Le magnétisme du regard de Liz Taylor en Cléopâtre a assis sa stature de reine d'Hollywood. La Cinémathèque française célèbre la passion qui jalonne la filmographie de l'actrice - comme sa vie personnelle - dans une rétrospective organisée du 1er décembre au 5 janvier prochain. Plus d'un mois de séances pour redécouvrir une œuvre riche, où l'art se calque sur la vie, et inversement. Cette célébration s'ouvrira avec la projection du film Géant de George Stevens, œuvre titanesque par sa durée (3 heures et 20 minutes), son casting (Taylor y donne la réplique à James Dean et Rock Hudson) et son ambition scénaristique. Elizabeth Taylor irradie ce western sur fond de guerre du pétrole par son jeu nuancé et ses maintes transformations physiques - elle y interprète « cinq âges différents, dont une grand-mère ». Connue pour ses interprétations à fleur de peau, la comédienne anglo-américaine a crevé l'écran dans des adaptations de pièces de Tennessee Williams (Soudain l'été dernier, La Chatte sur un toit brûlant) et reçoit deux Oscars pour La Vénus au vison de Daniel Mann et Qui a peur de Virginia Woolf ? de Mike Nichols.
L'un des autres temps forts de cette rétrospective sera la diffusion du Chevalier des sables de Vincente Minnelli, où Liz Taylor retrouve une énième fois l'homme qu'elle a épousé à deux reprises : le comédien Richard Burton. Ce dernier joue un pasteur tombé sous le charme de Taylor en peintre anticonformiste aux mœurs très libres. Malgré un accueil critique glacial et une polémique autour des cachets du couple star, le film se démarque par sa singularité dans l'œuvre de Minnelli. La projection de The Sandpiper (en version originale) sera suivie d'une discussion avec la critique Murielle Joudet - l'occasion d'aborder la relation fusionnelle et tumultueuse qui liait Elizabeth Taylor et Richard Burton, sur la toile comme en coulisses. Celui dont elle parlait en ces termes - « Depuis toute petite, je croyais être prédestinée, et si cela est vrai, Richard Burton, assurément, était mon destin. » - a contribué à la théâtralisation des performances de Taylor. Que ce soit avec ou sans Burton, Elizabeth Taylor a surtout mis à mal le puritanisme de son époque grâce à sa dévotion totale au septième art. Un lâcher-prise émotionnel et corporel, testament d'une infinie liberté qui irradie encore le cinéma, dix ans après sa disparition.