Pixel Museum, le premier musée permanent dédié au jeu vidéo

Pixel Museum, le premier musée permanent dédié au jeu vidéo

24 juin 2019
Jeu vidéo
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Inauguration Pixel Museum
Inauguration Pixel Museum Bartosch Salmanski
Installé à Schiltigheim, dans l’agglomération strasbourgeoise, le Pixel Museum fait découvrir au public l'histoire de l'industrie vidéoludique et des arts connectés. Premier musée français uniquement consacré au Xe art, il est né de la volonté d'un passionné de montrer aux curieux toutes les facettes d'un art parfois méconnu. Jérôme Hatton,  son créateur, revient pour le CNC sur les quatre choses à savoir sur le Pixel Museum.

Une collection personnelle

Directeur et fondateur de la Ludus Académie, une école privée « de création et développement de jeux vidéo », Jérôme Hatton a découvert le jeu vidéo sur le tard, alors qu’il était déjà adulte. « Je n'avais pas de console quand j'étais jeune, j'en ai acheté une d'occasion et j’ai tout de suite été fasciné par le côté artistique, technologique et littéraire du jeu vidéo ». Passionné, il s’est donc mis à collectionner des objets « ayant une histoire à raconter ». « Ouvrir un musée a toujours été mon intention », poursuit-il en évoquant sa collection qui rassemble plus de 15 000 pièces. « On en expose environ 1 500 dans le musée, en faisant des rotations. Nous présentons des objets marquants et étonnants qui donnent un éclairage différent sur le jeu. Nous avons par exemple une machine à coudre Singer, peu connue, sur laquelle on peut brancher une Game Boy de Nintendo. Ce n'est pas un événement majeur du jeu vidéo, mais faire de la couture via une console est une histoire intéressante. Il y a également des objets incontournables, comme Tetris et Pac-Man, qui n'ont pas de valeur commerciale mais qui restent des éléments importants de l'histoire ».

Un établissement rare

Si des musées du jeu vidéo existent aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore au Québec, le Pixel Museum est le tout premier musée permanent en France dédié au Xe Art. « Le jeu vidéo grand public a moins de 50 ans et il est difficile de faire en sorte que certaines personnes considèrent ce bien de consommation comme un art. De nombreuses expositions temporaires ont été organisées dans des musées, mais pour lancer un musée permanent, nous avons dû prendre un risque économique. Le public est au rendez-vous mais nous ne sommes pas rentables, tout juste à l’équilibre. Heureusement, la ville de Schiltigheim nous a accompagnés pour trouver les locaux et les mettre aux normes. Nous avons eu quelques subventions privées mais le musée est autofinancé à 90%. Des visiteurs viennent même de l’étranger car il n’existe que 6 musées de la sorte dans le monde : il y a donc une vraie curiosité de la part du public ».

Découverte et réflexion

Ouvert en 2017, le Pixel Museum s’articule autour d’une collection permanente, d’expositions temporaires et de salles présentant des consoles et bornes d’arcade librement accessibles aux visiteurs pour tester des titres anciens et récents. « Nous ne nous adressons pas seulement aux gamers. Nous souhaitions un musée qui raconte l’histoire du jeu vidéo tout en présentant des axes de réflexion pour que les visiteurs se fassent une vraie idée de l’industrie vidéoludique, loin de certains préjugés. Je pense d’ailleurs que le jeu vidéo va connaître le même chemin que les comics américains considérés il y a quelques années comme de l’anti-culture, alors qu’ils sont énormément mis en avant aujourd’hui avec les films de super-héros. A travers ce musée, nous voulions également mettre en lumière le positionnement du jeu vidéo en tant qu'art, la représentation de la femme dans les logiciels vidéoludiques et dans la création. Nous évoquons également la place de l’éducation dans le jeu vidéo. La pièce la plus rare du musée est d’ailleurs un kit, imaginé par Nintendo en 1985, pour permettre aux enfants en thérapie de jouer en soufflant ou en bougeant la manette avec la langue. »

L’importance de la conservation

Collectionneur depuis plus de 20 ans, Jérôme Hatton souligne que le travail des passionnés comme lui est essentiel pour retracer l’histoire du jeu vidéo. « Je suis surpris du nombre de choses qui n’ont jamais été conservées. La première console française a été créée en Alsace, par Alcatel. J’ai travaillé pour cette entreprise plusieurs années et j’ai demandé, à l’époque, des éléments sur cet objet. Mais rien n’avait été gardé, ils ont tout jeté. De nombreux éléments vidéoludiques ont ainsi disparu car ils n’intéressaient pas à l’époque. Les objets liés à Nintendo sont tous conservés car il y a un vrai affect du public pour cette marque, mais ce n’est pas le cas par exemple pour la X Box. C’est un peu comme l’automobile : s’il n’y avait pas des passionnés, personne ne conserverait les voitures récentes. Il faut de la place et de la patience pour les garder pendant 50 ans en attendant qu’elles deviennent intéressantes pour les collectionneurs. »

 

Jérôme Hatton à l'inauguration du Pixel Museum Bartosch Salmanski