L'œuvre de Jacques Rozier ne pourrait se résumer aux quatre longs métrages de fiction à son actif entre 1962 et 1986. Le cinéaste, lauréat du Prix Jean Vigo pour Maine Océan en 1986 et du Carrosse d'or pour l'ensemble de sa carrière en 2002, a usé de tous les formats (télévision, courts métrages, essais vidéo...) afin de représenter son imaginaire débordant. La Cinémathèque française rend hommage à sa créativité excentrique dans une rétrospective organisée du 10 au 28 novembre. A l'occasion de la soirée d'ouverture, Jacques Rozier viendra présenter son deuxième long métrage, Du côté d'Orouët, comédie ensoleillée dans laquelle Bernard Menez fait ses débuts en tant qu'acteur. Cette fuite de trois jeunes filles vers la Côte de Lumière fait écho au premier film du cinéaste, Adieu Philippine, où un machiniste et deux amies inséparables échappent à leur quotidien en sillonnant les routes de l'île de beauté.
En plus de maitriser parfaitement la dilatation du temps et des saisons dans ses films, Jacques Rozier y distille parfois un commentaire politique - comme dans Adieu Philippine (1962), où il aborde le sujet de la Guerre d'Algérie dans un contexte de censure. Le cinéaste de 94 ans se déplacera aussi le jeudi 11 novembre pour présenter Les Naufragés de l'île de la Tortue avec Pierre Richard et Jacques Villeret. Souvent mésestimée, cette ambitieuse comédie, restaurée en 4K par les soins du laboratoire Hiventy, reprend les thématiques chères à Rozier, notamment celles du voyage et des rencontres fortuites. Cette rétrospective se déroulera dans un contexte particulier pour le metteur en scène, qui avait lancé un appel au secours en juillet dernier, suite à la menace d’expulsion de son logement à Neuilly-sur-Seine.