Zoom sur le cinéma Eden-Théâtre, le « plus ancien cinéma du monde »

Zoom sur le cinéma Eden-Théâtre, le « plus ancien cinéma du monde »

21 mars 2019
Facade du cinéma Eden-Théâtre
Facade du cinéma Eden-Théâtre DR - Cinéma Eden

Ce cinéma a ouvert il y 120 ans à La Ciotat (Bouches-du-Rhône).


Avant-hier : la naissance du cinéma

L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat est l’un des premiers courts métrages tournés par les Frères Lumière au début de ce qu’on appelait le “cinématographe”. Pourquoi la gare de La Ciotat et pas une autre ? Tout simplement parce que la famille Lumière, originaire de Lyon, possédait une résidence secondaire dans cette ville proche de Marseille où Louis et Auguste tournèrent un grand nombre de films. Le 14 octobre 1895, un mois après une première projection privée des films de ses fils dans la résidence familiale, Antoine Lumière accepte d’organiser une projection au théâtre Eden, accueillant des représentations théâtrales, spectacles de music-hall mais aussi des combats de boxe et de lutte. L’épisode s’achève par un échec technique. Cela ne refroidit pas le propriétaire Raoul Gallaud qui organise, le 21 mars 1899, la première séance de cinéma payante à l’Eden. Furent programmés notamment des films des frères Lumière qui, dans l’intervalle, avaient parcouru le monde entier pour en rapporter de nouvelles images en mouvement... L’Eden doit son titre de “plus ancien cinéma du monde” à cette séance historique à laquelle assistèrent plus de 250 personnes.

Hier : une salle de cinéma à part entière

Lors des cinq décennies suivantes, le lieu est majoritairement dédié au théâtre et au music-hall -y débutent Fernandel ou Yves Montand- mais reste à la pointe en matière d’innovation. En août 1931, alors que la France adapte à peine son parc de salles au parlant, l’Eden projette ainsi son premier film chanté, La route est belle de Robert Florey. « Ce fut du délire, la salle était muette d’admiration, comme stupéfiée », lisait-on alors dans le quotidien La Marseillaise. Ce n’est cependant qu’à partir des années 50 que l’Eden devient une salle de cinéma à part entière. Racheté par la municipalité en 1992 pour lui éviter la démolition, fermé au public en 1995 pour des raisons de sécurité, l’Eden est inscrit en 1996 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, ce qui lui assure un sursis en attendant une opération de réhabilitation. Cette dernière est initiée par l’association Les Lumières de l’Eden, créée en 2002 par Gilles Trarieux-Lumière, arrière-petit-fils de Louis Lumière. Expositions, conférences, livres, visites sont mis en place pour rappeler l’importance du lieu ; des appels au soutien sont entendus et des artistes importants relaient la parole de l’association auprès des pouvoirs publics. C’est ainsi qu’en 2013, l’Eden est restauré à l’identique de sa création en 1889 dans le cadre de Marseille-Provence, déclarée Capitale européenne de la culture cette année-là.  

Aujourd’hui et demain : écrin pour des films de patrimoine

Depuis janvier 2014, Les Lumières de l’Eden, menée par une bande de bénévoles passionnés, reçoit comme mission par la ville de La Ciotat de mettre en œuvre « une programmation artistique de qualité et d’exception à la hauteur du symbole qu’incarne l’Eden. » Dans sa magnifique salle rouge corail sont donc projetés de grands films du patrimoine (restaurés pour l’essentiel) mais aussi des films en deuxième ou troisième exclusivité, le tout agrémenté de soirées-débats et d’événements. Une stratégie qui porte ses fruits puisque depuis la réouverture, la fréquentation a doublé. Reconnue pour son travail muséal et patrimonial, l’association se projette désormais sur 2020, date à laquelle sera remise en jeu sa délégation de service public pour l’exploitation de l’Eden.