Il fait beau dans la plus belle ville du monde (2007)
Après une tentative en 2000 avec Mademoiselle, qu’elle n’a jamais terminé, Valérie Donzelli signe son vrai premier court métrage avec ce Il fait beau dans la plus belle ville du monde, écrit avec l’aide de celui qui, le premier, a incité la comédienne à passer aussi de l’autre côté de la caméra : Jérémie Elkaïm - son compagnon à la ville et le père de sa fille Rebecca, dont elle est alors enceinte. Ce premier court donne le « La » autobiographique de ce qui va suivre. « J’ai voulu réaliser ce film pour garder une trace de ma grossesse. » Elle y joue donc une jeune femme enceinte entamant avec un chanteur qu’elle admire une relation épistolaire qui donnera naissance à un premier rendez-vous qu’elle redoute, puisqu’elle lui a caché son état. Le résultat, joli marivaudage le long des colonnes de Buren de la cour d’honneur du Palais-Royal, lui donne envie de passer au format long.
La Reine des pommes (2009)
« J’avais eu une déception amoureuse et l’idée d’en faire quelque chose m’amusait. » Ainsi naît le premier long métrage de Valérie Donzelli qui en tient aussi le rôle central : une jeune femme qui tente de se guérir d’avoir été larguée en enchaînant les aventures d’un soir. Face à elle, son partenaire d’écriture Jérémie Elkaïm incarne tous ses amants. Une fantaisie singulière chantée (avec notamment Benjamin Biolay à la BO), tournée en 3 semaines pour seulement 7 000 euros, qui séduit la critique. Une cinéaste était née.
La Guerre est déclarée (2011)
C’est à ce jour son film le plus plébiscité par le public avec près de 840 000 entrées. « Après La Reine des pommes, on m’a suggéré d’enchaîner avec une autre comédie. On a commencé à l’écrire avec Jérémie. Mais mon désir de réalisatrice était ailleurs. » Dans un film qu’elle a inconsciemment en tête depuis le jour où, des années plus tôt, elle a écrit la première page d’un journal de bord qui allait accompagner la maladie grave et soudaine de Gabriel, le petit garçon qu’elle a eu avec Jérémie. « Mais Jérémie et moi n’avons pu nous lancer dans cette histoire que parce que Gabriel était guéri. Et on a voulu la transcender en racontant une love story par le prisme de cette épreuve avec des personnages de parents que la tumeur au cerveau de leur enfant va épanouir. » Cette ambition audacieuse va se retrouver récompensée dès la présentation du film en ouverture de la Semaine de la Critique cannoise qui s’achève par une très longue standing ovation à l’image de ce qu’est ce film : chaleureuse, rieuse et bouleversante.
Main dans la main (2012)
Comment enchaîner après un tel succès-surprise ? Accompagné à l’écriture par Gilles Marchand (Qui a tué Bambi ?), le duo Donzelli-Elkaïm imagine une histoire d’amour impossible flirtant joyeusement avec le fantastique. Celle réunissant – dans tous les sens du terme – deux solitaires : un petit artisan de province (Jérémie Elkaïm) et la directrice de l’Opéra de Paris (Valérie Lemercier) qui, après un baiser volé, se retrouvent collés l’un à l’autre. Un film sur le rapport fusionnel donc, mais, là encore, à forte tendance autobiographique. À commencer par ce qui a donné envie à chacun des deux coscénaristes de se lancer dans ce projet. D’un côté, les rapports fusionnels qu’a toujours entretenus Valérie Donzelli avec son frère, né le même jour qu’elle à deux ans d’écart. Et de l’autre, pour Jérémie Elkaïm, la relation de leur couple, comme il l’expliquait dans le dossier de presse : « Pendant la tournée de promotion de La Guerre est déclarée, on nous a souvent demandé à Valérie et moi si on était à nouveau ensemble, si on était encore séparés, quels genres de rapports on avait. Et on n’avait pas de réponse toute faite à donner. Nous sommes deux personnes qui faisons des choses ensemble – de manière fusionnelle donc – sans qu’on réussisse à nous mettre une étiquette. Main dans la main est en résonance directe avec ce qu’on vivait pendant qu’on l’écrivait. Je pense qu’il en dit encore plus sur notre intimité que ne le faisait La Guerre est déclarée ». Son échec en salles poussera cependant Valérie Donzelli à s’aventurer, pour la première fois, vers un film non inspiré de sa vie et dans lequel le rôle féminin principal sera incarné par une autre (Anaïs Demoustier). Ce sera Marguerite et Julien, adapté d’un scénario écrit voilà des années par Jean Gruault pour François Truffaut. Le film aura droit à une sélection dans la compétition cannoise où il recevra une réception mouvementée suivie quelques mois plus tard d’un accueil en salles guère plus enthousiaste.
Notre Dame (2019)
Ses producteurs Edouard Weil et Alice Girard vont alors encourager Valérie Donzelli à renouer avec une veine plus autobiographique et dans laquelle elle tiendrait de nouveau le rôle central. Elle commence alors à développer Taille de guêpe, un scénario centré sur une réalisatrice. Mais elle n’arrive pas à trouver la bonne distance entre réalité et fiction. Elle change alors son fusil d’épaule et fait de cette héroïne une architecte, le métier auquel elle se prédestinait avant de devenir comédienne, quand sa sœur – dont elle voulait se différencier – a abandonné ce rêve d’enfance. Cette héroïne s’appelle Maud Crayon et ressemble à l’Adèle de La Reine des pommes qui aurait grandi. Sur un malentendu, elle remporte un concours pour réaménager Notre-Dame de Paris dans une capitale plongée dans un chaos aussi ahurissant que les méandres de sa vie amoureuse. Toute ressemblance avec des personnages existants est ici tout sauf fortuite. Car Donzelli renoue non sans gourmandise avec ce qui fait l’ADN de son cinéma : ses amours, ses enfants et ses emmerdes, entre le père de ses gamins qu’elle n’arrive pas à quitter et le retour dans sa vie d’un amour de jeunesse. Et les festivals de Locarno et d’Angoulême ont réservé un bel accueil à cette fantaisie étonnamment prophétique, dont le montage s’est achevé le jour où un incendie ravageait la cathédrale Notre-Dame de Paris.