Jean-Baptiste Siraudin n’a que 25 ans, mais déjà 119 000 abonnés sur sa chaîne YouTube, Scinéma. En un peu plus de deux ans, il y a posté une douzaine de vidéos de vulgarisation scientifique, qui utilisent comme exemples des extraits de longs métrages et de séries. Il y parle aussi bien de la Force dans Star Wars que de catastrophes naturelles, d’images de synthèse, de gravité, d’énergie et de monstres, de la mécanique des fluides ou de la couleur des films. Aujourd’hui en stage de fin d’études chez Ubisoft, il raconte son expérience.
Vous avez lancé votre chaîne YouTube Scinéma il y a deux ans. D'où vous est venue l'idée de vulgariser la science à travers le cinéma ?
Ça faisait très longtemps que j'avais cette idée : en fait juste après le Bac, au moment où les chroniques de vulgarisation et de cinéma commençaient à exploser sur YouTube. J'étais un consommateur des deux et j’ai naturellement eu envie de mixer ces sujets. C'était quelque chose que faisaient déjà un certain nombre de vulgarisateurs scientifiques, notamment Roland Lehoucq, qui a été mon professeur à Polytechnique. Il a beaucoup participé à ce mouvement en vulgarisant la science à travers Star Wars. Il a été un exemple et une inspiration pour la chaîne.
Qu’est-ce qui vous inspire en premier pour le choix d’un sujet ? La science ou le cinéma ?
La plupart du temps, c'est la science d’abord. Mais il y a bien sûr un ping-pong entre les deux, ils se nourrissent l’un l’autre. Et tous les sujets de la chaîne ont été choisis il y a à peu près un an et demi : certains évoluent, évidemment, mais, pour l'instant, je suis plutôt constant. J’ai un agenda assez précis des sujets que je veux évoquer. J'ai essayé de prendre du recul sur ce que j'essayais de faire avec cette chaîne, en sachant que pour aborder tel sujet scientifique dans une vidéo, il fallait forcément que j’en vulgarise d’abord un autre qui lui est lié. Je ne m'attends pas à ce que les gens regardent l'intégralité des vidéos de la chaîne, et je ne veux pas faire de pont entre elles parce que ce serait un peu bizarre, mais c’est important de bien expliquer.
Combien de temps travaillez-vous sur une vidéo ?
C’est très variable, mais pour certaines, je me pose des contraintes de temps très claires. C’est une sorte de défi. Par exemple, je peux m’attribuer un mois de travail pour sortir une vidéo et peu importe le résultat, il faudra qu’elle soit en ligne au bon moment. C'est une forme d’entraînement, une façon de progresser sur certains sujets. Mais je suis de plus en plus dans une démarche d’amélioration, de peaufinage. Je veux m’accorder la possibilité de prendre du temps, d’affiner les choses le plus possible, comme c'est le cas en ce moment. Cela fait 8 mois que je travaille sur la prochaine vidéo, qui devrait sortir début 2020 au maximum, peut-être même fin décembre. Elle durera une quarantaine de minutes, ce qui, l’air de rien, représente beaucoup de travail. Et concernant l’avenir, je sais que je n'en ai plus pour longtemps : il me reste 5 vidéos avec celle-ci, puis la chaîne Scinéma s'arrêtera, car j'aurai dit tout ce que je voulais dire. Et je passerai à autre chose !
C’est un choix assez radical ! Vous n’avez pas envie de vous professionnaliser ? De transformer la chaîne en autre chose et d’aborder des sujets différents ?
Ça fait très arrogant de dire ça, mais ça ne l'est pas : cette chaîne n'était pas censée vraiment marcher. Je ne pensais pas que ça aurait du succès, c’était un projet d'expérimentation. Ça m'intéressait de travailler sur des vidéos de ce type, car elles regroupent énormément de problèmes différents : la pédagogie, la capacité à faire du storytelling, la création d’un objet entre le créatif et la technique… Je sais que je veux travailler de près ou de loin dans le domaine de l’audiovisuel, que ce soit le cinéma, la vidéo, la télévision ou le jeu vidéo. Dans tous ces domaines, on rencontre à peu près les mêmes problématiques et ça m'intéressait de gagner de l'expérience avec un projet tout à fait personnel. Pour moi, c'est une manière de progresser, pas une fin en soi. Je vais chercher à m'éloigner de la régularité du format YouTube, ce qui va me permettre d'être beaucoup plus libre. Et comme ce n’est pas mon activité principale, je ne suis pas à temps plein sur la chaîne, je n’ai que le soir pour travailler dessus. Ce n'est pas que je ne veux pas continuer, c'est plutôt que je ne peux pas ! Et au bout d’un moment, faire des vidéos seul dans ma chambre devient compliqué. Selon moi, la création n'est intéressante que quand elle est collective.