Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 26 et 27 mars 2024
Résultats des commissions
27 mars 2024
Simon Rouby
Parrainé par Baye-Dam Cissé
« Pangea est un projet protéiforme inspiré de la notion de Pangée, le supercontinent unique qui couvrait la planète il y a 300 Millions d’années. Sur cette mappemonde froissée, le Népal, l’Antarctique, et l’Afrique sont juxtaposées dans un ensemble qui fait écho à la globalisation, et m’a inspiré un univers fictif, libéré des enjeux de fidélité historique et géographique. C'est dans ce contexte que je développe un ensemble d'installations vidéo destinées à devenir à terme mon deuxième long-métrage. »
Diako Yazdani
Parrainé par Céline Rouzet
« A travers les deux projets que j'ai présentés à l’Aide au parcours d’auteur, je souhaite raconter mes expériences personnelles sur deux thématiques distinctes : d'une part, le voyage de migrants sans papiers et d'autre part, les difficultés psychologiques et matérielles liées à l'exil et au fait de s’installer dans un nouveau pays, dans l’impossibilité de rentrer dans son pays d'origine. Ces deux projets me permettent d'intégrer les récits de nombreux migrants et réfugiés, allant au-delà de ma propre histoire, afin d'en enrichir la dramaturgie. Le soutien de l’Aide au parcours d’auteur est essentiel car il me donne l'opportunité d'approfondir mes recherches en m’appuyant sur de nombreuses sources : des ouvrages, des articles académiques et scientifiques, ainsi que des textes relevant de la science-fiction. Mon travail de recherche se concentre ainsi sur deux concepts clés : le "Dark Tourisme" et le "Langage Swap / Mind Swap". »
François Créton
Parrainage collectif
« J'ai présenté le concours du CNC avec deux projets distincts, sous deux formes différentes, dont les parallèles se rejoignent.
Le premier projet est un récit, le second un scénario.
Le premier a pour sujet la maltraitance pendant l'enfance et l'enfermement dans sa propre responsabilité alors que l'on est victime.
Le second traite de la fin de vie.
En tout un parcours sur la longueur, une histoire de vie dans deux écritures différentes.
Ce qui réunit ces deux projets, c'est l'acceptation.
L'acceptation pour se libérer de la maltraitance de l'enfance, pouvoir aller vers la résilience, trouver le chemin de la réparation à la suite de traumatismes violents.
Pour le second, l'acceptation dans la mort.
Je voudrais mener une réflexion sur le passage de la vie à la mort, qui ne soit ni triste, ni dramatique, non comme une fin, mais comme un événement important à vivre.
Pour ce projet je suis parti de l'attitude qu'avait mon père face à la mort, très provocatrice, très bravache. Il se targuait de ne pas avoir peur, il disait qu'il mourrait où et quand il le déciderait.
Quand la mort est venue frapper à sa porte, il n'a pas du tout fait ce qu'il disait, il est mort à l’hôpital, exactement là où il ne voulait pas. J'ai compris quelques années après, que son côté bravache était tout le contraire de l'acceptation.
Pour ce projet je voudrais retrouver un personnage d'un film précédent, Michel dans « Les Héroïques » écrit avec Maxime Roy, et je voudrai faire mourir mon personnage.
Ce que me permets la bourse du CNC, c'est d'une part, continuer à faire des recherches sur des témoignages de fin de vie « heureuse », et pour le récit de travailler à voix haute.
L'écriture de mes scénarios précédents, écrit à plusieurs m'a appris à écouter.
Je voudrais installer chez moi, dans ma ferme au bord de la mer, des micros, pour lire à haute voix ce que j'écris, et le réécouter ensuite.
Cela m'oblige à être concis, précis, enlever le gras, car l'écoute ne se répète pas, au contraire de la lecture, on peut toujours relire une phrase que l'on a raté.
Donc la compréhension de mes idées, de mes arguments, doit être claire dès le début.
J'ai aussi envie de faire venir des actrices, acteurs, des metteuses, metteurs en scène, pour ensemble chercher le point de compréhension, l'évidence du propos. »
Camille Degeye
Marrainée par Joana Hadjithomas
« Il y a 8 ans, quelque part au printemps, je retrouve des amis à Redeyef. Située au cœur du bassin de Gafsa en Tunisie, cette petite ville à l’orée du desert est le centre névralgique de l’extraction du phosphate local et mondial. Dents calcifiées, maladies respiratoires et cancers, là-bas néanmoins, on vit et on meurt du phosphate qui se répand comme la peste dans l’air et l’eau.
En 2008, comme un prélude à la révolution de 2011, un mouvement social éclate et pendant six mois, la population se soulève au nom de l’emploi et la dignité.
Le récit de cette époque va m’être progressivement conté, surtout par quelques jeunes, en buvant des cannettes de Celtia face aux montagnes de l’Atlas : ils avaient treize ans et la vie dehors était une insurrection permanente, une résistance acharnée contre une police d’état ultra violente menée par leurs pères et leurs frères afin de faire entendre leurs voix. Un détail me marque. La police déployait le soir dans les rues, des chiens acerbes afin de terroriser les gens et les forcer à se réfugier chez eux. En guise de réponse, les plus jeunes avaient constitué une contre armée, composée de pitbulls et de bâtards, qu’ils entrainaient à traquer et à tuer les chiens de la police. Une guérilla parallèle et nocturne s’était donc insidieusement instaurée, un corps un corps animal, sanglant et définitivement mortel.
Voilà donc le récit et les images de départ qui composent le mouvement du projet auquel je travaille et auquel je vais dédier la bourse de recherche Parcours d’auteur. »
Perrine Michel
Parrainage collectif
« Jusqu’à présent j’ai fait du cinéma documentaire, appelé souvent "documentaire de création". Pour ma part je préfère parler de "cinéma poétique", ou de "films-essais", ou encore de "cinéma expérimental". Mais souvent c'est le terme d'"auto-fiction" que j'utilise. Je veux dire par là que j'ai fait le récit de mes propres expériences sous une forme plus ou moins fictionnée. Mes films avancent sur des chemins périlleux et ils peuvent déranger.
L'Aide au parcours d'auteur va me permettre d’expérimenter la mise en scène de fiction avec des comédiens/comédiennes, pour, à nouveau, parler de thématiques profondes.
Mille versions de leurs amours : Ils/elles viennent des quatre coins du monde. Ils/elles ont obtenu le statut de réfugié parce qu’ils sont gays, lesbiennes ou personnes trans. Face caméra, ils/elles racontent leur parcours, selon les différentes versions que leur demandent les institutions françaises.
Ils/elles sont interprétées par des comédiens/comédiennes. »
Vincent Fontano
Parrainé par Baye-Dam Cissé
« M’emparer des maux de mon île et les mettre en question par le biais de la fiction. C’est la démarche dans laquelle je m’inscris. Après deux courts métrages j’ai eu envie de continuer ce travail en m’attaquant à une problématique plus lourde, celle des disparitions sur l’île. Tous les ans près de cent personnes disparaissent sur le territoire.
Très vite en travaillant sur ce sujet et en comprenant qu’il s’inscrivait dans l’histoire de mon territoire depuis sa naissance j’ai eu besoin d’un espace plus large que le court métrage pour totalement embrasser mon sujet.
J’ai constaté très vite qu’il me manquait des outils pour aborder ce nouveau format. La bourse d’auteur va me permettre de me former, d’avoir du temps pour écrire et faire de la recherche. Surtout que je veux mener des éléments documentaires à ma fiction.
Comment parler de cinq cents ans d’histoire à partir d’une thématique ?
De plus mon île étant assez loin de ma métropole, la bourse d’auteur me permettra de faire les aller-retours nécessaires à la rencontre des partenaires du projet.
La bourse d’auteur m’offre une opportunité unique d’aller au bout de mon sujet et de mes questionnements en ne me consacrant qu’à ça. »
Bertrand de Solliers
Parrainé par Céline Rouzet
« POINTS LIMITES : A LA RECHERCHE DES LIMITES ENTRE DITS ET NON DITS ENTRE POUVOIR REGARDER ET NE PAS POUVOIR
La méthode aujourd’hui : reprise du texte initial pour aller au fond concret sur le terrain de mes intentions et à partir de mes intentions d’élaborer un texte beaucoup plus cadré dans l'objet, à définir avec l'Unité et indépendamment de l’Unité qui s'occupe des enfants, à savoir connaître ce qui est possible ou pas possible ce qui peut être dit ou non-dit ce qui peut être dit et suggéré ce qui peut être vu et pas vu, l'exercice m'intéresse justement dans les limites de ce qu'on peut exprimer sur des affaires qui sont en cours hautement protégées, que personne ne doit pouvoir reconnaître mais qui pourraient être identifiables dans leur objet : la présentation de mineurs au judiciaire.
Je me suis aperçu que certaines des affaires sans les nommer, peuvent être reconnues parce qu’elles ont eu un écho dans la presse, familles Tchétchènes prises en défaut, certains crimes de sang qui ont frappé l’opinion. Or comment évoluer avec ces cas précis ?
J'engage et j’ai engagé des entretiens individuels pour mieux comprendre, séparés, et des entretiens à plusieurs en binômes puisqu'ils travaillent en binôme. Les entretiens sont d'abord enregistrés ensuite je passerai à des extraits visuels pour être plus explicite et mieux comprendre les propres limites du projet.
L'objet du futur film est concentré uniquement sur l'évolution ou non de situations extrêmes, de situations limites. De la pratique, de comment cela s’engage et quelles issues sont possibles ?
J’envisage à ce stade un double scénario celui que je souhaite, idéal, qui permet d’appréhender correctement les situations en cours, en évolution, celui que je vois qui est précis et ouvert explicite sur les dossiers en cours certains dossiers que je dois choisir, et un autre scénario qui définit là où je dois me limiter. Après une comparaison analytique de l'ensemble des deux scripts, je vais mettre en place un script définitif qui va associer mes attentions et la pratique réelle telle que je l'imagine dans le souci de rendre lisible et concret l'ensemble.
Le script permettra d'accéder à un mouvement complet du film de comment je le vois, de le rendre directement lisible, compréhensible et à savoir quel temps donner à chaque dossier entre les échecs et les réussites entre le fait que rien n'a pu bouger ou le fait qu'il y ait une issue et laquelle ?
Je peux compter sur une approche de longue date, et de disponibilité de ma part et sur l’écoute analytique, je m’appuie sur mes films précédents qui sont d’écouter et de regarder bien avant de prendre la parole et de filmer.
Une réflexion sur comment dans le futur filmer ? Les lieux, les personnes, les moyens, la technique, beaucoup de temps dans un milieu extrêmement sensible. »
Hakob Melkonyan
Parrainé par Nicolas Slomka
« La bourse va me permettre de travailler sur l'écriture de mon premier long métrage de fiction « Au milieu de nulle part ». C’est l’histoire de Tigrane, jeune arménien pacifiste et artiste. Il est appelé au service militaire obligatoire et aura pour mission de filmer la propagande de l’armée lors de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (2020). Les circonstances le privent de sa caméra et l’obligent à contre-cœur à prendre les armes. Néanmoins, c'est dans un carnet, au travers des croquis que son talent d'artiste peut exprimer son horreur de la guerre.
A ce stade de mon écriture, j’ai besoin d’aller en Arménie, sur les lieux, de me confronter à ce réel que je ne connais plus, à mon pays, ses montagnes, ses forêts, et d’y trouver les failles qui permettront à mon imaginaire d’exister.
C’est la première fois que je vais diriger des comédiens ou plutôt des comédiens « naturels ». Mes personnages sont jeunes et il y a de fortes chances que ceux que je vais rencontrer auront très peu d’expérience de jeu. Je désire mettre en place un atelier dans lesquels je vais travailler avec de jeunes volontaires. Je pense aussi rencontrer des jeunes dans différents ateliers théâtre. Je cherche avant tout des physiques qui puissent incarner au mieux ce que j’imagine de ces jeunes recrues adolescentes qui, partant au combat se prennent déjà pour des hommes. Je cherche des visages dont la morphologie puisse, avec très peu d’artifices évoluer au cours de leur périple.
Je pense que pour construire, nourrir et affiner mes personnages, il me faut recueillir le maximum de témoignages pour être au plus juste dans l’écriture de ce périple. »
Qutaiba Barhamji
Parrainé par Joana Hadjithomas et Nicolas Slomka
« Après avoir consacré la dernière décennie de ma vie au service des films des autres, je peux aujourd’hui me consacrer entièrement à mes propres projets. L’aide au parcours d’auteur va me permettre de concrétiser mon désir d'écrire et de réaliser un film de fiction sur l’un des personnages les plus énigmatiques de l'histoire syrienne contemporaine. Fort de mon expérience riche dans le cinéma documentaire, j’aspire à aller plus loin en transformant un personnage réel en personnage de fiction. »
Vladimir Léon
Parrainage collectif
« Quatorze frontières et quelques îles est un projet de films(s) pensé comme une cartographie intime et politique de la Russie d’aujourd’hui, en allant border systématiquement chacune de ses frontières extérieures terrestres, et voir ce qui en déborde.
De la Norvège jusqu’au Détroit de Bering, de l’Europe orientale au Caucase, de l’Asie centrale à l’Extrême Orient, les pays, les langues, les visages se reflètent en un kaléidoscope de réalités humaines, géographiques, politiques, infiniment diverses, rencontrées au fil d’un tracé frontalier, si arbitraire, comme la cicatrice de blessures encore souvent ouvertes.
Depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, les récits de famille et un goût de l’épopée soviétique, qui traversent mes films précédents, m’apparaissent absolument inactuels. Je me sens orphelin de la Russie que j’ai filmée. Je veux aller aujourd’hui regarder ces terres comme je ne les ai jamais regardées, depuis les frontières de l’Empire, tantôt barrières, tantôt lieux d’échanges et de passages.
En quatorze pauses filmées, de styles et formats divers, écrites ou improvisées, cerner ce qui se passe « là-bas », derrière ce nouveau rideau de fer, depuis un « ici », plus ou moins accessible.
Filmer d’abord, sans scénario, ni note d’intention, sans présumer d’une forme finale, c’est la liberté que m’offre l’Aide au parcours d’auteur. Et c’est la seule façon - éclatée, hétérogène, se refusant au sens unique - dont j’imagine pouvoir raconter cette histoire au présent, sans fin prévisible, alors même qu’elle bouleverse notre avenir dans des proportions encore sans doute insoupçonnées. »
Emily Barbelin
Marrainée par Lucrèce Andreae
« Après avoir réalisé un court métrage au Portugal et un premier long métrage en autoproduction, "Pour être aimé par qui", la bourse parcours d'auteur va me permettre de me consacrer entièrement au travail d'un nouveau film, Ana.
C'est l'histoire d'Ana, très vieille et très pauvre femme qui n'avait jamais quitté son petit village de pêcheurs au sud de l'Espagne.
La guerre civile lui arrache son mari et ses deux premiers fils et elle sait que le plus jeune est emprisonné à vie dans une prison du Nord.
Après s'être définitivement fâché avec Dieu, elle prend la décision de partir voir son fils. Elle confectionne son gâteau préféré, un vrai gâteau, qu'elle enveloppe dans beaucoup de papiers et qu'elle cache sur son ventre, son seul bagage. En mettant la clé sous la porte elle ordonne dans sa tête un rendez-vous avec la mort une fois le gâteau arrivé dans la prison.
Elle ne sait ni lire ni écrire ni la géographie de son pays mais elle sait qu'elle doit suivre à pied les rails du train.
Elle mettra un an et demi pour arriver à la prison... »
Floriane Devigne
Marrainée par Lucrèce Andreae
« Des changements dans le paysage, des changements dans le cœur m’amènent, à faire une place nouvelle au cinéma de fiction dans mon travail. Cette aide au parcours d’auteur va me permettre de poursuivre le développement de deux idées de films, des récits de longs-métrages, par la mise en place de différents dispositifs d’écriture et de nouvelles collaborations.
L’un - Les hommes endormis - raconte comment une épidémie de sommeil bouleverse la France. Des vagues de sommeil désorganisent une société qui vante le « peu dormir » tout en consommant toutes sortes de produits pour retrouver le sommeil. Dormeurs et dormeuses rêvent intensément et se réveillent après plusieurs jours irrémédiablement différents. Placer la vulnérabilité extrême qu’est le sommeil au cœur d’un récit m’intéresse. « Rêve et sommeil » forment une zone de danger autant qu’un moyen de lutte que j’ai envie d’explorer. Le travail de Charlotte Beradt, une sociologue allemande qui s’est intéressée aux rêves sous le troisième Reich pour voir comment cette idéologie impactait les gens jusque dans leur inconscient m’inspire pour écrire cette histoire drôle et subversive. L’autre projet – gagner sa vie – fait le portrait d’une femme, Violetta, qui tente de continuer à faire de l’audio description de films à l’heure où l’I.A. gagne du terrain. Violetta aime le cinéma et elle ne laissera pas à des robots, ses chefs-d’œuvre qu’elle raconte avec talent à celles et ceux qui ne voient pas ou plus. Mais son métier se fait soudain l’écho insupportable d’une rupture : « tout ce que je ne vois plus et ne verrai plus », c’est ce à quoi elle se cogne au moment de la fin d’un grand amour. Alors elle épuise ce que « voir » et « être aveugle » veulent dire. »
Delphine Deloget
Parrainée par Nicolas Slomka
« Je réalise des films depuis une vingtaine d’années. Des documentaires essentiellement. J’alterne, avec des films produits, pour ou avec la TV - et des films fabriqués hors circuits parfois totalement seule, du tournage au montage. J’ai toujours pris soin que rien de personnel ne transpire de mes travaux, tout a été toujours loin de mon univers, de mon monde. Mes films ont toujours été conditionnés par un milieu hostile, contraint. Mais aujourd’hui c’est à une histoire familiale que je veux me confronter. J’aimerais pouvoir recoller des morceaux de vie de mes grands-parents éparpillés entre la France et l’Europe de l’Est, interroger ma famille ici, renouer avec ceux qui vivent en Pologne. Je voudrais m’accrocher à « ce pas grand-chose » et en tirer les fils. Et puis quand je serai prête, quand je serai arrivée au bout de cette enquête, au bout de la matière, je veux faire appel à un scénariste pour penser une fiction défiant les frontières (comme mes grands-parents) entre le réel et la fiction. »
Benjamin Hoguet
Parrainé par Baye-Dam Cissé
« La création numérique a toujours été mon truc. Depuis 2010 et le début de ma carrière, j’ai créé des œuvres qui utilisent des interfaces, de l’interactivité, des boutons, une connexion internet, des capteurs, des IA… pour raconter des histoires différentes, sur des plateformes différentes. A l'origine, le credo de cet excitant monde créatif était d'aller "à la rencontre de publics délaissés par les médias traditionnels". Mais depuis quelques années, un nouveau leitmotiv a émergé : "créer de nouveaux besoins", de nouveaux modes de consommation via des technologies particulièrement, et parfois inutilement, énergivores.
"Créer des nouveaux besoins" ne correspond pas aux valeurs sociales et environnementales que je souhaite défendre. Alors, je me tourne vers un autre univers créatif - le jeu vidéo - pour retrouver les valeurs originelles de la création numérique : aller vers un public, là où il se trouve, et lui porter un discours différent.
Je souhaite m’appuyer sur les codes très établis du jeu vidéo pour déconstruire des mécaniques pernicieuses de notre monde. En commençant par remettre en cause le mythe de la croissance infinie dans un monde aux ressources finies, grâce à un city builder intitulé Those F***ing Plants! »
Eric Guirado
Parrainé par Abel Danan
« Cette aide me donne la possibilité de me reconnecter à un projet très personnel qui m’a demandé du temps, et va me permettre de m’investir dans l’écriture d’un récit particulièrement intime : l’arrivée d’un enfant alors que la grossesse et l’accouchement ne se déroulent pas du tout comme prévu, l’entrée soudaine dans un parcours opératoire, le regard d’un père sur un enfant qui arrive en lui échappant, et l’impact sur le couple, sur la famille.
J’ai croisé tant d’autres parents qui ont traversé des épreuves terribles, dont la vie s’est dissoute dans la douleur, dans le silence et la pudeur du deuil. C’est également leur histoire souvent cachée que je veux raconter. Cette vie dans l’espoir que son enfant échappe au pire, ou bien, cette survie après la perte d’un enfant.
Dans ma pratique le documentaire a souvent été un outil pour alimenter mes fictions, et inversement, car je suis passionné à la fois par un certain réalisme, par les détails, la poésie inattendue et les belles abstractions qu’offre parfois le réel, que le documentaire sait saisir, et que le lyrisme d’une certaine fiction sait reproduire.
Ainsi grâce à cette aide j’ai aujourd’hui l’heureuse opportunité de prioriser une immersion dans l’univers de ce sujet, et de sanctuariser un temps d’écriture afin de tracer un cheminement d’auteur en toute indépendance, avec l’amplitude d’un projet cinématographique.
Je vais pouvoir sortir du mirage de l’urgence d’écrire, qui n’est parfois qu’un élan superficiel, une réponse à l’angoisse de « faire » à tout prix, et m’accorder le recul et le temps nécessaires pour mettre en forme ce projet avec humanité et délicatesse. »