Découvrez "Lorraine ne sait pas chanter" d’Anna Marmiesse

Découvrez "Lorraine ne sait pas chanter" d’Anna Marmiesse

26 novembre 2020
Cinéma
Lorraine ne sait pas chanter d’Anna Marmiesse
"Lorraine ne sait pas chanter" d’Anna Marmiesse
Lorraine a un problème de taille. Elle, qui vit dans un monde de comédie musicale, souffre du fait de ne pas savoir chanter. Ce qui n’est pas sans conséquences sur sa relation amoureuse. Dans ce court métrage produit par Les Films du clan, Anna Marmiesse revisite les codes de la comédie musicale dans une ambiance mêlant pop, jazz ou encore swing. Retour sur la musique du film avec son compositeur Matthieu Truffinet. Le film est disponible 48h sur notre site.

LORRAINE NE SAIT PAS CHANTER de Anna Marmiesse from Les films du clan on Vimeo.

 

La genèse

« Lorraine ne sait pas chanter est le premier court métrage d’Anna Marmiesse. Je lui ai dit que composer la musique m’intéressait et elle m’a demandé de lui faire des propositions qui lui ont plu. J’ai pu m’appuyer sur une partie du scénario pour commencer à composer. Il y avait ainsi un synopsis général, quelques scènes écrites et dialoguées, des numéros musicaux définis ainsi que les paroles de la chanson Ma Lorraine. Anna avait également déjà prévu un numéro de claquettes et la chanson de rap de la fin. Il y a eu quelques évolutions par la suite : des numéros musicaux ont été rajoutés et d’autres précisés, mais elle avait dès le départ une idée précise de ce qu’elle voulait. Ses indications me laissaient malgré tout une marge d’invention. Exemple avec Ma Lorraine. Elle voulait une balade pop, ce qui me permettait quand même d’avoir une certaine liberté. Elle a imaginé une méta-comédie musicale, un court métrage qui reprend la dialectique de ce genre de films et qui plonge dans un monde où tout est musical. Les personnes s’expriment ainsi avec les différentes musiques qu’elles aiment. »

Dans un monde comme celui d’aujourd’hui, tout le monde a accès à beaucoup de genres différents. Il fallait donc que le film montre cette diversité-là. Anna voulait ainsi des moments hip-hop, d’autres plus jazzy ou à l’ambiance latine.

Un numéro mêlant jazz, pop et hip-hop

« Le travelling présent à la fin est le moment musical le plus long de Lorraine ne sait pas chanter. Nous avions envie, pour cette séquence, de mélanger tous les styles évoqués au cours du film pour faire des rappels et créer, avec ces différents univers sonores, une homogénéité. J’aimais cette idée de faire circuler des éléments d’un morceau à un autre. Nous avons ainsi créé des liens musicaux et instrumentaux avec les autres morceaux du film. L’idée était également d’avoir un va-et-vient entre des éléments extradiégétiques [des éléments sonores rajoutés ensuite et qui ne viennent pas de la séquence, NLDR] et diégétiques [dont le son vient du plan en lui-même, NDLR] tels que le guitariste croisé dans la rue, les jeunes qui font du breakdance ou encore la femme qui demande l’heure à Lorraine. On entend tous ces éléments qui se fondent ensuite dans la musique pour en faire, avec un minutage précis, un monde musical un peu fantasmé. Pour ce court métrage, j’ai ainsi écrit des petites bribes de mélodies, parfois pour des phrases complètement banales comme une commande de café noir dans un bistrot. Lors du tournage, il a fallu trouver le dispositif permettant d’avoir ces phrases, prononcées en direct, qui devaient s’intégrer parfaitement dans la musique. Le minutage devait donc être très précis. »

La scène des claquettes, un hommage au swing

« Ce numéro de claquettes, sur une musique jazz swing traditionnelle, fait référence à la grande époque de cette musique, soit la période avant la Seconde Guerre mondiale. Je me suis malgré tout beaucoup inspiré de Count Basie, un artiste issu de cette grande tradition du swing des années 1920 et 1930 mais qui a fait une grosse partie de sa carrière dans les années 1950. Anna m’a également envoyé, pour m’aider à composer cette musique, des vidéos de claquettes qu’elle aimait beaucoup. J’ai ainsi puisé mon inspiration dans un impressionnant numéro des Nicholas Brothers, des virtuoses des claquettes, dans lequel ils accompagnent Cab Calloway à la télévision. »

Entre Jacques Demy et Broadway

« La culture cinématographique d’Anna Marmiesse est plus développée que la mienne. Les films de Jacques Demy - que je connaissais peu - l’ont beaucoup inspirée tout comme les comédies musicales de Broadway. J’avais en tête de mon côté quelques musiques de Michel Legrand (https://www.cnc.fr/cinema/actualites/disparition-de-michel-legrand-compositeur--aux-trois-oscars_924584) mais j’ai avant tout trouvé mon inspiration dans les productions musicales de Broadway. J’étudie en effet le jazz, un style musical beaucoup repris à Broadway où sont souvent réinterprétés des standards populaires des années 1930, 1940 et 1950. J’apprécie également les comédies musicales de Christophe Honoré avec les musiques d’Alex Beaupain ; des films plus légers, pop et spontanés qui s’accordent davantage avec les situations quotidiennes. »