« Ad Vitam », « Les Revenants », « Belphégor » : 8 séries fantastiques françaises

« Ad Vitam », « Les Revenants », « Belphégor » : 8 séries fantastiques françaises

10 janvier 2019
Séries et TV
Les Revenants
"Les Revenants", saison 2 Jean-Claude Lother - Haut et Court - Canal+

Alors qu’Arte donne le coup d’envoi ce jeudi d’Ad Vitam, sa nouvelle série d’anticipation, retour sur ces fictions qui ont plongé les téléspectateurs dans une ambiance fantastique.


Belphégor ou le Fantôme du Louvre (1965)

Si aujourd’hui les séries fantastiques se font rares sur le petit écran - les fictions policières ayant pris le dessus -, la situation n’était pas la même à l’époque de l’ORTF. Les producteurs, alors en pleine découverte du petit écran, avaient un certain goût pour le surnaturel. Diffusé en mars 1965 sur la première chaîne de l’ORTF, Belphégor (Belphégor ou le Fantôme du Louvre) est le parfait exemple de l’attrait de la télévision pour le fantastique. Créée par Claude Barma, la série met en scène un jeune étudiant (Yves Rénier) qui enquête sur une mystérieuse présence au sein du Louvre. Adaptée d’un roman de 1927 d’Arthur Bernède, elle est considérée comme l’une des premières fictions à succès du petit écran français. Dans une France où de nombreux ménages n’ont pas de poste de télévision, près de 15 millions de personnes, selon les estimations de l’époque, ont suivi Belphégor avec Juliette Gréco. « Certains parents interdirent à leurs enfants de regarder Belphégor. Des enseignants protestèrent, estimant que la silhouette terrifiante du fantôme traumatisait leurs élèves et troublait leur sommeil », a confié Claude Barma en 1985 au Figaro.

La Brigade des maléfices (1971)

Maigret au pays des fées, des vampires, du diable, des fantômes et des sciences occultes… Dans la série La Brigade des maléfices, diffusée en 1971 sur la deuxième chaîne de l’ORTF, l’inspecteur Paumier (Léo Campion), accompagné de son second Albert (Marc Lamole), est chargé par la préfecture de police de Paris de s’occuper des affaires que la science n’arrive pas à résoudre. Des cas qui les conduisent même à croiser la route du Diable, alias Pierre Brasseur. Le duo, qui a eu droit à six épisodes, traverse la capitale dans un side-car jaune et rouge. Imaginée par Claude Guillemot et Claude-Jean Philippe, la série ose un mélange des genres en mixant le policier avec le fantastique. Un cocktail complété par une dose d’humour, un ton décalé et une toile de fond évoquant des grands sujets de société de l’époque, notamment l’urbanisation et la société de consommation.

Noires sont les galaxies (1981)

Diffusée entre mai et juin 1985 sur Antenne 2, Noires sont les galaxies a marqué par son ambiance très sombre et angoissante, rare à cette époque sur le petit écran. Cette mini-série, écrite par Jacques Armand et réalisée par Daniel Moosmann, explore aussi bien le genre fantastique que celui de l’horreur. Le téléspectateur suit un jeune médecin qui enquête sur un trafic de cadavres humains. Il découvre que des extraterrestres volent des corps afin de s’y installer. De quoi traumatiser la population qui voit ainsi revivre des morts. Rappelant L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman (1978) – qui montre des doubles créés par une plante, qui prennent la place des vraies personnes dans leur sommeil  -, la série Noires sont les galaxies est connue notamment pour ses scènes impressionnantes montrant des plantes faisant exploser des corps. Portée par Catriona MacColl, Richard Fontana, Catherine Leprince et François Perrot, la série instille une bonne dose de paranoïa.

Greco (2007)

Une seule saison de Greco a été diffusée par France 2 en mai 2007. Dans cette série créée par Philippe Setbon, Philippe Bas incarne Matthias Grecowski, un capitaine de police plongé dans le coma après une intervention qui s’est mal déroulée. Lorsqu’il se réveille, il est victime d’étranges visions et découvre qu’il peut désormais communiquer avec les morts. Il est ainsi « contacté » par de nombreuses personnes disparues qui demandent justice. Ce pitch n’est pas sans rappeler la série Ghost Whisperer, diffusée aux Etats-Unis entre 2005 et 2010 (et en France à partir de 2007), qui suivait une jeune femme aidant des morts à faire passer un dernier message à leurs proches. Greco est également à mi-chemin entre Cold Case – sur une brigade rouvrant des affaires classées – et Haunted, dont le héros est un policier qui voit des morts après un accident.

Les Revenants (2012)

Lauréate de l’International Emmy Award 2013 de la meilleure série dramatique, la fiction Les Revenants est l’un des exemples les plus marquants du renouveau du fantastique sur le petit écran. Diffusée sur Canal + entre novembre et décembre 2012, la première saison a été plébiscitée aussi bien par la critique que par le public. Créée par Fabrice Gobert et adaptée du film éponyme réalisé par Robin Campillo, elle a été suivie en moyenne par 1,4 million d’abonnés. Rassemblant Anne Consigny, Ana Girardot, Guillaume Gouix, Céline Sallette et Clotilde Hesme, la série suivait le grand bouleversement vécu par une ville de montagne lorsque de nombreuses personnes décédées depuis plusieurs années reviennent à la vie. Captivante sans pour autant utiliser les codes traditionnels des films de zombies, elle a tenu en haleine les téléspectateurs grâce à un scénario mystérieux et à une ambiance profondément angoissante. La saison 2, diffusée en 2015, a eu moins de succès avec un compteur affichant seulement 610 000 curieux en moyenne pour ses deux premiers épisodes.

Intrusion (2015)

Pyrénées d’or de la meilleure série/mini-série au Festival de Luchon 2015, Intrusion a été diffusé en mai 2015 sur Arte. Cette fiction en trois épisodes rassemblait Judith El Zein, Marie Kremer, Eric Berger et Jonathan Zaccaï. Imaginée par Frédéric Azémar, Quoc Dang Tran et Florent Meyer, la série suivait Philippe Kessler, un célèbre pianiste dont le frère jumeau est décédé alors qu’il n’était qu’enfant. La vie de ce musicien bascule un beau jour lorsqu’il est victime de violents maux de tête et de visions étranges. Cette descente aux enfers complexe oscille entre thriller psychologique et fiction surnaturelle. Une série ambitieuse dans le panorama télévisuel de l’époque pauvre en œuvres fantastiques.

Dead Landes, les escapés (2016)

Créée et écrite par le duo François Descraques et François Uzan, la série Dead Landes, les escapés puise son inspiration dans des univers totalement différents. Ses auteurs ont visé large en piochant des éléments aussi bien dans The Walking Dead que dans Lost, les disparus ainsi que dans les comédies The Office et Parks and Recreation. Des influences étonnantes qui donnent un ton décalé à la série. Diffusés sur France 4 en décembre 2016, les dix épisodes explorent aussi bien l’horreur et le fantastique que la comédie et l’absurde façon Les Bronzés. Un grand écart déroutant qui fait toute l’originalité de cette série qui innove et ose. Interprétée par Baptiste Lecaplain, Thomas VDB, Sören Prévost et Julie Farenc-Deramond, Dead Landes, les escapés plonge au cœur d’un petit camping des Landes où se produisent d’étranges phénomènes surnaturels. Après des tremblements de terre et la chute d’objets volants non identifiés, un mystérieux brouillard envahit le lieu et isole les vacanciers.

Ad Vitam (2018)

Ad Vitam est la dernière-née des séries fantastiques françaises. Lancée le 8 novembre sur Arte, elle met en scène un monde dans lequel l’un des grands rêves de l’humanité s’est réalisé. Grâce à un processus de « régénération », les personnes ne vieillissent plus et la mort est – presque - de l’histoire ancienne. Mais une vague de suicides de jeunes vient bientôt secouer la société. Une affaire que doit résoudre Darius (Yvan Attal), un policier centenaire. Cette série d’anticipation de Thomas Cailley, créée et écrite avec Sébastien Mounier et co-réalisée avec Manuel Schapira, interroge sur la question de l’immortalité et de la place laissée aux jeunes dans une société qui ne vieillit plus. Ad Vitam propulse le téléspectateur dans une dystopie résonnant avec les grandes questions de notre époque. Cette série offre une facette plus originale de la fiction policière qui fait les beaux jours, en termes d’audience, du petit écran d’aujourd’hui. La série a été soutenue par le Fonds d’aide à l’innovation du CNC et a également reçu l’aide à la création visuelle ou sonore par l’utilisation des technologies numériques de l’image et du son-CVS.