Volutes de fumée, femmes fatales, engrenages machiavéliques... Vous l'aurez compris, le film noir envahit les écrans de la Cinémathèque française. Du 27 avril au 11 mai, l'institution parisienne projette une sélection de 20 classiques américains du genre, dont la dénomination naît de la plume du critique français Nino Frank dans les colonnes de L'Écran français, en 1946. Communément considéré comme le premier film noir, Le Faucon Maltais (1941) de John Huston sera diffusé aux côtés d'autres longs métrages fondateurs du mouvement, à l'instar de Laura (1944) d'Otto Preminger et Assurance sur la mort (1943) de Billy Wilder. Même s'il s'attarde sur les deux décennies dorées des « forties » et « fifties », ce corpus s'intéresse aussi aux origines du genre, en diffusant notamment L'Ennemi Public (1931) de William A. Wellman. Bernard Benoliel, critique de cinéma et directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque, viendra présenter ce chef d'œuvre d'irrévérence où James Cagney campe le rôle d'un gangster lunatique et abject derrière ses traits enfantins. C'est, par ailleurs, un film antérieur au concept de « film noir », Les Nuits de Chicago (1927) de Josef von Sternberg, qui fera l'ouverture de ce cycle avec un accompagnement musical de Nicolas Giraud et Gabriel Cazes.
Le directeur de la Cinémathèque française, Frédéric Bonnaud, présentera La Grande Évasion (1940) de Raoul Walsh le 29 avril prochain - un film avec Humphrey Bogart et Ida Lupino qui transpose le film noir des sombres ruelles de la ville aux grands espaces du western. Au sein de cette riche sélection, on n'omettra pas Les Tueurs (1946) de Robert Siodmak, Le Port de la drogue (1953) de Samuel Fuller, ou encore La Griffe du passé (1946) du cinéaste franco-américain Jacques Tourneur. Robert Mitchum y interprète un ex détective privé devenu pompiste qui voit ses anciens démons ressurgir lorsqu'un ancien client perturbe le calme de sa nouvelle existence. Cette rétrospective sera aussi l'occasion de revoir le dernier film hollywoodien de Jules Dassin, Les Forbans de la nuit (1949), dans lequel Richard Widmark se glisse dans la peau d'un organisateur de combats de lutte gréco-romaine pourchassé par la mafia.