En 2011, Bref marquait un tournant dans l’histoire des séries courtes françaises. Diffusée sur Canal+, la pastille du Grand Journal a séduit par son rythme effréné, sa narration en voix off percutante et son humour générationnel. Son succès fut fulgurant : des millions de vues sur les réseaux sociaux, un phénomène qui a permis de révéler Kyan Khojandi et marqué de son empreinte la comédie moderne.
Après treize ans d’absence, Kyan Khojandi a décidé de relancer la série. « La vraie question à la base était de se demander si nous avions encore des choses à dire. Quand nous avons terminé la saison 1 à l’époque, nous n’avions plus rien à raconter. Nous tournions en rond avec Bruno (Muschio, dit Navo). Nous avions peur de nous autoparodier. Alors nous avons arrêté. Depuis, il s’est écoulé treize années. Nous avons vécu plein de choses, lui et moi. Des moments de nos vies qui nous ont touchés, qui nous ont intrigués, qui nous ont fait rire. Et il y a environ trois ans, j’ai dit à Navo : je crois que nous sommes prêts à y revenir. »
Comme à l’époque, le travail d’écriture s’est déroulé dans la même dynamique avec Kyan Khojandi, Bruno Muschio et Harry Tordjman, le producteur, autour de la table. « Nous sommes trois derrière Bref. Je n’aurais rien fait sans leur accord. Nous étions tous les trois convaincus. De toute façon, je ne mets jamais l’occasion au centre de ma vie. Ce n’est pas parce qu’on m’offre l’opportunité de faire une saison 2 – ou une saison 3 – que je vais le faire. Si je le fais, c’est que j’ai une histoire à raconter. »
Une écriture dense
Si la première saison parlait d’un trentenaire insouciant, cette nouvelle mouture s’interroge davantage sur le sens de la vie et la difficulté à sortir des schémas répétitifs. « Oui, parce que l’insouciance… Il y a un moment où ça ne fonctionne plus ! Le personnage se rend compte qu’il ne construit rien. Je ne dis pas qu’il faut être fourmi, mais à force d’être cigale, on finit par le payer. »
Dans bref.2, le narrateur analyse son existence et tente de comprendre pourquoi il n’a jamais été vraiment heureux : « Dans la saison 1, il subissait et réagissait au monde extérieur. Il n’anticipait jamais ses problèmes, analyse Kyan Khojandi. Il a passé dix ans dans la même boucle : une compagne, un job, une rupture, une dépression. Il se dit qu’il est temps d’arrêter ça, de se poser, de réfléchir sur lui-même. C’est là qu’il comprend qu’il n’a jamais fait de choix et qu’il doit se prendre en main pour moins subir et commencer à vivre des choses plus sympathiques »
Frénésie rythmique
Le temps qui passe a ainsi nourri la pensée de Kyan Khojandi et donc justifié le retour de la série. Si Bref a été ce miroir de la trentaine incertaine, une réflexion sur l’amitié, l’amour et l’absurdité du quotidien, bref.2 va au-delà de cette immédiateté pour autopsier les choix que l’on fait – ou que l’on évite de faire.
Un ton plus adulte et une nouvelle manière de voir la vie, mais pas de la raconter. Cette nouvelle saison a gardé la frénésie rythmique de la pastille, fidèle à l’ADN de la série, particulièrement exigeante en termes de créativité : « Bref, et la saison 2 ne fait pas exception, c’est un concentré d’idées. Dans un script classique, une idée est développée pendant plusieurs minutes. Mais là, l’idée, nous la prenons, nous l’utilisons, et nous la jetons, détaille Kyan Khojandi. C’est une écriture très gourmande. Il en faut un vaste cocktail. Bref nécessite une tonne de bonnes idées, sauf que dans les faits, on a une bonne idée tous les trois mois… C’est pour ça que Bref demande beaucoup de temps. »
« Bref » évolue, mais reste fidèle à son ADN
Si l’âme de la série reste, son format a profondément évolué. Exit les pastilles ultra-courtes, place à une hybridation entre la shortcom et la sitcom classique. « C’est un format que nous adorons regarder et avec cette saison 2, j’ai l’impression que nous avons créé quelque chose de nouveau. Comme un mélange entre la pastille et la comédie de situation. Nous accélérons le rythme de temps en temps. Parfois, il est plus posé. » Mais Bref reste Bref. « Oui, nous avons conservé l’essence de la série, ce concept ultra-dynamique, mais mélangé avec des moments plus longs, qui ressemblent davantage à de la fiction plus classique. »
Ce retour, longuement mûri, est à la fois une renaissance et une continuité pour Kyan Khojandi, qui avoue cependant ne plus être tout à fait l’homme de Bref aujourd’hui : « J’ai un peu d’avance sur mon personnage. J’ai entamé un travail sur moi à partir de mes 25 ans. À 35 ans j’ai commencé à réfléchir à qui j’étais vraiment. Mais lui aussi se remet en question, lui aussi avance dans cette saison 2. Le fruit de l’évolution personnelle, c’est de savoir se poser des questions. Et ensuite, de se poser les bonnes questions… »
bref.2, six épisodes de 30 minutes
Créée, écrite et réalisée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio
Avec Kyan Khojandi, Laura Felpin, Baptiste Lecaplain, Bérengère Krief…
Produite par Harry Tordjman
Société My Box Content Production
Sur Disney + à partir du 14 février 2025
Soutiens sélectifs du CNC : Fonds de soutien audiovisuel (Aide à la préparation – sélectif, Aide à la production – sélectif)
