Août 1988. Alors que les Français profitent des vacances estivales, plusieurs films arrivent à l'affiche des cinémas de l'hexagone. Trente ans plus tard, certaines œuvres régalent encore les cinéphiles qui peuvent les découvrir, ou redécouvrir, grâce à la Vidéo à la Demande. Voici d'ailleurs une sélection de 5 longs métrages français, qui fêtent leurs 30 ans en ce mois d'août 2018, disponibles dans l'offre légale de VàD.
Quelques jours avec moi de Claude Sautet
C'est le 24 août 1988 que Quelques jours avec moi sort dans les salles obscures françaises. Pour ce qui sera l'un de ses derniers films – il n'a réalisé que deux autres longs métrages ensuite, Un cœur en hiver (1991) et Nelly et monsieur Arnaud (1995) -, Claude Sautet rassemble devant sa caméra Sandrine Bonnaire, Vincent Lindon, Danielle Darrieux ainsi que Daniel Auteuil, Jean-Pierre Marielle et Dominique Lavanant qui se retrouvent d'ailleurs nommés, respectivement, pour les César 1989 du meilleur rôle masculin, du meilleur second rôle masculin et féminin. Mettant une nouvelle génération d'acteurs à l'honneur, Claude Sautet dresse avec justesse le portrait de la bourgeoisie, qu'elle soit de province ou de Paris.
Adapté d'un roman écrit par le journaliste et auteur Jean-François Josselin, Quelques jours avec moi raconte l'histoire de Martial. Après une cure de repos, sa famille, propriétaire d'une grande chaîne de magasins, l'envoie à Limoges, contrôler la gestion de la succursale du groupe. Son arrivée bouleverse aussi bien les gérants de ce magasin que Francine, leur bonne, à qui Martial propose de passer quelques jours avec lui. Entouré de nouveaux scénaristes (Jacques Fieschi et Jérôme Tonnerre), Claude Sautet trouve, avec ce film mêlant farce et gravité, un nouveau souffle après l'échec de Garçon !
Bonjour l'angoisse de Pierre Tchernia
Après Le Viager en 1971, Les Gaspards (1973) et La Gueule de l'autre (1979), Pierre Tchernia retrouve Michel Serrault pour Bonjour l'angoisse. «Dans sa génération, Michel est tout de même l'un des meilleurs comédiens, l'homme qui peut jouer aussi bien Garde à vue que La Cage aux folles. C'est mon ami, il a mon âge, nous avons une jeunesse à peu près similaire. Il est le comédien que j'aurais aimé être, si j'avais la chance d'être comédien », expliquait le réalisateur en 1988 dans le JT d'Antenne 2. Dans cette comédie sortie le 17 août 1988, Michel Serrault incarne Michaud, le timide mais néanmoins efficace employé d'une entreprise de protection contre le vol. Souffre-douleur de son patron, il est menacé de licenciement après un braquage commis dans une banque équipée d'un système de sécurité dont il a la charge. Pour reprendre sa place et retrouver son honneur, Michaud se lance dans une difficile enquête pour découvrir les responsables de ce vol.
Portée également par Pierre Arditi, Guy Marchand, Geneviève Fontanel et Jean-Pierre Bacri, cette comédie policière aux dialogues savoureux a été écrite par son réalisateur, Pierre Tchernia, accompagné du dessinateur Marcel Gottlieb. «C'est un ami depuis longtemps. C'est un ami de René Goscinny avec qui j'ai beaucoup travaillé. Il est venu en tant que timide m'apporter sa contribution de conseiller technique. Il a apporté dans le film beaucoup d'éléments très intéressants », confiait d'ailleurs Pierre Tchernia en 1988 sur le plateau de Spécial Cinéma, une émission de RTS (Radio Télévision Suisse).
Un long métrage qui a bénéficié, en 2015, de l’aide du CNC à la numérisation des œuvres cinématographiques du patrimoine
Encore (Once More) de Paul Vecchiali
Treizième film de Paul Vecchiali, Encore (Once More) est sorti en France le 31 août 1988. Rassemblant Jean-Louis Rolland, Florence Giorgetti, Pascale Rocard et Nicolas Silberg, il a été produit par Diagonale et La Sept Cinéma. Ecrit par Paul Vecchiali, ce drame raconte l'histoire de Louis, employé dans une entreprise. Marié à Sybèle, qui lui a donné une fille Anne-Marie, il se rend compte, grâce à Yvan, un personnage fascinant, qu'il est attiré par les hommes. C'est chez ce dernier qu'il rencontre Frantz, un homosexuel et grand séducteur. Un homme dont il tombe follement amoureux.
Encore (Once More) est composé d'une dizaine de longs plan-séquences qui suivent Louis pendant dix ans, de son divorce à sa maladie (le SIDA). Difficile mais bouleversante, cette œuvre du réalisateur met en lumière les années SIDA à travers cette histoire d'amour. Comme il le confiait en 2011 à Télérama, Paul Vecchiali considérait Encore (Once More) comme « son film le plus abouti ». « J'ai entendu la phrase de Pasqua : 'Le sida est un châtiment divin pour les homosexuels' (une phrase que le journaliste, ayant interviewé le réalisateur, n'a pas réussi à authentifier ndlr). J'ai sauté en l'air et j'ai immédiatement écrit Once More dans lequel il est dit que le sida est un virus, et des milliers d'autres virus attendent patiemment dans l'ombre que celui-ci passe de mode », a également expliqué Paul Vecchiali, en 2016, au média LGBT Yagg.
La Travestie d'Yves Boisset
Sorti le 3 août 1988, La Travestie est le pénultième film d'Yves Boisset. Le réalisateur de Saut de l'ange et Bleu comme l'enfer adapte là un roman d'Alain Rauger. Dans cette comédie dramatique, Zabou Breitman incarne Nicole Armingault, une femme qui décide de faire croire à ses trois amants qu'elle est enceinte. Après un « faux avortement », elle quitte sa province pour rejoindre Paris et vivre pleinement son désir le plus profond : devenir une travestie. Produit par Sara Films, le film La Travestie est passé relativement inaperçu au moment de sa sortie malgré un thème fort et une belle prestation de Zabou Breitman.
A gauche en sortant de l'ascenseur d'Edouard Molinaro
Comédie écrite par Gérard Lauzier (d'après sa pièce L'Amuse-gueule) et sortie le 31 août 1988, le film A gauche en sortant de l'ascenseur réuni, devant la caméra d'Edouard Molinaro, Pierre Richard, Emmanuelle Béart, Richard Bohringer et Fanny Cottençon. Produit par Orly Films, Fidéline Films et Renn Productions, ce vaudeville suit les aventures de Yan, un peintre à la mode, amoureux d'une femme mariée. Une histoire qu'il a bien du mal à vivre avec discrétion, la faute à ses voisins de palier qui n'arrêtent pas de les perturber. « On m'a collé une étiquette de réalisateur de policiers, sous prétexte que j'en ai fait un ou deux au début. Et ça m'a un peu poursuivi. On ne me propose que des policiers. En réalité, mon grand désir, c'est de faire des comédies car c'est ce qui correspond le plus à mon tempérament profond (…) Il faut de bon scénarios et de très bons scénaristes et ça ne se trouve pas facilement », confiait le réalisateur en 1962, dans un entretien accordé à Monique Berger sur France Inter.