Molang, la série animée française qui a séduit le monde entier

Molang, la série animée française qui a séduit le monde entier

05 février 2020
Séries et TV
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Molang
Molang Millimages
Depuis quatre ans, un drôle de lapin coloré est plébiscité par les tout-petits à travers le monde. Molang, c'est un succès français signé du studio Millimages. Son PDG et fondateur, Roch Lener, nous raconte comment cette série d'animation jeunesse a conquis la planète.

Au tout départ, Molang c'est un petit personnage créé sur le blog d'une jeune Coréenne nommée Hye-Ji Yoon, c'est bien ça ?

C'est un personnage qui est né en Corée en 2010. Une jeune artiste coréenne, Hye-Ji Yoon, qui devait avoir 19 ans à l'époque, a dessiné ce petit personnage qui a été retenu par la messagerie KakaoTalk pour devenir l'une des premières émoticônes. On a fait la connaissance de ce lapin par un intermédiaire, qui travaillait pour nous sur un dessin animé. Alors, on a acquis les droits et on a conçu ce dessin animé, Molang, à qui on a donné une histoire.

Comment avez-vous conceptualisé une série à partir d'une émoticône ?

Molang, c'est déjà un personnage très charismatique. Parce qu'on ne sait pas qui il est, ni d'où il vient. Mais c'est du design. On sait que ça parle de bonheur, d'amitié, d'empathie… On a développé cette série, ses histoires et son univers graphique autour de ces valeurs qui se dégagent de l'aspect physique de Molang et de son acolyte, Piu-Piu. L'idée était de trouver une narration qui soit tout à fait en phase avec la symbolique visuelle des deux personnages. Tout est par exemple en rondeur, sans angle. Cette consistance du travail artistique fait aujourd'hui la force de Molang.

La force de Molang, ce sont aussi des épisodes courts et efficaces ?

On a fait des formats de 3 minutes 30 les trois premières saisons, et de 5 minutes pour la quatrième car on s'est aperçu qu'on avait beaucoup plus de choses à raconter. C'est notre format idéal aujourd'hui. On est diffusé dans plus de 200 pays, sur des chaînes renommées, et à des créneaux horaires qui sont propices. Molang enregistre donc des audiences importantes à l’international, que ce soit en Amérique latine, en Amérique du Nord, en Europe ou en Asie. On se rend compte que le design de notre série, et les histoires qu'on raconte, intéressent le monde entier.

Comment expliquez-vous ce succès à l'international ?

Parce que les thèmes du bonheur et de l'amitié intéressent les enfants ! Et les adultes aussi. Molang est diffusé à destination des préscolaires à la télévision. Mais on a aussi une activité très importante sur les plateformes et les réseaux sociaux, grâce à des contenus originaux – des épisodes différents - qui font 30 secondes ou une minute. Et là notre cible, ce sont plutôt les jeunes adultes. Finalement, qu'on soit préscolaire, adolescent, jeune adulte ou même senior, on cherche tous les mêmes choses : le bonheur, l'amitié et l'empathie...

Combien de personnes travaillent à l’année pour faire une saison de Molang ?

On fait aujourd’hui 52 épisodes de 5 minutes par saison. On a une équipe de 60 personnes qui travaille à l'année sur cette production 100% française, pour la partie design et animation. C'est un rythme très soutenu, parce que chaque épisode raconte des histoires très différentes, avec une création graphique dédiée à chacune d’entre elles, en respectant les codes de Molang. On a très peu de réutilisation, au sens industriel du terme. Il y a un travail artistique vraiment ambitieux.

 

Dans la série il y a également un langage inventé, qui mélange plusieurs langues…

Le vocabulaire s'est créé au fur et à mesure des épisodes. Il compte aujourd'hui plusieurs centaines de mots qui sont réutilisés régulièrement. Lorsque les gens reconnaissent une sonorité, un pont se crée entre le spectateur et le contenu, comme une forme d’affection. On retrouve donc dans ce langage pas mal de mots à consonance latine, mais aussi anglo-saxonne ou asiatique...

Ce langage universel permet-il de s'exporter plus facilement ?

Oui, c'est une évidence. Il permet d'éviter les aléas du doublage mais aussi des calendriers de doublage : certains diffuseurs doublent en deux semaines et d'autres en deux mois. Or, il est important que les épisodes soient tous diffusés au même moment, cela créé un "momentum" qui est favorable à la croissance de la notoriété de Molang.

Vous avez fait plus de 200 épisodes à ce jour. Est-ce difficile de trouver de nouvelles idées, de rester créatif ?

L'écriture est toujours un exercice difficile. Mais à partir de la saison 4, Molang visite l'Histoire et les cultures ainsi que les mythologies et les légendes, ce qui offre un réservoir très important en termes de récits. Nous sommes actuellement en train d'écrire la saison 5 qui devrait entrer en production au cours du printemps. Je dois dire qu'on a de la chance, parce que Molang est un personnage transculturel, mais aussi transgénérationnel. A l'époque actuelle, on a cette possibilité de jouer avec différents leviers, notamment à travers les réseaux sociaux et les nouveaux médias, ce qui nous a permis de développer Molang de manière très efficace, très rapidement, en à peine quatre ans d'existence.