La particularité de la salle Onyx est de s’affranchir complètement du projecteur au profit de ce qui se rapproche d’une télévision géante. Pouvez-vous nous expliquer la spécificité d’une telle structure ?
L’écran est composé de 96 panneaux LED individuels assemblés mécaniquement et accrochés au plafond. Avec une dimension finale de 10,4 m x 5 m, la taille est comparable à un écran traditionnel. Mais la force des écrans LED, c’est d’avoir un meilleur contraste et de gagner en lumière. Contrairement au projecteur qui perd en luminosité au cours de sa vie, on gardera toujours la même qualité d’image. L’autre avantage, lorsqu’on s’affranchit du projecteur, c’est que l’on n’a plus besoin de faire le point, ce qui donne un rendu parfait par défaut.
Pathé (seul exploitant pour l’instant à proposer la technologie Onyx dans ses salles) n’a pas privilégié la solution sonore par défaut proposée par Samsung (enceintes JBL) et a préféré faire appel à vous. Comment avez-vous abordé le traitement du son dans la salle Onyx ?
La solution livrée avec l’écran utilisait la virtualisation du son. Le son était donc trafiqué pour faire croire à l’oreille qu’il provenait de l’écran. Cette solution ne satisfaisait pas Pathé et ils nous ont demandé de trouver une solution. Nous avons pris des enceintes de scène classiques et les avons modifiées pour qu’il n’y ait pas de traitement du son et que sa provenance soit plus précise. La qualité sonore est supérieure à celle d’une salle lambda en raison du matériel haut de gamme utilisé. Ces salles sont comme des vitrines reflétant ce que l’on fait de mieux.
L’installation d’un écran Onyx représente-t-elle un investissement financier important et combien de temps faut-il pour équiper la salle ?
Le processus de transformation d’une salle en mur de LED est relativement rapide. Une semaine pour démonter l’existant, deux semaines pour installer la structure et poser les panneaux auxquels il faut rajouter une semaine de réglages. Malgré cela, beaucoup de clients intéressés ne franchissent pas le cap en raison de l’importance de l’investissement en question.
Selon vous, la technologie LED a-t-elle vocation à conquérir les salles de cinéma où restera-t-elle marginale dans le paysage cinématographique ?
Je pense qu’à terme, le mur de LED est l’avenir du cinéma car l’image est la même que celle d’un projecteur, sans les inconvénients. C’est un système beaucoup plus simple à mettre en œuvre qu’une salle Imax ou Dolby Cinema. Le système nécessite moins de réglages et de personnel qu’un projecteur qu’il faut aligner quotidiennement. Et l’un des plus gros avantages reste la possibilité de se passer d’une cabine de projection, ce qui permettra aux cinémas de centre-ville d’optimiser l’espace et d’ouvrir de nouvelles salles.
Quelles avancées technologiques pourraient prochainement intégrer les salles obscures et de quelle manière cela changerait-il l’expérience du spectateur ?
La prochaine révolution, ce sont les écrans modulables. Ils font la largeur de la salle et l’image est recalculée pour remplir la totalité de l’écran. Mais cet équipement est interdit par les préconisations du DCI (Digital Cinema Initiatives, groupement d'experts du cinéma américain anglophone qui spécifient l’architecture pour le cinéma numérique - ndlr) adoptées par les studios américains lors du passage du 35mm au numérique. Pour être clair, aujourd’hui on nous interdit de recalculer une image et d’ajouter des pixels inexistants (ce qu’on appelle des artefacts visuels) pour l’adapter à un format plus large, tout en conservant sa qualité. Quand cette législation disparaitra, on pourra avoir des écrans encore plus ambitieux et des salles plus optimisées.