Les « Enfants des Lumière(s) » découvrent leurs courts métrages au Forum des images

Les « Enfants des Lumière(s) » découvrent leurs courts métrages au Forum des images

06 mai 2024
Cinéma
Les élèves du collège Max-Dormoy, Paris XVIIIe
Les élèves du collège Max-Dormoy, Paris XVIIIe CNC - Mehrak Habibi

Le 30 avril dernier, le Forum des images a accueilli la projection des films des Enfants des Lumière(s). L’aboutissement de deux ans de travail pour ces élèves qui ont bénéficié du dispositif du CNC.


Un peu avant 14h, dans l’artère souterraine des Halles où se trouve le Forum des images, à Paris, des groupes de jeunes cinéphiles remplacent peu à peu la foule habituelle de clients du centre commercial. « Mettez-vous deux par deux et les uns derrière les autres, les enfants ! Et surtout, le doigt sur les lèvres… ». Difficile d’en vouloir à ces Enfants des Lumière(s) d’exprimer parfois bruyamment leur excitation. Ils s’apprêtent à découvrir sur grand écran les courts métrages sur lesquels ils travaillent depuis deux ans. « Tout le monde n’a pas cette chance ! », affirme Aïssa, élève au collège Flora Tristan, dans le XXe arrondissement de Paris. Avec sa classe de 5e, elle a réalisé Per Adstra Per Aspera, un court métrage qui raconte l’aventure de dieux de l’Olympe décidés à participer aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Classe par classe, les cinéastes en herbe investissent l’impressionnante salle 500 du Forum des images, et se prêtent au jeu du « photocall ». « Souriez, après il y a un goûter ! ». Sur l’écran, les affiches conçues par les élèves eux-mêmes se dévoilent. Cinq établissements présentent des courts métrages aujourd’hui et les plus jeunes participants sont en CM1.

À leur tour de briller

Développé en 2015 par le CNC, le dispositif d’éducation à l’image des Enfants des Lumière(s) permet chaque année à dix classes (écoles, collèges et lycées) des Académies de Paris, Créteil et Versailles d’appréhender les métiers du cinéma. Pendant deux ans, les élèves – accompagnés de leurs professeurs et de professionnels du cinéma – visionnent des films, étudient l’histoire du septième art et travaillent sur la réalisation d’un court métrage de dix minutes. L’objectif est de solliciter tous les professeurs d’une classe pour proposer un enseignement pluridisciplinaire et de faire travailler les élèves différemment en intégrant le cinéma dans chaque discipline. Il s’agit aussi de permettre aux élèves en difficulté de trouver leur place et de donner un sens aux apprentissages grâce à un travail concret.

Les Enfants des Lumière(s) au Forum des images CNC - Mehrak Habibi

Les élèves des cinq classes en première année du dispositif sont également présents aujourd’hui, pour découvrir les films de leurs camarades. L’an prochain, ce sera à leur tour de briller.

Je n'imaginais pas l'écran aussi immense.
Pablo, 12 ans

Alors que la salle se remplit, le sentiment d’impatience n’augmente pas seulement du côté des enfants : « Nous avons hâte de découvrir le film sur grand écran, dans les meilleures conditions ! », avoue Thomas, professeur de mathématiques au collège Elsa Triolet, au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne). « Nous avons mis en place une classe cinéma il y a huit ans au collège. C’était logique pour nous de postuler au dispositif Enfants des Lumière(s), il y a deux ans. » Les élèves de 3e de Thomas ont imaginé Sans issue, un thriller où une bande de cinq amis doit s’échapper à tout prix d’un garde-meuble où l’on voudrait les retenir… « Les élèves ont été très volontaires, ils ont beaucoup écrit et appris à jouer. Ils se sont rendus à la Cinémathèque de Paris. En travaillant sérieusement, ils ont livré un beau scénario et nous sommes très fiers d’eux ».

Pendant les discours introductifs des représentants du Forum des images, des Académies de Versailles, Créteil et Paris, et du CNC, la tension monte. « Je n’imaginais pas l’écran aussi immense. On va me voir là-dessus ? », demande discrètement Pablo, en 5e au collège Max-Dormoy, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Élèves et professeurs prennent le temps d’applaudir pour saluer la présence dans la salle de la fondatrice du dispositif des Enfants des Lumière(s), Danielle Fouache.

Les élèves de l’école élémentaire Louis Blériot, Le Bourget (93) © CNC - Mehrak Habibi 
Je rêvais du projet des Enfants des Lumière(s) pour mes élèves depuis des années. 
Abdel-Kader, professeur d'Histoire-Géographie au collège Max-Dormoy (Paris XVIIIe

C’est enfin le grand moment. Les élèves découvrent les making-of de leurs films, puis leurs créations pour la première fois sur grand écran. Après chaque projection, les lumières de la salle se rallument pour laisser les jeunes vedettes profiter d’une puissante ovation. Science-fiction, comédie, thriller, aventure, fantastique… Les Enfants des Lumière(s) ont exploré tous les genres. « Je crois que je peux le dire : je rêvais du projet Enfants des Lumière(s) pour mes élèves depuis des années », se réjouit Abdel-Kader, professeur d’Histoire-Géographie au collège Max-Dormoy. « C’est un travail exigeant parce que les élèves écrivent sur une année et ne tournent que l’année suivante : ils doivent se projeter dans le temps. C’est magique pour eux, et nous, de voir l’aboutissement d’un projet qui a commencé par des dessins ».

Dans La Pellicule perdue, le film réalisé par les élèves d’Abdel-Kader, un quatuor d’amis se retrouve aspiré, lors d’une visite à la Cinémathèque, dans l’univers des films. Une fiction en forme de mise en abîme, tournée à la Cinémathèque Robert Lynen à Paris. Laure Leroyer, directrice de cet établissement, est venue assister à la projection : « Les enfants sont venus tourner pendant une semaine, pleins d’énergie et d’envie. Ils posent un autre regard sur un endroit que nous connaissons de l’intérieur : c’est très réussi ! ».

Les lumières se rallument sous un dernier tonnerre d’applaudissements pour les cinq œuvres qui viennent d’éclore sur grand écran. Autour du goûter, certains élèves se promettent de poursuivre leurs aventures cinématographiques, tandis que les première année rêvent déjà à leur moment de gloire. Plus qu’un an avant le triomphe, et le dixième anniversaire du dispositif !