Les Enfants des Lumière(s), hommage aux frères Auguste et Louis Lumière, inventeurs du cinématographe, est un programme qui se déroule sur deux ans. Cinq nouvelles classes, de l’école primaire au lycée en passant par le collège, ont rejoint le programme pour l’année 2020-2022. Tout au long de ces deux années, les élèves sont accompagnés par des réalisateurs qui interviennent ponctuellement dans la classe.
Jonathan Desoindre, qui intervient à l’école élémentaire Pajol, dans le 18e arrondissement parisien, raconte : « Avant d’être réalisateur, j’ai longtemps travaillé dans l’éducation. C’est peut-être pour cela que j’ai toujours, en parallèle de mes films, veillé à transmettre mes savoirs et compétences au plus grand nombre et plus particulièrement aux enfants, dont la capacité à se saisir immédiatement et sans complexe des outils et du langage du cinéma ne cesse de m’impressionner. J’ai ainsi eu le grand plaisir, en rencontrant la classe de CE2-CM1-CM2 de Véronique Moreau, de découvrir des élèves d’une grande curiosité, fourmillant d’envies et d’idées et avides de découvrir ensemble un nouveau terrain de jeu. Comme le disait l’une d’entre eux : « Le cinéma, c’est de la magie en vrai ! ».
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Ainsi, la première rencontre entre le réalisateur et les élèves est très attendue. Les élèves préparent cette rencontre en imaginant des questions pour le réalisateur et parfois même en filmant ce premier échange. Le réalisateur présente quant à lui son travail en projetant des extraits ou des courts métrages. C’est aussi l’occasion de partager les goûts cinématographiques de chacun et de commencer à aborder les différentes étapes de la création cinématographique, l’importance des différents métiers…
Faustine Crespy explique son approche : « Découvrir les règles du cinéma, c’est intéressant pour un jeune s’il a aussi le droit de les transgresser et de s’amuser avec ! A côté de mon travail de scénariste et de réalisatrice, j’ai encadré des ateliers cinéma pour aider des enfants à tourner leurs premiers films. J’ai veillé à leur donner des outils sans brimer l’originalité de leur approche artistique. C’est à travers la découverte de cette multiplicité des possibles qu’offre le cinéma que j’ai axé ma première rencontre avec les 5e du collège Pompidou (à Villeneuve-la-Garenne- ndlr), avec la projection d’extraits issus de mon travail, pour faire connaissance et ouvrir le dialogue autour de cette pluralité. Pluralité des formats projetés ou pluralité des genres… J’ai été ravie de rencontrer des jeunes à la fois enthousiastes et curieux et une équipe pédagogique très impliquée. Je suis ravie de les aider à mettre en scène leur histoire, et de transmettre une passion et une cinéphilie que j’ai rencontrées au même âge qu’eux. »
« Je suis scénariste et réalisatrice et depuis quelques années, j’anime des ateliers de réalisation avec différents publics, révèle Alice Voisin, qui accompagne les élèves de 2nde du lycée Vaucanson aux Mureaux. J’aime beaucoup travailler avec des jeunes, voir le regard qu’ils portent sur le monde et les aider à mettre en œuvre un projet qui fait écho à leur vision singulière des choses. Nous avons ainsi amorcé le travail avec la projection de quelques extraits de films. La Nuit américaine de François Truffaut pour se familiariser aux différents métiers du cinéma et sa dimension collective, et un film réalisé dans le cadre du programme. Depuis cette première séance, nous avons déterminé deux pistes de travail : le film dans le film et le film d’horreur. Nous avançons progressivement. Le dispositif Les Enfants des Lumière(s) nous permet de prendre ce temps et d’être à même d’accompagner au mieux les jeunes à faire un film qui leur parle et leur ressemble. La participation des élèves au débat était dans un premier temps assez timide mais, depuis que nous avons commencé le travail autour de l’improvisation théâtrale, leur implication est grandissante ! »
S’il existe certaines contraintes imposées par l’équipe pédagogique (comme par exemple, le genre du court métrage ou le lieu de tournage), les élèves ont une liberté totale sur l’écriture du scénario. Celui-ci, finalisé en juin, est alors remis au CNC avant le tournage. A la fin du projet, le court métrage est projeté officiellement par le CNC et dans les cinémas partenaires.
Fédérer autour d’une œuvre commune, apprendre à travailler ensemble, développer son imaginaire et participer aux différentes étapes de création d’un film que ce soit devant ou derrière la caméra… telle est la vocation des Enfants des Lumière(s).
Une vocation qui enthousiasme Stéphanie Duvivier, qui s’apprête à rencontrer les élèves du lycée Delacroix à Drancy. « Réaliser un film, c’est créer une œuvre à plusieurs, dans une même direction. Cette alchimie est magique. Avec Les Enfants des Lumière(s), je décuple cette magie par la transmission. J'aime voir les adolescents prendre conscience de la valeur de l'image, de la narration et surtout se découvrir sous un aspect différent. Travailler sur un projet culturel collectif avec pour finalité un vrai film permet une autre rencontre avec soi. »
Quant à la motivation de Cyril Cagnat, entouré bientôt des enfants de l’école élémentaire 77 Belleville, à Paris, elle repose sur sa propre expérience : « Passionné d'images qui racontent des histoires et d’histoires qui racontent notre monde, c'est à peu près à l'âge de nos petites lumières que j'ai su que je voulais faire des films. Je me suis formé à la réalisation à l’ESRA, à l’écriture au CEEA (Conservatoire européen d’écriture audiovisuelle) puis au montage. Aujourd'hui, je suis heureux de pouvoir mettre mes compétences techniques au service de leur imagination. J’espère réussir à les accompagner dans leur découverte du 7ème art, de sa fabrication et, pourquoi pas, susciter quelques vocations !"