Patric Chiha

« La bourse Parcours d’auteur va me permettre de travailler à la conception d’un film documentaire pour le cinéma et d’un film de fiction. Je souhaite approfondir ma méthode d’écriture cinématographique à la frontière entre documentaire et fiction, cinéma direct et expérimentation plastique.
Mon premier projet porte sur le portrait intimiste d’une comédienne française de 40 ans. Depuis Me-Too, elle fait face à des vagues d’eczéma de plus en plus intenses. Elle brûle littéralement... elle s’interroge sur sa vie de femme et d’actrice, elle essaye de comprendre d’où vient ce feu. Alors, face à ma caméra, en contrepoint des images glamour faites par les autres, elle décide de prendre le problème à bras le corps : exhumer le passé, étudier les faits, mettre des mots sur ce qu’elle taisait. Mais pour trouver la paix, il faut faire face au refoulé, le sien et celui de la société. Comment éteindre cet incendie ?
En parallèle, je souhaite écrire un nouveau projet de fiction d’une manière plus expérimentale, en m’inspirant de mon travail documentaire. J’aimerais raconter l’histoire d’une desperate housewife qui tombe amoureuse d’une youtubeuse, médium et coach en développement personnel. J’aimerais continuer à travailler la dimension pluridimensionnelle explorée dans mes précédents films, que cela soit dans le ton ou la forme. Entremêler le réalisme sociologique, volontiers comique, du quotidien de la mère au foyer saturée de charge mentale et son univers intérieur tour à tour onirique et cauchemardesque. Son esprit apparaitrait de plus colonisé par les visions fantastiques, peuplées d’anges-guides surgies des discours de la coach et nourries de l’esthétique kitsch et populaire des vidéos YouTube. »

Maya Abdul-Malak

Marrainée par Danielle Arbid

« D’un film à l’autre, ma démarche documentaire s’est de plus en plus frottée à la mise en scène, à la fabrication, à la fiction. J’aimerais aller encore plus loin dans la recherche d’un cinéma hybride : l’aide au parcours d’auteur m’offre les moyens et la liberté de travailler hors des cases prédéfinies des genres et des formats, sur une ligne de crête : entre fiction et documentaire, à la fois fiction et documentaire. Le film sur lequel j’aimerais travailler, sur et avec des adolescent.e.s dans un collège de banlieue parisienne, inspiré de ma longue expérience passée d’enseignante, nécessitera un travail de recherche et d’écriture en collaboration avec des adolescent.e.s, puis de création en studio de séquences sous forme de tableaux, de manière à construire un portrait intime, poétique, politique de ces élèves qu’on nomme difficiles. »

Caroline Deruas

Marrainée par Jeanne Aptekman

« J’ai traversé ces dernières années une expérience de vie à laquelle je ne m’attendais pas. Pourtant, elle sommeillait en moi, attendant peut-être secrètement que je sois prête à la vivre.
C’est cette expérience, celle de la révélation d’une amnésie traumatique et de la résurgence de la mémoire que j’aimerais raconter, et bien au-delà de mon histoire, à travers deux projets. Le premier est un essai documentaire qui explore et questionne notre rapport à notre mémoire, en s’appuyant sur ma propre histoire, le second est un projet de fiction qui depuis la même base, prend son envol dans une distanciation purement romanesque. Ces projets n’en sont qu’à leurs balbutiements mais ne demandent qu’à éclore. »

Marie Larrivé

Marrainée par Jeanne Aptekman et Agnès Patron

« L’écriture de mon premier court-métrage en peinture animée, “Noir-Soleil”(2021), a été pour moi une révélation dans le plaisir de raconter des histoires. Il constitue à mes yeux un programme, un premier pas vers le style de films d’animation que je souhaite continuer à réaliser. Dès son écriture, des idées pour deux longs métrages animés sont apparues, “Le rayon bleu” et “Erika”.
D’une certaine manière, ces projets se situent dans la lignée de “Noir- Soleil”. Je souhaite continuer à explorer le pictural au cinéma. Je souhaite également continuer à me servir de l’animation pour représenter la beauté et l’étrangeté de la nature par le biais d’une animation expressive des éléments naturels qui auront une place importante dans les films. “Erika” et “Le rayon bleu” se situent aussi dans la continuité de “Noir-Soleil” car ils racontent des histoires pour adultes, difficiles, par moments terrifiantes. L’un et l’autre, ils abordent de manières très différentes, le sujet de la maladie, du handicap et de la résilience. Cependant ces deux projets sont aussi radicalement nouveaux dans mon parcours, tout d’abord par leur durée et les enjeux d’écriture que cela représente, mais aussi par les types de narration que je souhaite explorer. C'est dans cette phase cruciale d'écriture que l'aide au parcours d'auteur sera d'une aide essentielle. »

Lina Soualem

Parrainée par Cédric Ido et Eric Baudelaire

« J’ai réalisé deux documentaires, par lesquels j’ai tout appris. Avec Leur Algérie et Bye Bye Tibériade, j’ai appris à utiliser une caméra, à poser des cadres, à prendre le son, à écrire, à “mettre en situation”, à monter, à étalonner, à échanger autour des films, à raconter une société, des sociétés, des êtres, des peuples. J’ai découvert des cinémas, des festivals, rencontrés des cinéastes que j’admire et qui m’inspirent. La réalisation documentaire m’a aussi permis de trouver une place, entre les pays, entre les mondes, dans plusieurs communautés. Une place que je me suis créée à travers les films, que je fais, que je vois, que j’aime, dans un territoire imaginaire, imaginé, recrée, recomposé. Dans mes films, dans mes écrits, je m’empare de mes héritages familiaux, historiques et visuels. J’aime les interroger, les confronter, tisser des liens entre eux.
Aujourd’hui je veux me lancer dans des formes d’écritures différentes : la fiction d’un côté, et une forme d’écriture documentaire plus hybride et plus expérimentale d’un autre. Ayant à disposition de nombreux rush d’archives familiales pas encore utilisées, et ayant depuis plusieurs années collecté de nombreuses archives historiques durant la réalisation de mes deux derniers films, j’ai pour projet de travailler à partir de ces différentes sources d’images et de réaliser des films plus hybrides artistiquement - des films dans lesquels j’aimerais confronter mes images personnelles et les images historiques correspondantes - les mêmes lieux, les mêmes territoires, les mêmes êtres. J’aime l’idée de pouvoir indéfiniment “recycler” ces images qui sont miennes, ça confirme leur force de transmission, de représentation et leur richesse. Mon autre projet est celui d’écrire un long-métrage de fiction, dont j’ai la trame en tête. Un film qui répondrait à cette question qui continue à me tarauder : comment une femme apprend à naviguer et à trouver sa place entre les mondes ? »

Simon Rieth

Parrainé par Yann Gonzalez et Agnès Patron

« J’ai réalisé beaucoup de courts métrages très différents les uns des autres, avec ou sans argent, en filmant toujours des lieux et des gens que je connais et que j’aime, entouré d’une équipe composée de proches avec qui j'ai grandi professionnellement. Ces projets m'ont permis d'expérimenter beaucoup de choses, formellement et narrativement, même s'ils restent tous hantés par les mêmes thèmes à savoir montrer la jeunesse que je connais, le passage à l’adulte, le désir, les fantômes, les souvenirs, le deuil. Ils questionnent aussi la masculinité, la violence et leurs représentations. J’ai eu la chance de réaliser mon premier long métrage Nos Cérémonies à 25 ans, avec une grande liberté.
J'ai pu pousser au bout mes idées de mise en scène et de direction d’acteur.ice.s sans faire de compromis. Depuis la première projection du film à Cannes en 2022 je n’ai cessé de me poser des questions. J’ai le sentiment que ce film m’a amené à la fin d’un cycle et je ressens l’envie d’explorer des territoires inconnus. Je développe l'écriture d'un nouveau long métrage sur un martyr contemporain et ses rêves mortels, d'un documentaire sur l’image d'une jeunesse éternelle et d’un court horrifique autour d’une planète amoureuse et vengeresse. La bourse d'aide au parcours d’auteur va me permettre de disposer de temps, d’un temps qui m’est nécessaire pour chercher, imaginer et donner vie à ces nouveaux mondes. »

Olivier Babinet

Marrainé par Sarah Beaulieu et Agnès Patron

« Je travaille sur l’adaptation de l’œuvre autobiographique du cartoonist Américain Joe Matt. J’y pensais depuis longtemps. Ses livres : Strip-tease, Epuisé et Le Pauvre Type, que j’avais découvert il y a une vingtaine d’années et que j’ai relu attentivement l’année dernière, m’ont profondément marqué. Ces trois romans graphiques d’autofiction jusqu’au-boutiste, forment une seule et même histoire dont la force sous-jacente est l’histoire d’un couple. Ils constituent un terreau formidable pour réaliser un film. J’ai convaincu Alexandre Perrier de Kidam (qui a produit Swagger avec Marine Dorffman) d’acquérir les droits de Joe Matt. Puis j’ai contacté Joe, il y a environ un an. Et, après nos échanges, il a accepté de nous céder ces droits. Enthousiaste à l’idée d’une adaptation en France de son œuvre.
En travaillant sur le traitement, en décortiquant cette histoire telle que la raconte Joe Matt, je me suis rendu compte que, cachée derrière cet imaginaire foisonnant, se cachait une structure fondatrice proche de Scènes De La Vie Conjugale. Même si Le Pauvre Type a souvent un ton plus proche des Beaux Gosses que de Bergman, il s’agit de moments de la vie d’un couple sur plusieurs années. Rythmés par des ellipses temporelles.
J’ai bien conscience que pour être parfaitement fidèle à l’œuvre de Joe Matt, il faudrait faire un film Américain, qui serait certainement formidable. Mais là n’est pas mon projet. Je veux faire ce film en France. Pour me l’approprier et y mettre un morceau de moi. Car le personnage “Joe Matt“ est en chacun de nous, il existe pour nous tous. Sa sincérité jusqu’au-boutiste, son honnêteté unique, aide à vivre en acceptant nos faiblesses, nos mesquineries, nos névroses, nos addictions, notre désir dévorant, épuisant, notre insatisfaction congénitale, notre culpabilité, nos rêves naïfs d’amour de conte de fée et notre soif d’orgie sexuelle... Ce "pauvre type" fissuré par la pornographie et ses espoirs d’amour idéal, totalement rongé par la culpabilité de son éducation catholique, nous invite à regarder en face les névroses contemporaines. »

Inès Loizillon

Parrainée par Eric Baudelaire

« Trompe La Mort émane de ce travail sur l’adolescence entamé depuis 10 ans et 5 courts-métrages. Mais je m’attèle aujourd’hui à une aventure artistique plus intime, plus directement autobiographique. (…) En, effet, avec ce premier long-métrage de fiction, je veux réfléchir à la perception anorexique du monde d’une adolescente en proie à des troubles du comportement alimentaire. Peut-être qu’il y a une narration à trouver qui rendrait compte de ce que pourrait être un « regard » anorexique, une appréhension anorexique de l’existence : c’est ce que mon projet interrogera. De l’attention portée sur des détails qui pourraient paraitre absurdes au commun des mortels, une grille de lecture extrêmement précise des choses, une réalité vue à travers un prisme très spécial qu’est celui de cette maladie. Comment les signes de l’anorexie s’inscrivent dans un tout, un système, une temporalité, qu’on pourrait sentir : voilà ce que je veux m’atteler à mettre en scène dans ce film. Peut-on expliquer totalement une maladie mentale ? Je ne crois pas. Mais j’aimerais semer des indices, des pistes, des sensations afin non pas de résoudre ce mystère insoluble mais de m’en approcher, de le contempler, de me confronter avec lui (comme ma jeune héroïne anorexique Edie se bat pour guérir). J’aimerais donc aborder l’anorexie adolescente comme maladie mais aussi comme rapport au monde. Un suicide lent qui transforme notre regard sur nous-même, les choses, les êtres qui nous entourent, le réel. (…) Trompe La Mort ne sera pas une chronique naturaliste. Questionner le rire de l’anorexie, ses ruses (et à travers lui l’ambivalence de la maladie) m’intrigue et m’excite. La bravoure de l’humour ou même plus banalement ce qu’on appelle « l’élégance du désespoir » m’ont toujours interrogée et émue. Cette position me permet de renouveler mon geste de cinéma : pousser ma recherche formelle sur l’humour, via l’angle autobiographique. »

Nicolas Peduzzi

Marrainé par Danielle Arbid

« Mes trois précédents films étaient documentaires et furent financés grâce à des repérages filmés très avancés, alors que l’écriture se cherchait déjà au montage. L’urgence de capturer ce qui se passait là- bas n’a jamais permis le temps d’une recherche filmique longue. Et de toute façon, j’imaginais le papier comme un geste douloureux qui allait m’être reproché. Le langage cinématographique direct s’est donc imposé à moi - un mélange sensoriel - comme une solution évidente. Là, les mots prenaient forme grâce à ma caméra, sur l’écran. Mes films se sont ainsi réfléchis avec les personnages que je filmais, les atmosphères qui nous entouraient et les collaborateurs, souvent familiaux, qui ont accepté de me suivre. Psychiquement et financièrement, je n’avais pas le temps de m’installer dans une vraie écriture, d’explorer mon imaginaire, d’apprendre les outils pour le retranscrire sur un scénario pour l’autre. Tourner spontanément, m’engouffrer dans une somme considérable d’images, saisir au vol des fragments de vie de mes personnages, étaient mouvant, vivant, salvateur. Aujourd’hui, c’est une nouvelle personne qui élance l’idée de mon prochain film. Mais la maturité, et surtout la situation réelle de cette personne, exigent une écriture mieux travaillée de fiction, et de nouveaux collaborateurs. »

Claire Maugendre

Marrainée par Jeanne Aptekman

« J’ai intitulé le nouveau champ d’exploration qui s’ouvre à moi : La Première Image Me Manque. Il s’est trouvé à la croisée d’une question et d’une obsession. La question qui me taraude depuis longtemps : « comment une expérience aussi déformante, étrange que la grossesse peut bien servir la reproduction sociale ? » L’obsession formelle, elle, est venue en chemin déplier encore la question : il s’agit du split-screen que je pratique, depuis l’enfance, sous sa forme primitive de collage papier.
De ce nouveau sujet et avec cette nouvelle technique, deux films sont en train de jaillir : l’un est un essai documentaire sur des femmes enceintes déraisonnables, pour lequel j’ai démarré à l’automne un terrain en psychiatrie périnatale à l’Hôpital Saint-Antoine. L’autre est son versant printanier, une fiction d’émancipation érotique sur la grossesse, mainte fois démarrée et repoussée… Eros et Thanatos. L’Aide au Parcours d’Auteur vient m’offrir le temps nécessaire pour trier cette matière accumulée ces dernières années, pour mettre, à l’épreuve d’images en mouvement, mes recherches autour des collages filmiques et accomplir ma mue. »

Guillaume Lillo

Parrainé par Patric Chiha

« Pour mon premier long-métrage, je souhaite réaliser un film de fiction hybride qui mêlera des images préexistantes (films de voyage, films de famille, archives historiques) à des plans ou des séquences tournées spécifiquement. Je voudrais élargir mon dispositif à de nouvelles formes cinématographiques en vue de renforcer l’expressivité de ma pratique. Ce renouvellement représente aussi bien l’aventure esthétique du film que celle du personnage. Le film raconte une lutte pour la survie implantée au sein d’un récit de voyage fantasque et d’une enquête familiale aux accents surnaturels. D’abord fantomatique, le personnage s’incarne au fur et à mesure de ses expériences, passant du studio délabré où il vit reclus au microcosme dépaysant, à la fois merveilleux et dégoûtant de la croisière. Au cours de ce voyage initiatique, il traverse une variété de mondes, le présent et le passé, les rêves et les fantasmes jusqu’à l’au-delà. L’Aide au parcours d’auteur me permettra de mettre en place une nouvelle méthode de travail, tel un laboratoire de recherche, pour articuler les différentes strates narratives et formelles qui constitueront cette épopée à la fois réelle et imaginaire. »

Dyana Gaye

Parrainée par Cédric Ido

« Studio Kébé retrace les derniers jours avant fermeture d’un ancien studio photo de la Gueule tapée (quartier populaire de Dakar). Le photographe Moustapha Kébé et sa petite-fille Dorine en exhume les archives et décident d’organiser leur restitution aux anciens clients. À travers les époques mais toujours par le prisme du Studio, se mêleront histoires intimes et collectives, du quartier et plus largement de la ville, en musique et en chansons.
(…)
J’ai toujours nourri l’idée de travailler à une adaptation, sans jamais vraiment pousser la réflexion très loin. C’était comme posé là. Un jour je le ferai. Un jour je trouverai le titre qui s’imposera. C’est une série de romans graphiques épistolaires, qui m’accompagne depuis mon premier court-métrage. Une correspondance imaginaire, une histoire d’amour entre deux âmes sœurs que tout oppose, entre Paris et des îles imaginaires en face du Sénégal (…)
Un long-métrage et une série.
Pour le premier, il me faut pouvoir effectuer des recherches iconographiques et photographiques sur plusieurs époques, pour « inventer » l’œil de Moustapha Kébé sur près de cinquante années. Il y a également toute une recherche d’archives sonores que je souhaiterais entreprendre, aussi bien radiophoniques que musicales, pour composer la bande-son du studio au quotidien.
Pour la série, je veux tirer les fils des 7 tomes de cette correspondance, tisser une première ébauche de bible, hors normes, que je pourrais partager à mes collaborateurs.trices pour envisager son développement. »

Astrid de la Chapelle

Parrainée par Danielle Arbid et Yann Gonzalez

« Depuis que je fabrique mes films expérimentaux en toute autonomie, j’ai allègrement emprunté des points de vue qui ne sont pas les miens… minéral, animal ou encore momie. Le film a été jusqu’à présent ma réponse pour penser une nouvelle organisation visible des choses du monde, par la mise à jour de ses circulations sous-jacentes, des liens invisibles ou invisibilisés, qui dissoudraient cet agencement latent du monde et ses récits cristallisés. Mais il me manque l’humain, de la chair humaine. Je souhaite à présent écrire un long-métrage de fiction basé sur la figure du passeur·se de récit. Elle est une figure ambivalente, à l’aise partout, qui peut se détacher de son socle social, ni d’ici ni d’ailleurs. Il sera question de la manière dont on raconte le réel pour quelqu’un·e d’autre, pour faire « plus vrai » ; et pour moi de faire plus lent, en dégageant un temps dédié de recherche et un temps d’écriture plus conséquents. »

Julia Kowalski

Parrainée par Patric Chiha

« Je n’ai jamais cessé de cultiver des liens forts avec mon pays d’origine. Un rapport d’amour-haine. Une détestation contrebalancée par une tendresse infinie. Quelque chose m’émeut profondément dans le comportement des Polonais, dans leur démarche, leur style ou traits physiologiques, dans les couleurs, les odeurs, les bruits des villes et des campagnes. Parce que tout ça, c’est moi. Cette frénésie religieuse, ce virilisme de cowboys de l’est, cette fermeture d’esprit ou ces festins à base de bières, saucisses, choux, patates, c’est aussi moi, que je le veuille ou non. Et depuis la mort de mes parents, je ressens plus que jamais la nécessité de montrer, de filmer, d’archiver un monde en déclin, une génération, un mode de vie, une population, une ruralité. Ce monde décalé d’un demi-ton sur l’échelle de mon entourage français, et qui avec la mondialisation.

06 décembre 2024

Film France - CNC à Focus London

Les 10 et 11 décembre 2024, ce grand rendez-vous annuel des professionnels de la production cinéma et audiovisuelle réunira plus d’une centaine de pays pour échanger sur la production internationale. L

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