Qu’est-ce qui vous a donné envie de mettre en scène une comédie romantique ?
Avec Mon inconnue, j’ai voulu raconter une histoire d’amour basée sur un questionnement très personnel : que serais-je devenu si je n’avais pas rencontré la femme de ma vie ? Et ce postulat m’offrait de la matière pour à la fois faire une comédie et raconter quelque chose de plus profond sur l’amour et la manière de coexister et de grandir à deux. La comédie romantique s’est donc imposée à moi. Et tout de suite, évidemment, me sont venus en tête des sommets du genre que j’adore comme Un jour sans fin, Coup de foudre à Notting Hill, Love actually ou Il était temps qui ont forcément influencé mon écriture.
Des références uniquement anglo-saxonnes donc ?
Oui parce que c’est un genre qu’ils ont inventé et où ils restent les meilleurs, même s’il y a des exceptions françaises comme Jeux d’enfants ou L’arnacoeur. En fait, je pense qu’il existe un cynisme ancré dans notre culture qui crée un blocage mais il m’est complètement étranger. Et puis trop souvent, on a tendance à négliger un des deux mots qui composent le genre : comédie ET romantique. Or, il faut vraiment faire rire pour ne pas se lasser de cette romance. Et vraiment assumer la romance pour ne pas laisser la seule parole à la gaudriole sous peine d’empêcher toute identification.
Comment réussit-on ce numéro d’équilibriste ?
Moi, j’aime faire rire dans les moments tristes, comme un exutoire et émouvoir par un geste ou un regard dans une scène en apparence comique. En fait, je ne me pose jamais la question de perdre ou non le spectateur car mon but est de raconter une histoire construite comme une aventure que ces scènes – drôles ou émouvantes – vont forcément faire avancer dès lors qu’elles ne sont pas posées gratuitement. D’ailleurs, dès les premières scènes, j’instaure cette idée de jeu avec les spectateurs : j’ouvre ainsi Mon inconnue comme un film de science-fiction post-apocalyptique, sans qu’on sache à ce moment-là qu’il s’agit du type de BD qu’écrit mon personnage principal. Ce parti pris donne le la pour la suite : cette idée de surprises et de ruptures qui demande aux spectateurs d’être attentifs.
Comment une comédie romantique se construit-elle à l’image ?
Avec une attention particulière pour les comédiens qui sont vraiment essentiels dans ce genre de mécanique où la moindre erreur de rythme peut tout réduire à néant. Il faut également trouver un équilibre entre l’émerveillement indispensable pour faire rêver les gens et un certain réalisme pour qu’on puisse s’identifier aux personnages. Et ce véritable boulot de funambule se poursuit jusqu’au montage.
C’était important que ce ne soit pas des visages immédiatement identifiables par tous (François Civil, Joséphine Japy et Benjamin Lavernhe) pour incarner ces personnages ?
Oui même si c’est moins le cas aujourd’hui qu’au moment de l’écriture pour François (Civil). Et même si cela impliquait de faire Mon inconnue avec moins d’argent que nécessaire. Parce que je voulais que la seule star du film soit l’histoire. Je pense que la force d’identification des spectateurs sera décuplée à partir du moment où mes deux comédiens sont un peu vierges d’expériences dans ce style de cinéma. Comme ce fut le cas pour Guillaume Canet et Marion Cotillard dans Jeux d’enfants qui marquait leur toute première incursion dans le genre.
Mon inconnue, au cinéma le 3 avril.