Ses premières apparitions à l’écran (1927-1928)
Les premières apparitions de cette femme de spectacles sur le grand écran sont fortement liées à son métier. Ainsi, le premier film où elle est apparue n’est autre qu’une « captation » d’une de ses performances scéniques aux Folies Bergère : La Folie du jour (1927) de Joe Francis, gardant une trace, entre autres, de sa légendaire danse avec une ceinture de bananes. La même année et toujours sous la direction de Joe Francis, le long métrage muet La Revue des revues utilise la fiction, et plus particulièrement l’histoire d’une pauvre couturière (Hélène Hallier) introduite au monde du théâtre, comme prétexte pour présenter les spectacles de music-hall de l’époque, dont deux numéros de Baker.
(ci-dessus Joséphine Baker dans La Revue des Revues)
Toujours en 1927, elle obtient son premier rôle fictionnel dans La Sirène des tropiques, film sentimental de Mario Nalpas et Henri Etiévant où l’artiste interprète Papitou, une jeune danseuse qui va sauver un homme fiancé (Pierre Batcheff) d’un piège tendu par le parrain de sa promise, et en tomber amoureuse. Derrière la caméra, on y retrouve nul autre que Luis Buñuel, en assistant-réalisateur, deux ans avant de réaliser Un chien andalou avec Salvador Dalí.
(extrait de La Sirène des tropiques)
Un an plus tard, c’est dans Le Pompier des Folies Bergère, court métrage servant d’avant-spectacle à un « show » des Folies Bergère qu’elle apparaîtra dansant une variation du « charleston » dans les couloirs d’une station de métro parisienne.
(Le court métrage, Le Pompier des Folies Bergère. L’apparition de Joséphine Baker a lieu autour de 2 minutes 40)
Le succès sur pellicule (1934-1945)
En 1934, Joséphine Baker tient le rôle-titre de Zouzou de Marc Allégret, qui en plus de marquer son passage au cinéma parlant, la verra jouer aux côtés d’une autre grande vedette de l’époque, Jean Gabin. Elle y interprète une orpheline adoptée par un forain, qui va lui apprendre les arts du cirque auprès de son frère adoptif Jean (Gabin, lui-même), dont elle finira par tomber amoureuse.
(extraits de Zouzou, où on peut entendre Joséphine Baker parler, pour la première fois à l’écran)
Continuant dans sa lancée, la star interprète à nouveau le rôle principal de Princesse Tam Tam (1935), de Edmond T. Gréville où elle incarne Aouïna, jeune fille tunisienne introduite dans la bonne société parisienne par un écrivain célèbre, Max de Mirecourt (Albert Préjean). Ce film est aussi l’occasion pour celle qui vient du music-hall de chanter deux morceaux coécrits par son compagnon et mentor de l’époque, Pepito Abattino.
(« Sous le ciel d’Afrique », chanson tirée du film Princesse Tam Tam)
C’est d’ailleurs à nouveau dans le rôle de « Princesse Tam Tam » qu’elle apparaît dans Moulin-Rouge (1941) d’Yves Mirande et André Hugon, cette fois de manière plus discrète. Avant de connatre son dernier grand rôle de fiction dans Fausse Alerte (1945) de Jacques de Baroncelli où sur fond des peurs de la société française à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, on suit les conflits et réunions de voisins obligés de se retrouver dans le même abri, dont Baker interprétant Zazu Clairon, une danseuse des îles.
(chanson de Joséphine Baker dans Fausse Alerte)
Des apparitions moins marquées (1955-1970)
Après 1945, les apparitions de Joséphine Baker au cinéma se feront très rares, à l’exception d’un film musical allemand, An jedem Finger zehn (1954) d’Erik Ode où elle fait un petit caméo en tant que chanteuse. Plus remarquable est le court métrage documentaire de Marco Blaser, Joséphine Baker (1970) où elle prend position sur des thématiques telles que la guerre du Vietnam et la ségrégation raciale, affirmant haut et fort qu’elle était bien plus que l’image de danseuse avec des bananes à laquelle on avait pu la réduire alors. Aujourd’hui, avec sa panthéonisation, c’est justement à toutes les facettes de Joséphine Baker que nous rendons hommage : la danseuse, comme la chanteuse, la résistante aussi bien que la femme engagée de l’après-guerre.