C'est ça l'amour, portrait d’un père de famille en plein deuil de son mariage et dépassé par ses obligations paternelles, est le grand vainqueur des Arcs Film Festival, avec trois prix - dont la prestigieuse Flèche de Cristal. C'est aussi un peu ça l'amour ?
Peut-être un peu oui... En rencontrant les membres du jury après la cérémonie, j’ai senti qu’ils s’étaient vraiment attachés à l’histoire mais surtout aux personnages du film. Ils en parlaient avec beaucoup d’émotion. Comme s’ils parlaient des membres de leurs propres familles.
Ces prix arrivent à point nommé, quelques semaines avant la sortie du film en salles, le 27 mars. Pouvait-on rêver meilleure rampe de lancement ?C’est un formidable soutien au film. Le festival des Arcs m’a vraiment gâtée !
Lors de ce Festival, vous avez également reçu le Prix Femme de Cinéma Sisley. Que représente-t-il pour vous ?Une responsabilité... Et la possibilité de participer d’une façon symbolique à la lutte pour l’égalité des droits.
Avez-vous envie de vous inscrire dans le combat de la parité au cinéma, défendu par quelques-unes de vos collègues, Céline Sciamma ou Rebecca Zlotowski par exemple ?Je n’ai pas la fibre activiste, mon engagement est dans mes films. Mais je respecte le combat de mes collègues qui me semble important. Il est normal pour moi de soutenir une cause qui est juste, et j’ai signé l’appel des 50/50 20/20. Je crois à l’idée qu’il faille féminiser la profession, mais aussi au fait que nous ayons besoin de plus de diversité dans nos rangs.
L'ironie est que C'est ça l'amour est le portrait d'un homme, certes très “féminin”, sensible et fragile, loin tout de même de vos personnages de femmes battantes antérieures..Je ne voulais pas, sous prétexte que je suis une femme, me limiter à ne faire que des films dont le personnage principal serait une femme en quête d’émancipation. Les hommes cinéastes portent depuis longtemps un regard sur le féminin. Il me semble intéressant que les femmes portent elles aussi un regard sur le masculin.
Ses deux filles incarnent néanmoins une sorte de relève liée à la quête d'émancipation féminine. Elles sont volontaires, autoritaires parfois, libres et ont déjà la parité chevillée dans leur ADN.Comme beaucoup de femmes des jeunes générations ! Si les filles sont libres et fortes dans mon film, c’est aussi parce que leur père et leur mère les ont élevées comme ça. C’est ce que j’ai moi-même connu. Mes parents, en rupture avec leur propre éducation, m’ont transmis les valeurs du féminisme. Ce qui m’a permis de me sentir autorisée à faire du cinéma par exemple...
Votre prochain film tournera-t-il à nouveau autour de la condition féminine ?En l’occurrence, celui-ci tourne pour moi autant autour de la condition masculine que féminine. Je ne cherche pas particulièrement à faire des films « militants », néanmoins j’essaye de ne pas renforcer les clichés de genre. Et ce qui m’importe c’est plus l’histoire que le sexe de mes personnages.