Aide au parcours d'auteur : résultats de la commission des 28 et 29 mars 2023
Résultats des commissions
29 mars 2023
Christophe Galati
Parrainé par Bastien Dubois
« Je suis un auteur de jeux vidéo indépendant. Mes projets s’inscrivent dans une démarche d’hommage aux ères classiques du jeu vidéo qui m'ont aidé dans des périodes sombres de ma vie. J'utilise leurs codes et esthétiques pour raconter des histoires plus modernes et personnelles (touchant à la culture queer, les traumatismes, etc.). L'idée est de créer des sortes de chrono capsules inversées, des jeux qui auraient été modernes s’ils étaient sortis à l'époque dont ils s'inspirent, proposant une grande aventure avec des personnages qui, je l'espère, inspireront mes joueurs comme j'ai pu être inspiré.
Après un premier succès avec Save me Mr Tako qui m'a ouvert les portes du milieu professionnel, j'ai eu la chance de pouvoir commencer mon nouveau projet, Tako no Himitsu, en résidence artistique à la Villa Kujoyama. J'ai pu y défendre la place du jeu vidéo en tant qu'art et prendre confiance en ma vision. Je suis aujourd'hui à une croisée des chemins, où l'aide parcours d'auteur va me donner les moyens pour continuer à évoluer et me structurer pour me faire une place stable dans cette industrie, d'avancer sur des projets de plus en plus ambitieux et continuer à transmettre mes messages malgré l'adversité. »
Adriano Valerio
Marrainé par Fanny Burdino
« Après des années de recherche uniquement focalisée sur le cinéma de fiction, le tournage de mon film documentaire Casablanca a eu un impact proéminent sur moi. J’ai ressenti l’opportunité de construire un récit puissant qui se structure naturellement à partir de la vie réelle et qui peut trouver une forme saisissante sans la lourdeur de préparation et d’exécution du cinéma de fiction. Et un plaisir nouveau et profond dans la responsabilité de porter à l’écran ces émotions du réel et de la vérité intime. J’ai depuis constaté un changement de perspective, une envie flagrante de creuser de plus en plus dans le langage documentaire. »
Nadège Trebal
Parrainée par Laurent Bazin
« Jusqu’ici, en documentaire comme en fiction, j’ai compté sur les autres pour me raconter mon histoire. Histoires d’exil, de départs, d’évaporation. Dernièrement, deux nouveaux projets m’ont permis de questionner cette capacité d’éclipse, cet écart qu’il y a, entre mes films et moi. Deux documentaires, à des années-lumière l’un de l’autre, mais qui pourraient former diptyque. Quelque chose dans chacun, de l’ordre de transports effectifs et affectifs. D’un côté, le fret et la manutention de la marchandise à travers le paysage européen, survolé depuis l’habitacle d’un camion. De l’autre, la mémoire comme navette aveugle, vaisseau-fantôme qui sourde à travers les plis et les pans de l’histoire, dans le désordre d’une maison. Deux variations, deux mouvements. L’un avec des routiers, l’autre avec ma mère. Repérages de part et d’autre de la Méditerranée, recherches historiques, généalogiques, procès-verbaux, numérisation d’images anciennes, images encore à faire, demandes d’autorisation de tournage, prises de contact, rencontres, objets perdus, retrouvailles. L’aide au parcours d’auteur va me permettre de mener à bien, jusqu’au bout de ce dédale, la mise à jour d’une matière multiple, encore à venir, ou ensevelie, que j’aurai ensuite à décanter, à ordonner, pour préciser la somme et l’intention des films que je désire en donner. »
Anne Villacèque
Marrainée par Agnès de Sacy
« L’aide au parcours d’auteur va me permettre de consacrer tout mon temps à deux projets au long cours, opposés par leur économie et leur méthode, mais intimement reliés.
Le premier est un long métrage de fiction autour de la rencontre entre deux filles de 18 ans en 1981, quelques semaines après l’élection de François Mitterrand, et leurs destins croisés pendant 40 ans. « Roman filmé » sur l’amitié et l’ambition au féminin, ce projet assume ce que je m’étais jusqu’alors toujours refusée dans mon travail : faire fond sur ma mémoire et mon histoire personnelle, me construire moi-même comme personnage d’un grand récit.
Le second est un documentaire construit au jour le jour, seule, et sans phase d’écriture préalable, avec comme seul outil mon téléphone portable. Depuis 6 mois, j’accompagne et je filme une femme de 52 ans dans le cadre de la clinique psychiatrique où elle est soignée. Cécile a perdu la mémoire et le contrôle de son corps, mais personne ne sait pourquoi. Ensemble, nous tentons de lui redessiner une ligne de vie au moment où tout lui parait brisé, fragmenté. Et nous construisons une relation inattendue où s’entrelacent le désir de fiction, le soin et l’amitié. »
Wally Fall
Marrainé par Nora Philippe
« Après une dizaine d’années passées d’abord à défricher mon champ cinématographique puis à y planter mes premiers courts métrage et documentaires, c’est surtout en programmant des films au cours des six dernières années que j’ai commencé à comprendre vraiment ce qui m’avait amené ici au départ.
Le premier projet est un long métrage de fiction dont la durée a pris du temps à s’imposer à moi. J’ai besoin de temps pour dégrossir le deuxième personnage central de mon histoire et pour trouver la forme narrative du film qui mêlera sans doute des parties très réalistes à des séquences oniriques que j’aimerais au contraire, hors du temps.
Le deuxième projet est une création croisée de documentaire expérimental et d’installation sur le thème du Sacré dans un contexte bien particulier. Au-delà de la thématique elle-même qui nécessitera que je trouve la bonne porte d’entrée et le bon angle, c’est un projet dont l’écriture transversale va nécessiter des allers-retours, constants et souvent physiques entre le réel, la mémoire orale, les archives, les autres intervenants et le projet à l’écrit. L’aide me permettra de créer du temps et de l’espace pour approfondir mes recherches en plaçant ces deux projets dans leur temporalité respective. »
Maxime Martinot
Parrainage collectif
« L’Aide au Parcours d’auteur m’accompagne à un moment où le travail d’écriture d’un cinéma narratif d’un côté, et le travail d’expérimentation documentaire de l’autre, que je menais jusqu’alors en parallèle, se rejoignent dans plusieurs projets à venir. Dans Avenida Machado Santos notamment : le projet de film est une enquête cartographique se déroulant au Portugal. Sur le plan officiel de Lisbonne figure une avenue qui n’existe pas. Là où elle devrait passer, s’étend une grande friche vallonnée, séparant quartiers touristiques et quartiers populaires. La protagoniste Mariana cherche son chemin, tente de percer le mystère en demandant aux passants où se trouverait l’avenue. La quête de repères devient une enquête sur cette “avenue de papier”, sur le passé et le présent d’un quartier, et sans doute son futur. Contre le mensonge et le silence de la carte, les habitant·e·s sont invité·e·s à raconter leurs histoires, leurs craintes et leurs souhaits, en dessinant et commentant leurs propres cartes du quartier, chaque jour plus menacé par la spéculation immobilière. »
Pascale Breton
Marrainée par Nora Philippe
« Je ne sais pas quand ni comment est née mon obsession pour le point de vue du nourrisson : vraiment son point de vue personnel, sa perception du temps et de l’espace, du son et de l’être, à distance des attendrissements suscités par notre vision d’adultes sur le poupon forcément adorable.
Ce n’était qu’une interrogation, nourrie par la lecture du psychanalyste anglais Donald Winnicott et par des enquêtes familiales sur mes propres deux premières années qui coïncident avec la fin de la Guerre d’Algérie. C’est petit à petit devenu l’ébauche d’un film, un film plus complexe et plus composite que les autres, pour lequel je me réjouis d’avoir obtenu l’Aide au Parcours d’Auteur. Il fallait un contexte spécial pour avancer cette mosaïque au dessin changeant mais au pressentiment tenace : dans la caverne de l’amnésie infantile couvait non seulement un film mais aussi la possibilité du cinéma. »
Céline Rouzet
Parrainée par Bastien Dubois
« Nuits blanches, c’est encore un défi de taille. A l’heure où mon film documentaire vient de sortir et où se termine la fabrication de mon premier lm de fiction, je réfléchis à ce prochain projet : le meilleur moyen de le réaliser, sa viabilité, le temps qu’il me faudra. Il s’agira d’être malin et inventif pour ce tournage : coupler du huis clos avec peut-être un environnement naturel proche de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Car impossible de réaliser le film là-bas : trop dangereux, trop loin, trop cher. J’aime les histoires politiques qui parlent du réel tout en le romançant. Pour ce projet, je veux continuer d’injecter du romantisme et de la tension, de la tendresse et de la violence, une certaine noirceur parsemée d’éclats de lumière comme c’était le cas dans mes précédents films. Je veux filmer ce qui m’obsède depuis toujours : un monde conventionnel qui se fissure, des personnages qui dévient et dérangent, le malaise qui en découle.
Je réfléchis donc à créer un trouble en termes d’espace-temps comme je l’ai fait sur ma précédente fiction : situer l’histoire dans un lieu indéfini, imaginaire, mais qui ferait fortement écho à la réalité de notre monde. »
Christophe Cognet
Marrainé par Fanny Burdino
« Après avoir passé 20 ans à rechercher et à travailler les images clandestines des camps nazis – soit une médiation en quatre films, un livre et plusieurs articles –, et au moment de la sortie en salles de mon dernier film, À pas aveugles, sur et avec les photographies prises en secret dans ces camps, l’obtention de la bourse « Parcours auteur » me permet d’infléchir ce chemin et d’en travailler la matière sur d’autres établis : non pas d’opérer une rupture donc – c’est impossible – mais de prendre le temps d’une triple bifurcation.
Il s’agira d’écrire un film de fiction à partir du « tourisme noir » qui consiste en la visite de lieux de drames, comme les mémoriaux, les sites de Tchernobyl, de Fukushima ou du tremblement de terre du Wenchuan en Chine. Une jonction est à l’œuvre entre le divertissement et la souffrance humaine, le désastre – elle est vertigineuse.
Dans un deuxième projet nous ausculterons, avec le reporter de guerre Kamal Redouani, les rushes inédits qu’il a pu récupérer émanant de groupes terroristes du Moyen-Orient. Pour tenter d’en déjouer toute forme de fascination, nous trouverons des dispositifs de mise en scène pour les garder à distance et ne jamais vraiment les montrer – c’est une gageure. Nous y raconterons la quête de Kamal qui cherchera à opérer des « contacts » entre ses souvenirs traumatiques et ces images, pour tenter de trouver une forme de résilience.
Le troisième consiste en la double écriture d’un roman et d’un scénario à partir du même motif de départ, celui d’une enquête menée au présent dans ma ville d’enfance sur les traces d’un camarade, écrivain en herbe, doué, qui s’est donné la mort dans les années 90. C’est un projet plus tendre et plus ironique aussi, avec en point de mire cette question : comment nos imaginaires ont-ils pu se transformer à ce point en 30 ans ? »
Nine Antico
Parrainée par Antonin Peretjatko
« Le Fond Vert est un film sur un non-voyage à Venise, qui doit rendre compte du fantasme que l'on se fait d'une ville, de ce que l'on en attend. J'ai envie de jouer avec l'imaginaire que nous renvoie sa mythologie, et son personnage culte, Casanova.
La bourse va me permettre d'aller vers une forme plus expérimentale que mes projets de fiction, et d'explorer en audiovisuel de la même façon que je me l'autorise en bande dessinée. Cette recherche à la durée indéterminée, me permettra aussi de tester des modalités du rapport son/image pour mettre le mieux possible en valeur le caractère fantasmatique de ce film.
De la même façon que je suis entrée dans la bande dessinée par la porte du fanzine, j'aimerais aller vers une fabrication artisanale, bizarre, en essayant d'être autonome le plus longtemps possible. »
Anton Bialas
Parrainé par Nicolas Klotz
« Ne partant pas d’une forme d’écriture scénaristique traditionnelle pour laquelle j’ai eu jusqu’ici moins de désir, mon élaboration d’un film demande à être constamment nourrie par la fabrication concrète d’images et de photographies. Je dois m’imprégner intensément des lieux, des visages, des ambiances traversées, et expérimenter un grand nombre de situations à partir de ces rencontres avant de les faire naître et de les agencer à l’écrit.
Je souhaite que ce « passage » au long-métrage résonne à la fois comme un prolongement de mes obsessions et comme un nouveau commencement. Un désir plus fort de fiction, de personnages et de parole qui opposera d’abord un Paris contemporain ultra libéral et normalisé au romantisme transgressif de Bernardino Femminielli, puis les profondeurs du Moyen Âge à la poésie de François Villon.
L’aide au parcours d'auteur serait un soutien extrêmement précieux pour accompagner ce dyptique. Elle me permettrait à la fois de me plonger dans cette nouvelle forme d’écriture en m’entourant de nouveaux collaborateurs, et de rendre le temps de la rencontre et de l’expérience physique et visuelle, nécessaire à ma démarche, vivable et vivante. »
Cristèle Alves Meira
Marrainée par Agnès de Sacy
« Comment écrire un film de fiction à partir de la matière biographique de la vie d’une femme qui a réellement existé mais que je n’ai pas connu ?
À la lisière entre l’enquête documentaire et le film romanesque, le parcours d’auteurs me permettra d’engager un travail de recherche au long cours qui mêlera la récolte d’archives familiales et de témoignages à l’écriture d’un scénario.
Un biopic qui parcourrait différentes époques de la vraie vie d’une femme méconnue du grand public, dans lequel on entrerait d’abord comme dans un film documentaire d’archives familiales sur son adolescence au Portugal pour glisser ensuite dans la fiction avec sa vie d’adulte en France. »
Bijan Anquetil
Parrainé par Nicolas Klotz
« Jusqu’ici, j’ai travaillé souvent seul ou en (très) petite équipe. Des films courts, inscrits dans le temps long. Autant de portraits de personnages dont j’ai suivi le chemin. Aujourd’hui, je sollicite cette aide au parcours pour m’aventurer dans deux projets de long métrage. Le premier, une fiction, s’inspirera librement de l’histoire d’hommes et des femmes ayant, au début du XXème siècle, fondé une colonie au cœur de la forêt des Ardennes avec pour objectif d’essayer de mettre en pratiques les théories anarchistes. Le second, un documentaire, sera l’exploration d’une plaine délaissée, un territoire à l’aube d’une profonde transformation aux confins de la métropole parisienne. Ces films ne sont pas écrits. Ils exigent ce temps de recherche, cette disponibilité sans quoi rien n’est possible. C’est un endroit de notre travail pour lequel nous sommes rarement accompagnés. A côté de ce travail solitaire, l'aide au parcours me donnera du champ, du temps pour chercher les compagnons (personnage, scénariste, producteur...) avec qui constituer ce jeu de regards qui rend le cinéma possible. »
Alexander Abaturov
Parrainé par Laurent Bazin
« En passant a? la fiction, il ne s’agit pas pour moi de rompre avec mon expérience passée de documentariste - au contraire, ces deux pratiques se nourrissent mutuellement. Dans mes films documentaires, je n’ai cessé? de chercher et de révéler la part de fantastique qui se trouve dans le réel. Aujourd’hui, j’aimerais nourrir un univers imaginaire par la force de détails réalistes, de personnages plus vrais que nature. Dans cette nouvelle étape, il me tarde de rencontrer de prochains collaborateurs - producteurs, scénaristes, acteurs, directeurs artistiques - réunir les “enfants du désastre” pour créer ensemble des nouveaux univers. Et les fragments ne feront qu’un. »
Marjolaine Grappe
Marrainée par Clémence Lebatteux
« Je travaille actuellement sur deux projets très différents, dont les avancées et les approches sont diverses. La Bataille de l'a?me se veut une plongée intime dans le monde virtuel — mais très réel — de la guerre technologique. Je souhaite, a? travers ce projet de documentaire pour le cinéma m’e?loigner du grand reportage et de l’investigation pour explorer la re?alite? par le cine?ma-ve?rite?. Le documentaire entend explorer la mythologie militaire ame?ricaine et son nouveau mantra pour recruter : celui d’une guerre toujours mene?e au nom de la liberte? mais se?curise?e, ludique, a? distance. J’aimerais notamment collaborer avec le monde du jeux vide?o pour re?fle?chir a? la meilleure fac?on de faire entrer le spectateur dans l'expe?rience de jeu immersive.
Je suis aussi au de?but de mes recherches pour re?aliser un documentaire de cre?ation sur ma famille. Je souhaite m’appuyer sur des archives familiales et le fond d’archives MIRA (Me?moire des Images Re?anime?es d’Alsace), composé de milliers d’heures d’archives réalisées par des amateurs, pour retrouver la me?moire, sur grand e?cran et avec l’aide de tous ces anonymes, des lendemains de la Seconde Guerre Mondiale. J'aimerais faire un film sur la narration, sur la me?moire et l'imagination. Un film explorant la fabrication de la re?e?criture de l'Histoire. Un film historique qui s'emballerait pour devenir thriller psychologique. Ou? le spectateur devra continuellement re?e?valuer la ve?rite? changeante dans l'histoire. Et qui provoquerait un de?bat sur les motivations de ses personnages. Ce projet me bouscule, m’oblige a? sortir de ma zone de confort, d’autant plus que je n'ai jamais re?alise? de film en France. Tout jusqu'a? pre?sent m'avait pre?pare?e a? raconter l'e?tranger, et a? faire de cette distance une force. Alors que je m'appre?te pour la premie?re fois a? diriger mon regard sur ce dont je viens, dans une proximite? qui m'est e?trange?re, dans une forme que je veux diffe?rente, l’Aide au Parcours d’Auteur et l’accompagnement de ma marraine Clémence va me permettre d'imaginer de nouvelles modalite?s de cre?ation et de m’engager vers de nouveaux artistiques. »