Comment est né le personnage d’Iris ?
Doria Tillier : Je ne me suis pas dit un jour que j’allais écrire un personnage comme Iris. Ça ne s’est pas fait comme ça. J’avais réalisé un court métrage à l’occasion des Talents Cannes Adami, en 2021. Maxime Saada, le président de Canal+, avait vu ce court et l’avait beaucoup aimé. Il m’a demandé de proposer quelque chose pour la chaîne. J’avais jusqu’au 1er décembre 2021 pour lui soumettre une idée. Mais je n’en n’avais pas à ce moment-là. J’ai donc commencé à écrire comme pour lui rendre une copie. (Rires.) J’ai surtout essayé d’écrire quelque chose qui soit drôle et pertinent. C’est-à-dire une série qui veuille dire quelque chose pour moi. Qui m’interpelle. Au bout du compte, Iris repose sur cette idée : pourquoi ne pouvons-nous pas dire simplement ce qui est ? Le personnage d’Iris ne cherche pas à contredire pour le plaisir de contredire. Elle veut juste dire ce qu’elle pense. Si elle était entourée de gens pensant comme elle, elle ne les contredirait pas.
Constance Verluca, comment êtes-vous arrivée sur le projet ?
Constance Verluca : Nous sommes d’abord amies dans la vie, Doria et moi. À l’époque, j’écrivais un livre pour enfants. Et c’est dur d’écrire seule ! Alors nous avons décidé de nous retrouver pour écrire ensemble. J’adore la manière d’écrire de Doria. Elle laisse beaucoup de place aux personnages. Au départ, elle donne un petit ami à Iris, un métier, mais ensuite, elle la laisse énormément vivre. Elle laisse grandir ses personnages comme s’ils existaient vraiment. Avec Doria, nous avons la même manière de penser, de nous exprimer, de voir le monde. Et j’ai l’habitude d’écrire à quatre mains, donc ça ne me faisait pas peur du tout.
De quelle manière avez-vous écrit le personnage d’Iris ?
Doria Tillier : Ce qui m’a intéressée dans ce processus a été de montrer ce qu’elle provoque chez l’autre ! Les gens disent qu’elle est pénible, mais peut-être que ce sont eux qui sont désagréables. Dans l’écriture, il a fallu être le plus sincère possible. Être toujours dans quelque chose qui sonne vrai, qui soit crédible, bien amené et ancré dans le réel. Dans une certaine mesure, j’imagine que ce personnage est inspiré de moi. Même si ce n’est pas ce que j’ai nécessairement cherché à faire. J’ai surtout voulu écrire un personnage en forme de porte-parole pour dire des choses que je pense parfois… Mais j’ai forcé le trait, bien sûr.
Constance Verluca : Ça nous amuse de voir comment les spectateurs la considèrent maintenant que la série est diffusée. Mais nous ne l’avons pas écrite comme tel au départ. D’ailleurs, je suis plus souvent d’accord avec elle qu’avec son entourage. Pour moi, c’est une vraie héroïne : elle est audacieuse. Elle a quelque chose en plus. Avec cette série, nous voulions rappeler la nécessite de remettre en question les conventions en permanence. Ce n’est pas parce que c’est la tradition qu’il faut s’y plier. Ce n’est pas parce que ça fait longtemps qu’on fait les choses ainsi qu’il faut continuer. Je crois que ça commence par ne pas hésiter à rediscuter même les petits détails, et ne pas simplement cliquer sur « accepter tout ».
Quelles sont les influences qui l’ont fait naître ?
Doria Tillier : Tout m’influence, d’une certaine manière, mais j’ai d’abord tenté de créer une série qui me ressemble. Iris ressemble un peu à l’héroïne d’Ally McBeal dans son côté jusqu’au-boutiste. Ally comme Iris sont des personnages très entiers. Elles ne capitulent pas.
Comment avez-vous conçu les répliques de la série pour qu’elles soient toujours percutantes ?
Doria Tillier : C’est assez instinctif. Je ne structure pas les choses. J’ai tendance à écrire en disant les répliques à voix haute. J’essaye et je vois ce qui marche. C’est un peu ma méthode.
Constance Verluca : Doria est une super comédienne. Elle disait le texte à voix haute pendant que nous écrivions. Elle a un immense talent d’imitatrice. Elle peut se muer en Denis Podalydès ou Pascale Arbillot et dire leurs répliques en amont pour les tester. Elle était capable de faire tous les personnages pendant l’écriture des scènes et ça, c’est un sacré cadeau pour une autrice !
Doria Tillier, vous avez créé, coécrit (avec Constance Verluca) et coréalisé (avec Jean-Baptiste Pouilloux) la série. Comment avez-vous mené de front ces trois missions ?
Doria Tillier : Il y a eu un peu d’appréhension, comme je n’avais jamais réalisé de série auparavant. Mais c’est comme ça que nous avançons. Ça me semblait logique de réaliser la série après l’avoir écrite. Ce n’était pas important que ce soit moi qui le fasse, c’était juste naturel et plus simple.
Auriez-vous envie de faire revenir Iris un jour ?
Doria Tillier : Je ne sais pas, parce que je viens de terminer la série. Ça fait deux semaines que j’ai arrêté de travailler sur Iris. Je pense que j’ai besoin d’une pause. Et à l’heure qu’il est, la faire revenir, ce n’est pas le sujet pour moi. Même si c’est vrai que j’y ai pensé pendant l’écriture. Il est possible qu’il y ait une deuxième saison un jour… C’est un personnage qui pourrait revenir aussi dans dix ans, pourquoi pas…
Constance Verluca : C’est assez inépuisable comme thématique ! J’adore Iris et je veux bien passer encore deux années avec elle !
Iris, 6x26 minutes à voir sur Canal+ et MyCanal
Créée par Doria Tillier
Écrite par Doria Tillier et Constance Verluca
Réalisée par Jean-Baptiste Pouilloux et Doria Tillier
Avec Doria Tillier, François Morel, Jeanne Balibar, Denis Podalydès…
Produite par Benjamin Bellecour, Jonathan Cohen, Jean-Toussaint Bernard, Anna Tordjman
Sociétés de production : Les Films entre 2 et 4 et Canal+
Soutien du CNC : Fonds de soutien audiovisuel (FSA) – Aide à la production (sélectif)
