De quoi parle Sauvage ?
C’est le portrait d’un mec très libre et très amoureux. C’est une phrase que j’ai donnée à la première interview pour le dossier de presse et que je trouve très juste sur le personnage.
Avez-vous eu peur, à la première lecture du scénario, de ce sujet mettant en lumière sans concession la prostitution ?
J’avais déjà une aisance avec les histoires de nudité, de corps sexuel. Aux Beaux-Arts (il a étudié entre 2012 et 2013 à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Bourges ndlr), j’ai appris à me mettre nu pour l'art. J’ai lu le scénario d’une traite. J’ai senti mes tripes se retourner et je savais qu’il fallait que je fasse ce rôle. Dans le film, il y a une espèce de pesanteur et un naturel désarmant de certaines discussions qui peuvent faire rire, ça permet aux gens d’avoir une sorte de respiration humaine au milieu d’un paysage qui peut paraître inhumain.
Votre personnage, Léo, est à l’opposé de celui d’Ahd (Eric Bernard), lui aussi prostitué mais qui a du mal à supporter cette situation qui le dégoûte…
Mon personnage est très libre, celui d’Eric a envie de fuir. C’est la base de la relation entre les deux personnages. Le mien s’en moque de se prostituer, il n’a pas de jugement là-dessus. Alors qu’Ahd a plus de mal à assumer le fait d’avoir des sentiments amoureux pour un autre garçon. Pour Léo, c’est une chose évidente. Ce n’est pas une revendication, c’est un fait.
Comment avez-vous travaillé ce personnage ?
C’est assez drôle car on a vraiment voulu créer un espace de fulgurance dans le film où on partage le quotidien de cet homme qui est un peu un ovni parmi ses confrères prostitués : il n’a aucun mal à embrasser les clients, il peut prendre du plaisir, il ne compte pas son argent… Il n’a pas la même conception que les autres. Lui se laisse porter par les vagues, c’est comme une goutte d’eau dans la mer.
Le titre surprend au départ mais colle finalement vraiment bien au film…
Il ne faut pas voir « sauvage » dans le sens « agressif ». C’est plutôt « qui n’a pas subi la civilisation, l’organisation des systèmes ».
Parlez-nous du personnage d’Ahd (Eric Bernard), hétérosexuel qui gagne sa vie en se prostituant auprès d’autres hommes ?
Il est juste tombé amoureux de Léo. C’est étonnant pour lui car il n’a pas l’impression d’être homosexuel. Il ne l’est d’ailleurs sûrement pas. Il est juste tombé amoureux d’un garçon. Le film essaye d’explorer au-delà de l’homosexualité. Il traite de l’amour sans convention sociale. La sexualité qui est montrée dans le film est technique. C’est la production de la prostitution. Il n’y a aucun désir dans les scènes de sexe. C’est ce qu’on voulait montrer. Si on avait fait des scènes sensuelles, le film n’aurait pas eu de sens.