« L'Avocat » de Chronik Fiction : parole aux « méchants » les plus célèbres

« L'Avocat » de Chronik Fiction : parole aux « méchants » les plus célèbres

21 mai 2021
Création numérique
L'avocat, une série Chronik Fiction.
L'avocat, une série Chronik Fiction. YouTube Chronik Fiction
La chaîne YouTube de Mike Zonnenberg et Fabio Soares vient de lancer une nouvelle série, qui raconte les méchants emblématiques de la fiction au cinéma et à la télévision. Les deux créateurs et réalisateurs expliquent comment ils ont imaginé ce concept original.

Après Le Coroner qui analysait les morts de fiction, L’Avocat défend les méchants. D’où vous est venue l’idée de mettre en scène, concrètement, un avocat du diable ?
Les méchants ont toujours passionné. Parfois même, ce sont les personnages préférés des spectateurs?! S’intéresser au sujet nous semblait un puits sans fond : d’où vient cet attrait ? Pardonne-t-on pour autant leurs actes ? Quelle est leur part dans la réussite de certaines œuvres ? D’ailleurs, Hitchcock lui-même disait que plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film?! Défendre les méchants semblait être un sujet taillé pour Chronik Fiction et qui d’autre qu’un avocat éloquent pour s’acquitter de cette mission ?

C’est Jean-Luc Guizonne qui interprète cet avocat. Comment l’avez-vous recruté ?
Nous avons fait appel à une directrice de casting cinéma. Stefan Godin avait placé la barre très haut avec Le Coroner et trouver un second comédien aussi talentueux et charismatique ne fut pas une mince affaire. Après une longue série de castings, Jean-Luc Guizonne nous a séduits et c’est ainsi que nous avons décidé qu’il serait le second comédien de la chaîne Chronik Fiction. Nous sommes très heureux de ce choix et nos abonnés aussi. Il a tout de suite été adopté par le public. 

Vous avez commencé L’Avocat par un épisode sur le méchant le plus sadique du cinéma, le professeur et chef d’orchestre de Whiplash, le film de Damien Chazelle. Pourquoi ce choix ?
Whiplash est l’exemple parfait de ce que peut apporter un bon méchant à un film. Terrence Fletcher n’est pas le pire criminel de l’histoire du cinéma – bien que ses actes soient répréhensibles – mais ce personnage a transformé ce film musical en véritable pugilat oratoire. Chacune de ses répliques nous fait frissonner et à l’arrivée, l’acteur J.K. Simmons a même remporté son premier Oscar?! On trouvait tout cela intéressant. Démarrer par ce choix donnait le ton de la série.

Comment est-ce que vous choisissez les films, les séries ou les œuvres dont vous allez parler ?
Ce qui nous intéresse le plus dans une œuvre est souvent son contexte : ce que le spectateur en tire et l’impact qu’elle a eu sur la pop culture. Le second épisode, dédié à Frank Underwood de House of Cards, va dans ce sens : pour la première fois, un antagoniste est sur le devant de la scène. Contrairement à d’autres séries comme Les Soprano ou Dexter, les auteurs n’ont pas cherché à minimiser ses actes, à travers des problèmes personnels à résoudre. Frank Underwood est une figure du mal assumée, et depuis, bien d’autres séries sur ce modèle ont vu le jour. Voilà typiquement cequi oriente notre ligne éditoriale : sortir de l’œuvre et regarder autour.

Est-ce qu’il est difficile d’innocenter à chaque fois le méchant que vous mettez en avant ? Comment faites-vous pour trouver les arguments ?
En réalité, l’idée n’est pas d’innocenter le personnage. D’ailleurs, pour certains, cela relève de l’impossible ou de l’immoral. Le but de notre démarche est de prendre du recul et de souligner l’apport culturel d’un personnage. Ainsi, nous n’allons pas remercier Frank Underwood pour ses actes, mais pour toutes les séries qui ont pu voir le jour depuis House of Cards. Évidemment, il y a une part jouissive à regarder ces personnages à l’œuvre, mais c’est le principe sur lequel reposent beaucoup de films et séries. Que serait Game of Thrones sans sa galerie de méchants ?

Les méchants s’autorisent tous nos interdits
 

Selon vous, qu’est-ce qui fascine autant le public dans les méchants de fiction ?
Les méchants ont un côté jubilatoire : ils s’autorisent tous nos interdits. À travers eux, on traverse différentes émotions primaires : la colère, la peur, la surprise, la tristesse… Tout cela fascine et électrise le public. Avec l’avènement des réseaux sociaux, ce qui restait de simples discussions confidentielles entre amis change désormais de dimension. Il suffit de voir les débats autour des dernières saisons de Game of Thrones pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Les méchants fascinent, et aujourd’hui, le public a les moyens de le faire savoir.

La production de chaque épisode est très soignée, la mise en scène aussi. Vous avez le sentiment d’avoir franchi un cap par rapport au Coroner dans ce domaine ?
Avec L’Avocat, nous avons souhaité aller encore plus loin dans le rendu cinématographique et l’extension de notre univers. On verrouille chaque partie du décor, on crée chaque détail, on réfléchit à chaque élément de mise en scène. L’équipe est quasiment la même, avec le temps et le développement de notre écriture visuelle, nous l’avons simplement étoffée. Les moyens techniques sont également un peu plus présents. C’est cette maturité et cette combinaison d’ajustements qui nous ont permis aujourd’hui de franchir un cap.

Aujourd’hui, les perspectives de la chaîne sont très excitantes
 

Vos épisodes cumulent 500 000 vues à chaque fois, parfois 1 million ! Est-ce qu’une telle audience vous offre de nouvelles opportunités ? Peut-être en dehors de YouTube ?
Aujourd’hui, les perspectives de la chaîne sont très excitantes. Le public est présent, et de plus en plus de personnes nous demandent d’aller encore plus loin dans le cinéma. Nous sommes réalisateurs de fiction et en fonction des projets et des opportunités, nous irons là où la fiction nous mène : un nouveau personnage sur YouTube, une série sur une plateforme de streaming, un long métrage cinéma… Les possibilités sont nombreuses. Pour 2022, le choix est déjà fait, mais nouspréférons garder le projet secret pour l’instant?!

Quels seront les prochains méchants défendus par L’Avocat ?
Maintenant que le concept de L’Avocat est connu de notre public, nous allons pouvoir aborder des œuvres plus classiques et attendues. En plus des films cultes et des séries, nous allons également parler de jeux vidéo afin d’étendre le propos. Mais la liste est tenue secrète...