« La naissance du cinéma camerounais semble aussi tourmentée que la naissance de la nation camerounaise », explique le réalisateur Jean-Pierre Bekolo dans son introduction à la rétrospective « Les OVNIs du cinéma camerounais », organisée du 13 au 15 mai prochains au musée du Quai Branly. Déjà passé par l'institution parisienne en 2007 pour une installation vidéo sur la diaspora africaine et en 2018 pour une rétrospective de son œuvre, le réalisateur de 55 ans revient cette année pour présenter une sélection de six films emblématiques de la modernité du septième art camerounais. Le cycle débutera vendredi 13 mai avec la projection de son long métrage Les Saignantes, destin de deux femmes fatales responsables de la mort d'un homme de pouvoir dans un Yaoundé légèrement futuriste. Un film de genre avant-gardiste entre comédie et horreur, primé au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou en 2007.
Cette séance sera complétée le lendemain par la diffusion de Bikutsi Water Blues (1988) de Jean-Marie Teno. A travers le regard d'un adolescent de 13 ans, ce docu-fiction aborde la problématique de l'accès à l'eau potable pour la population africaine et les solutions proposées par une jeunesse créative et engagée. Au même moment, une autre salle proposera le moyen métrage Asientos (1995) de François Woukoache, plongée abstraite dans l'océan de souffrances créé par la traite négrière. La journée se poursuivra avec Foumban is Wakanda (2022) - un court métrage de science-fiction collectif réalisé en réponse à la vision américano-centrée de l'Afrique du futur. Enfin, la rétrospective se terminera le dimanche 15 mai avec le long métrage de Bassek Ba Kobhio sur l'irruption d'un enseignant progressiste dans un village figé dans ses traditions, Sango Malo - Le maître du canton (1991). Ce film sera suivi par Muna Moto - L'enfant de l'autre (1975), réflexion de Jean-Pierre Dikongue Pipa sur la coutume du mariage forcé.